Par Mon’Esse
La doyenne d’âge de l’Assemblée nationale du Cameroun, Laurentine Koa Mfegue a, mardi, vertement critiqué le comportement de plusieurs élus qui, en 48 mois de mandature n’ont pas été réellement à la hauteur de la confiance placée en eux par le peuple.
S’exprimant à l’occasion de l’ouverture de la première session ordinaire de l’année, elle a cité pêle-mêle l’inertie des uns, les
«comportements tels que l’intrigue, la délation, les dénonciations calomnieuses souvent par réseaux sociaux interposés, les guerres de positionnement, l’affairisme et la recherche effrénée de l’argent».
Elle a également dénoncé l’absentéisme à l’hémicycle, le quorum requis pour la tenue des séances étant parfois atteint au forceps.
«Je peux me tromper, mais la mention d’ensemble serait : pouvait mieux faire»,
a déclaré Laurentine Koa Mfegue.
«Nous sommes habitués, nous les députés à interpeler les autres. Rarement et même jamais, nous n’avons pris le temps de faire notre introspection, c’est-à-dire notre propre examen de conscience»,
a-t-elle poursuivi.
Pendant ce temps, a-t-elle dénoncé, les villes du pays se mouraient et se meurent encore, étouffées par des montagnes d’immondices, les routes des mêmes villes et de l’arrière-pays, se sont transformées en de véritables tombeaux, la corruption a continué de gangrener le service public.
Les coupures intempestives d’électricité, considérées comme «une catastrophe énergétique», se sont ajoutées aux maladies hydriques ayant gagné du terrain faute d’une eau potable en quantité suffisante, la majorité des centres de santé continuant en outre d’être malades de l’insuffisance du personnel, des médicaments et de la médiocre qualité des plateaux techniques.
Dans cet inventaire négatif, la doyenne d’âge n’a pas oublié l’enseignement secondaire, qui «ressemble à un bateau à la dérive», la kyrielle de revendications des enseignants restant sans solutions pour la plupart, malgré les fermes instructions du sommet de l’Etat.
Evoquant la violence et la drogue, la députée estime qu’elles ont élu domicile dans les campus scolaires.
Autre phénomène cité par Mme veuve Koa Mfegue, la fuite des cerveaux qui touche beaucoup de jeunes, quittant le pays afin d’aller chercher fortune en Occident et dans d’autres destinations, très prisées en ce moment, le Cameroun restant impuissant devant cette saignée.
L’élue a néanmoins reconnu les efforts du gouvernement face à la conjoncture, encourageant les opérations
«coups de poing» visant à contenir l’inflation, lutter contre la vie chère et les pénuries alors que «le panier de la ménagère a continué de subir des délestages».
Débutée en mars 2020, la 10ème législature s’achève en début 2025. La session ouverte mardi, d’une durée d’un mois, devrait connaître l’élection d’un nouveau bureau qui, depuis 1993 reste présidé par Cavaye Yeguie Djibril.