Par Sandra Embollo
La foule est nombreuse devant l’ambassade de Russie,en Lituanie, ce dimanche. Dans la file, certaines sont là pour voter pour la stabilité, mais d’autres ont choisi un bulletin de vote alternatif, pour manifester leur opposition. Même s’ils savent qu’à la fin, Vladimir Poutine remportera l’élection.
Il y a aussi beaucoup de public devant cette ambassade : des Russes qui estiment que le boycott est la seule option possible pour montrer leur désaccord. Et des Lituaniens qui sont là pour soutenir « la vraie Russie », comme l’on dit dans l’opposition. Les employés de l’ambassade laissent passer les votants au compte-gouttes. Maria a attendu près d’une heure pour pouvoir s’exprimer dans l’isoloir. « J’ai voté contre Poutine, pour un autre candidat, pour que Poutine ne soit pas élu, même si je sais qu’il va finir par gagner », confie-t-elle.
Tu ne dois pas participer aux cirques organisés par la dictature
« À midi contre Poutine », cette action de l’opposition russe à la mi-journée devant l’enceinte diplomatique, pour montrer son désaccord avec leur président, a été bien suivie à Vilnius. Dans la file des votants, certains portent des pancartes où l’on peut lire : « Poutine a assassiné Navalny ».
Marina porte un autocollant sur sa veste : « À midi contre Poutine ». « Le but de se retrouver tous au même endroit et à la même heure est de montrer que nombreuses personnes sont contre Poutine, contre la guerre, explique-t-elle. Quand tu constates que de tant de gens sont contre, tu réalises que le résultat des élections est un mensonge. »
Mais tous ne sont pas de cet avis.
« Je crois que ce n’est pas une élection. C’est un cirque et comme citoyen, tu ne dois pas participer aux cirques organisés par la dictature ».
considère le journaliste Konstantin Eggert, qui habite en Lituanie depuis dix ans.
Les Lituaniens curieux de ces Russes qui habitent dans leur pays
Ici, l’opposition russe est fatiguée. La mort d’Alexeï Navalny et l’agression de Leonid Volkov à Vilnius en début de semaine l’a affectée. Néanmoins, ils sont nombreux à espérer un sursaut de leurs concitoyens.
Et puis, il y a aussi des Lituaniens, pays balte, membre de l’Union européenne mais également de l’Alliance atlantique, qui sont là pour voir de plus près qui sont ces Russes qui habitent dans leur pays. Ces derniers sont plus de 15 000. Certains riverains les abordent en leur demandant s’ils parlent le lituanien. Les forces de police sont surtout très visibles. La police des frontières passe aussi dans la foule pour vérifier si les citoyens russes sont en règle et résident de manière légale sur le territoire.