Par Sasha Blanche
Le chef de l’Etat sénégalais Macky Sall a fait adopter mercredi par son gouvernement un projet de loi d’amnistie générale en guise d’« apaisement » à la crise politique née de l’ajournement de la présidentielle qui devait se tenir dimanche. Mais ceux, nombreux, qui attendaient du Conseil des ministres des indications plus précises sur la nouvelle date de la présidentielle devront patienter.
« Dialogue national »
Le président doit recevoir le 4 mars les conclusions d’un « dialogue national » qui s’est tenu lundi et mardi. Il entend demander son avis au Conseil constitutionnel sur ces recommandations préconisant la tenue du scrutin plusieurs semaines après la fin de son mandat, qui serait prolongé d’autant, jusqu’à l’installation de son successeur.
L’amnistie, qui doit encore être votée par l’Assemblée nationale à une date indéterminée, est un des éléments de la réponse du président Sall à la crise provoquée par l’ajournement de la présidentielle. Ce report a causé un choc dans un pays présenté comme l’un des plus stables d’une Afrique de l’Ouest secouée par les coups de force.
Tensions importantes
L’amnistie, précise le compte-rendu du Conseil des ministres, a été prise dans une « volonté d’apaisement de l’espace politique (…) afin de préserver la stabilité du pays ». Mais un renvoi du scrutin au-delà du 2 avril, fin du mandat de Macky Sall, et le maintien de ce dernier dans ses fonctions jusqu’à l’installation de son successeur sont de nature à provoquer la colère du front politique et citoyen qui s’est formé après l’annonce du report, en plus de soulever des interrogations constitutionnelles.
Un collectif qui réunit 16 des 19 candidats entérinés à ce jour a dit consulter différents acteurs de la société civile sur les termes d’une déclaration qui pourrait être partagée jeudi. Amadou Ba, mandataire de l’un des principaux candidats, Bassirou Diomaye Faye, a dit « rejeter entièrement » les recommandations faites au président. Quant à l’amnistie, le parti de M. Faye « n’est pas demandeur », a-t-il dit.