Accueil EconomieAfrique L’économie spatiale africaine | Un marché de 22 milliards de dollars d’ici 2026

L’économie spatiale africaine | Un marché de 22 milliards de dollars d’ici 2026

Une chronique de Lauras Anagonou, Banquier d’Affaires à Wall Street (Etats-Unis).

Par panorama papers
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Par Joël Onana

Sur le continent africain, où le regard se perd dans l’immensité d’un ciel étoilé, réside un trésor à découvrir: le potentiel spatial. L’industrie spatiale africaine émerge avec audace et détermination, traçant sa route à travers l’univers infini des galaxies. D’après le Rapport Annuel de l’entreprise de conseil Space in Africa sur l’Industrie Spatiale Africaine pour 2023, la valeur de cette industrie était de 19,49 milliards Usd en 2021.[1]  Les projections prévoient une croissance de 16%, portant la valeur à 22,64 milliards USD d’ici 2026.[2]  L’émergence de l’industrie spatiale africaine promet d’offrir de nouvelles opportunités à l’ensemble des populations africaines, en améliorant leur qualité de vie et en contribuant à la prospérité économique du continent.

Comptant à son actif 56 satellites lancés par 17 Etats africains et 19.000 travailleurs de l’industrie spatiale, dont 11.000 sont des fonctionnaires gouvernementaux, l’industrie spatiale africaine affiche une dynamique encourageante.[3] Selon l’Ong Space Generation Advisory Council, neuf satellites ont été conçus, fabriqués et assemblés en Afrique. L’agence spatiale du Nigeria, la National Space Research and Development Agency (Nasrda), a lancé à elle seule six satellites dans l’espace depuis 2003.[4] L’Égypte, le premier pays africain à avoir lancé un satellite, en a envoyé onze dans l’espace. L’Afrique du Sud détient un nombre encore plus élevé de satellites lancés – treize au total – ce qui en fait le leader du continent dans ce domaine. Son premier satellite artificiel, Sunsat, lancé en 1999, a connu une interruption de communication trois ans après sa mise en orbite.

Dix-sept nations africaines ont déjà investi plus de 4,71 milliards de dollars dans 58 projets de satellites, et prévoient de développer 105 satellites au cours des trois prochaines années. En outre, plus de 300 entreprises spatiales ont émergé sur le continent.[5] Cette expansion offre des perspectives prometteuses pour l’innovation et la création d’emplois additionnels. De surcroît, cet essor inspire la prochaine génération de scientifiques, d’ingénieurs, et d’entrepreneurs africains. Pour aller plus loin, investir dans les technologies d’observation de la Terre pourrait générer un effet multiplicateur en termes de revenus pour les gouvernements et les entreprises, tout en contribuant à résoudre les défis sociaux les plus pressants.

Les satellites peuvent jouer un rôle sécuritaire en surveillant la pêche côtière et le mouvement des extrémistes violents dans le Sahel. Dans le domaine des télécommunications, les technologies satellitaires peuvent offrir une large couverture.

Les satellites apportent une valeur ajoutée indéniable par rapport aux antennes de télécommunications traditionnelles. Ils assurent une continuité de service dans les zones où les réseaux terrestres sont limités. De plus, ils optimisent les performances des systèmes en redirigeant le trafic des réseaux terrestres vers les réseaux non terrestres (RNT), ce qui garantit une évolutivité optimale du service.

Pour le continent africain qui ne compte que 2% des médecins dans le monde,[6] les technologies satellitaires peuvent permettre  la cartographie détaillée des zones médicalement déficientes et la mise en place de réseaux de télémédecine pour faciliter l’accès aux soins dans les régions reculées. Quant au secteur de l’éducation, dans un contexte où certains pays peuvent avoir jusqu’à 59 élèves pour un enseignant,l’utilisation des technologies spatiales pourrait favoriser l’innovation EdTech en rendant la prestation de services éducatifs plus accessible, voire même personnalisée. Il faut aussi noter que l’utilisation de données d’observation de la Terre enrichit les programmes éducatifs dans le domaine des sciences, de la technologie, de l’ingénierie et des mathématiques (Stem), transformant les concepts abstraits en expériences d’apprentissage concrètes.

Compte tenu de l’importance du secteur agricole en Afrique, qui emploie 40% de la population active et contribue en moyenne à 35% du PIB du continent,[7] il est indispensable de prendre en compte l’influence des données d’observation de la Terre sur ce domaine crucial. Par ailleurs,  l’Afrique possède 60% des terres arables non cultivées dans le monde.[8] Les données satellitaires permettent de surveiller la santé des cultures en identifiant les maladies des plantes et les ravageurs, réduisant ainsi le recours à des pesticides inutiles et atténuant les risques alimentaires pour la santé publique. 86% de l’eau utilisée en Afrique est dédiée à l’agriculture.[9] Les données et images satellitaires d’observation de la Terre pourraient contribuer à évaluer les ressources en eau pour une planification d’irrigation optimale, favorisant ainsi une productivité agricole accrue. Les technologies d’observation de la Terre pourraient permettre la prédiction météorologique pour des semences et des récoltes optimisées, l’évaluation du potentiel de séquestration du carbone, ainsi que le suivi des infrastructures agroalimentaires.

Il existe une pléthore d’exemples d’utilisation des technologies spatiales pour favoriser le développement économique en Afrique. ​​L’optimisation des chaînes d’approvisionnement est aussi un exemple parmi tant d’autres. Grâce aux satellites de positionnement, de navigation et de synchronisation (Pns),  les particuliers peuvent suivre leurs colis en temps réel. Les livreurs peuvent optimiser leurs itinéraires en fonction des conditions météorologiques et anticiper les perturbations du trafic. De leur côté, les entreprises peuvent obtenir une visibilité ininterrompue sur leur chaîne d’approvisionnement. Dans le domaine de l’assurance, les données satellitaires constituent un outil précieux pour la gestion des assets à risque ou isolés, tels que les turbines éoliennes offshore. Les données satellitaires  permettent également d’identifier les zones présentant un risque élevé d’incendie de forêt ou d’inondation. En exploitant ces données de télédétection, les sociétés d’assurance peuvent développer de nouveaux produits et services innovants, comme la fourniture d’évaluations des risques climatiques à leurs clients.

Dans le secteur pétrolier et , des experts collaborent déjà avec des ingénieurs spatiaux pour explorer comment les technologies spatiales existantes peuvent faciliter les explorations offshore. Certains pays d’Afrique adoptent également des technologies satellitaires de pointe pour minimiser les dommages environnementaux liés au transport du pétrole et du gaz naturel. Un exemple notable est le pipeline de pétrole brut de l’Afrique de l’Est, d’une valeur de 4 milliards de dollars, reliant l’Ouganda au port de Tanga en Tanzanie.[10] Ce mégaprojet de 1,443 km bénéficiera d’un monitoring satellitaire en temps réel sur toute sa longueur.[11] Cette supervision permettra de détecter tout changement de pression indiquant une fuite potentielle, contribuant ainsi à minimiser les dommages environnementaux et les pertes économiques.

L’utilisation des technologies satellitaires devient incontournable en Afrique. La prochaine étape logique pour le continent serait de s’affranchir de sa dépendance vis-à-vis des lancements à l’étranger et d’établir sa propre capacité de mise en orbite. Il y a deux douzaines de ports spatiaux actifs dans le monde. L’Afrique n’en compte aucun. L’année dernière, Djibouti a signé un protocole d’accord avec Hong Kong Aerospace Technology Group Limited et Touchroad International Holdings Group, basé à Shanghai, pour développer et exploiter conjointement un port spatial dans le pays. Ce projet, représentant un investissement estimé à un milliard de dollars, comprend la construction de sept plateformes de lancement de satellites et de trois aires de test de fusées. Avant la fin de la construction de ce chef- d’œuvre, l’Afrique continuera de lancer ses satellites dans les ports spatiaux en Amérique, en Europe ou en Asie.

La flexibilité offerte par le fait de ne pas dépendre des calendriers de lancement externes des satellites africains permettra un déploiement plus rapide des satellites critiques en cas de besoin. Il est indéniable que les lancements de satellites en Afrique créeront des emplois spécialisés en ingénierie, en gestion de projets spatiaux et dans le domaine aérospatial, contribuant ainsi au renforcement de la main-d’œuvre spatiale africaine. Pour les Etats Africains, lancer les satellites sur le continent contribuera à une optimisation des ressources financières allouées à cet objectif, notamment à l’ère des nanosatellites, qui offrent un accès à l’espace à coût réduit. Lancer des missions spatiales sur le continent africain ne se limite pas uniquement aux satellites. Il s’agit de libérer tout le potentiel de l’Afrique car elle peut devenir actrice majeur de l’ère spatiale mondiale. Des programmes spatiaux africains robustes forceront respect et admiration puis renforceront la voix de l’Afrique dans les discussions internationales sur la gouvernance de l’espace.

Actuellement, l’économie spatiale africaine représente moins de 5% de l’économie spatiale mondiale, évaluée à 546 milliards de dollars.[12] En revanche, des progrès considérables ont été réalisés ces dernières années, pour stimuler la croissance dans le domaine spatial africain. En janvier 2023, l’Union Africaine a inauguré l’Agence spatiale africaine (AfSA) en Égypte, dans le but de promouvoir le développement des sciences et technologies spatiales sur le continent. Par ailleurs,  l’Afrique du Sud et la France, via leur partenariat entre le Cnes (Centre National d’Études Spatiales en France) et l’Agence Spatiale Nationale Sud-Africaine, se consacrent à la formation des scientifiques, à la recherche scientifique et au développement de nanosatellites. Un de leurs objectifs principaux est de collecter des données marines et environnementales pour apporter une réponse coordonnée aux problèmes climatiques, entre autres défis. En avril 2024, l’Agence sénégalaise d’études spatiales (ASES) et l’Agence spatiale turque (TUA – Türkiye Uzay Ajansı) ont officialisé leur collaboration en signant un mémorandum d’entente (MoU). Ce partenariat vise à renforcer les capacités humaines et à développer l’infrastructure spatiale des deux nations.

Les partenariats bilatéraux comme celui entre l’Afrique du Sud et la France et entre le Sénégal et la Turquie témoignent d’une volonté croissante de collaboration et d’un fort potentiel de croissance pour le secteur spatial africain. Des champs agricoles à haut rendement aux salles de classe intelligentes, des télécoms fluides à la télémédecine facilitée, des chaînes d’approvisionnement optimisées aux opérations pétrolières sécurisées, les technologies spatiales permettent de tisser une tapisserie de progrès sur terre. Il est crucial de multiplier les collaborations internationales permettant l’échange de connaissances et de technologies. Selon les données de l’Unesco, l’Afrique subsaharienne compte moins de 200 chercheurs par million d’habitants, soit bien en deçà de la moyenne mondiale de 1,350.[13] En comparaison, le Chili en compte 518, la Bulgarie 2,340 et la Corée du Sud 9,000 chercheurs par million d’habitants.[14] Il est crucial de multiplier les investissements dans les programmes Stem en Afrique. De même, il faudra investir des ressources considérables dans la recherche et développement (R&D) afin de favoriser les innovations et les progrès technologiques dans les programmes spatiaux africains. Pour finir, des fonds d’investissement devraient dédier des capitaux conséquents pour financer les startups africaines dans ce secteur, facilitant ainsi leur accès au financement nécessaire pour commercialiser leurs innovations et propulser l’économie spatiale africaine vers de nouveaux horizons.

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