Par Mon’Esse
Accusé par l’Organisation maritime internationale (Omi) de permettre à la Russie d’éviter des sanctions pétrolières décidées par la communauté internationale, l’Etat du Cameroun a sollicité l’aide du Royaume-Uni afin d’intégrer le système Gisis, une base de données entrée en vigueur en début mars 2006 et permettant d’accéder des informations relatives à la navigation maritime internationale.
Le sujet était au centre des échanges, voici peu entre le ministre des Transports (Mintransports), Jean Ernest Ngallè Bibehe et le haut-commissaire du Royaume-Uni à Yaoundé, Barry Lowen.
Avec plus de 200 navires immatriculés et battant actuellement pavillon camerounais dans les eaux internationales, le pays est accusé de faire partie de la flotte de «navires fantômes» aidant la Russie à exporter son pétrole et à le vendre à plus de 60 dollars le baril, et donc de violer les sanctions contre Moscou depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine, en février 2022.
A en croire l’agence américaine Bloomberg, sur 14 pétroliers battant pavillon camerounais en 2023, 11 pouvaient être retracés vers des ports pétroliers russes.
«Historiquement, les navires immatriculés au Cameroun ont été liés à d’autres opérations de contrebande de pétrole, notamment en Iran et au Venezuela», ajoutait, en janvier 2024, The Maritime Executive.
En début d’année, c’est le ministère de l’Énergie et des Infrastructures des Émirats arabes unis qui a interdit de navigation, dans les eaux du pays, des navires battant pavillon camerounais, «à moins qu’ils ne soient classés par un membre de la classe Iacs (Association internationale des sociétés de classification) ou par la Société de classification des Émirats-Tasneef».
Pour le patron des Transports, les immatriculations querellées, qui ont lieu dans les ports de Douala, Limbe, Kribi et Garoua, l’ont été conformément au Code de la marine marchande camerounaise et au décret fixant les conditions de naturalisation et d’immatriculation des navires.
A en croire des sources dignes de foi au Mintransports, reprises par nos confrères de Investir au Cameroun, le contexte actuel remet en cause la procédure d’immatriculation des navires battant pavillon camerounais, la difficulté étant que le pays n’est pas intégré dans le système mondial Gisis, en dépit des «énormes efforts» déployés.
«Cette lacune rend le Cameroun incapable de suivre les navires marqués dans les zones rouges», explique pour sa part le directeur des affaires maritimes et des voies navigables du Mintransports, Jean Nlend.