Par Sandra Embollo
Le futur gouvernement britannique doit mettre en place des mesures de protection des journalistes, qu’il s’agisse d’une convention, d’un traité international ou d’un autre mécanisme. C’est ce qu’exige Amnesty International, après l’accord judiciaire conclu ce 24 juin.
Pour l’organisation non gouvernementale (Ong), le gouvernement britannique s’est rendu complice des « dégâts historiques » de l’affaire sur la liberté d’expression à travers le monde, en acceptant de donner suite aux demandes d’extradition américaines. Londres doit « aider à ranger le bazar ».
« Julian Assange a dû plaider coupable pour être libéré »
« Malgré cette excellente nouvelle, il faut prendre un peu de recul et prendre en considération l’impact que cette affaire a sur la liberté d’expression dans le monde, tempère Simon Crowther, conseiller juridique pour Amnesty International. Julian Assange a été poursuivi pour avoir fait son travail de journaliste. […] D’un côté, Julian Assange est libre, mais de l’autre, un précédent très dangereux a été créé. Il a dû plaider coupable pour être libéré. »
Dans le même temps, l’organisation Reporters sans frontières, qui défend la liberté de la presse à travers le monde, compte établir un exemple à ne pas suivre. Sa directrice des plaidoyers, Rebecca Vincent espère que si un problème similaire venait à se poser dans le futur, le gouvernement britannique enverrait un message différent, favorable à la liberté de la presse. « C’est certainement l’affaire la plus complexe sur laquelle j’ai travaillé pendant mes 18 années dans l’humanitaire. Elle a vraiment testé les limites de la démocratie. Elle a remis en question ce qu’est le journalisme, les valeurs que sont la liberté d’expression et d’information. Et aussi ce que les gens ont le droit de savoir. […] Je pense que le journalisme sera plus fort grâce à Julian Assange. »
Des espoirs et des demandes répétées par l’avocat de Julian Assange, qui demande à Londres de faire pression sur Washington pour ne plus poursuivre de journalistes ayant enquêté sur des informations sensibles mais d’intérêt public.
Le plaider-coupable, qu’est-ce que c’est ?
C’est un accord entre le procureur et l’avocat qui débouche sur une peine moins lourde, explique Antoine Gallenne du service international de Rfi. L’objectif de l’équipe de Julian Assange était clair : éviter à tout prix d’être livré à la justice américaine où il encourait une condamnation à 175 ans d’emprisonnement, en vertu de la loi sur l’espionnage.
Alors pour y échapper, le lanceur d’alerte a accepté de reconnaître sa participation à un « complot pour obtenir et divulguer des informations relevant de la défense nationale ». Soit un seul chef d’accusation, selon les documents judiciaires rendus publics, au lieu des dix-huit dont il faisait l’objet.
Les appels s’étaient multipliés au président des États-Unis pour qu’il abandonne les charges retenues contre le fondateur de WikiLeaks. L’Australie avait présenté une demande officielle en ce sens en février que Joe Biden avait dit examiner. Ce qui avait suscité l’espoir des soutiens de Julian Assange.