Par Léopold DASSI NDJIDJOU
Alors que le nouveau Bureau devait être élu samedi 28 octobre 2023 en fin de journée, c’est finalement contre toute attente le dimanche 29 au lever du jour que la victoire de Joshua Osih est proclamée par la Commission électorale, après une longue interruption, due à des dysfonctionnements constatés par ses deux belligérants que sont Schwa Jestel et Goddon Zama.
Au finish, sur les 1565 exprimées contre les 2400 attendues, Joshua Osih obtient 985 votes (62,9% des suffrages exprimés) contre 363 et 217 voix respectivement pour Schwa Jestel et Goddon Zama. La première observation est le rétrécissement du collège électoral. 865 délégués sur les 2400 n’ont pas pu s’exprimer pour des raisons non explicitées, soit un pourcentage de 36,04 %. C’est un gap significatif qui étale la dimension du labeur dont va faire montre le nouvel élu pour éloigner son leadership des contestations à tout bout de champ. Il est donc tenu de ratisser large surtout au moment où tous les membres dissidents du parti ont été exclus sous le vocable de G27.
Dans le sillage des incertitudes, aujourd’hui, le leader de ce groupe, Jean Michel Nintcheu a transformé son Rap en Front pour le changement du Cameroun (Fcc) et jure avant tout de recruter au sein du Sdf tous les militants qui sont orphelins ou nostalgiques de la doctrine originelle du « Suffer don finish ». Cette donne n’est pas pour rassurer un leadership dont l’opinion croyait à tort la base totalement acquise à sa cause. Ces chiffres sont là, têtus et bruyants. Et dans cette cohue, où Joshua Osih tenait les manettes depuis un certain temps, lui qui a organisé les élections, la montée de ses deux belligérants donne des sueurs froides à cerner la réalité de ce qui se passe dans ce parti. Comment en si peu de temps, les deux autres candidats ont-ils pu glaner autant de voix ? A eux deux, ils ont convaincu 580 délégués, excusez du peu, soit un pourcentage de 37,60% des voix exprimés.
A ceci, il faut ajouter les réserves de dysfonctionnements portées par ces deux malheureux pour s’interroger davantage sur la méthode ou la capacité Osih à resserrer les rangs derrière lui. Un autre fait et non des moindres qui fragilise le leadership naissant du nouveau chairman, est le schisme en sourdine entre les anglophones et les francophones, entre les modérateurs et les radicaux animés par la tentation de couper toute collaboration avec le pouvoir. C’est là un challenge et non des moindres, à laquelle Joshua Osih devra jouer en équilibriste de peur de marcher sur ses œufs ou au risque de casser la baraque fortement fragilisée par le départ du Ni John Fru Ndi et de certains caciques.
« Le Sdf est de retour »
Dans son mot de remerciement aux délégués tout juste après sa victoire, le nouveau patron du Sdf a voulu directement fixer le cap du parti au cours des 5 prochaines années. « Si j’avais juste une chose à dire, c’est de dire que le Sdf est de retour, que nous sommes de retour », at-il lancé vers ses militants euphoriques. Davantage, il a indiqué que le Sdf est un parti sérieux et les délégués ont décidé de « lui donner un sérieux leadership et je peux vous dire et vous pouvez me croire, nous allons atteindre nos objectifs. Nous allons gagner les mairies, les sièges parlementaires, les sièges sénatoriaux, les sièges régionaux pour nous rassurer qu’après tout cela nous allons gagner le siège présidentiel pour gouverner ce pays et sortir le Cameroun de la pauvreté, de la souffrance, du sous-développement et pour le bien de nous tous. Ensemble nous sommes plus forts ! » Il a commencé toutefois son discours en adressant une prière à Dieu de l’accompagner dans l’accomplissement intégrale de sa mission et par la suite il a exprimé toute sa reconnaissance à son prédécesseur pour toute l’attention et tout l’accompagnement, « le regretté chairman Ni John Fru Ndi qui est là-haut, parce que je sais que ce jour il est avec nous à chaque moment. Tout ce que nous avons fait aujourd’hui n’aurait pas eu lieu s’il n’était pas avec nous ».
Poursuivant avec le devoir qui attend le parti il a déclaré que le Sdf a un devoir, c’est de faire régner la sociale démocratie, c’est-à-dire les valeurs sociales démocratiques au Cameroun. « Nous avons un devoir à transformer ce pays en un régime fédéral. Nous avons le devoir de faire en sorte que 99% des pouvoirs soient au niveau du peuple », a-t-il enchaîné avant d’ajouter qu’il remercie les délégués pour la lourde tâche à lui confié de diriger le parti vers de nouvelles conquêtes. Il leur a promis de ce fait qu’ils ne seront pas déçus. Comme on le voit, il a déjà compris qu’il devra composer avec tout le monde, sans être avec tout le monde dans les rangs, pour garder le cap tracé par le Chairman qui au soir de sa vie ne faisait plus aucun mystère de son rapprochement avec le Rdpc, le parti au pouvoir. Les eaux ont coulé sous le pont, et l’homme avait aussi appris à couper son vin, convaincu par la réalité qu’il ne peut rien sans un compromis avec les tenanciers du pouvoir. Bien plus, il a fallu faire un bon dosage pour des équilibrages au niveau du Bureau. Son 1er vice-président est un anglophone, en la personne du sénateur Mochiggle Vanigansen, alors qu’un francophone, le député Moungo, Benilde Djeumeni un autre proche de Ni john Fru Ndi sollicitait lui aussi le poste. Le 2ème vice-président est Louis Marie Kakdeu, un francophone. Le secrétariat national à la Communication est confié au journaliste de Canal 2 International, Henry Kejang, déterminé à booster, selon ses propres termes, la communication du parti sur tous les fronts.
