Par Serge Aimé Bikoi
C’était au cours de la deuxième audience du procès relatif à l’assassinat de Martinez Zogo, chef de chaîne de la radio Amplitude FM. L’affaire a été renvoyée au 6 mai prochain, pour présentation de la liste des témoins de chaque partie et ouverture des débats.
La deuxième audience relative à l’affaire Martinez Zogo a consisté en la vérification de la présence des accusés avant la réponse aux demandes formulées par la défense lors de la première audience. Ces sollicitations traitent de la retransmission médiatique des audiences ou l’enregistrement de l’ensemble du procès, la communication du dossier de procédures et des pièces du dossier ou la consultation dudit dossier. Au nom du ministère public, le commissaire du gouvernement a reconnu que la retransmission du procès est un gage du droit de la défense. Elle est, en effet, la preuve que la justice est rendue au nom du peuple camerounais. Cependant, le président du tribunal soutient qu’aucune disposition légale ne permet au tribunal de prendre cette décision. Le greffe de la juridiction assure, néanmoins, l’archivage des éléments du procès pour la postérité.
Relativement à la communication du dossier de procédures, ajoute le commissaire du gouvernement, la consultation des éléments du dossier est permise au regard des articles 165, 413 et 420 du code de procédure pénale. Un autre point focal de l’audience est relatif au fait que la défense a demandé à l’État du Cameroun de se déclarer civilement responsable dans l’affaire Martinez Zogo. Et pour cause: “On ne saurait être partie civile et civilement responsable”, Clame Jacques Mbuny. Pour l’avocat du lieutenant-colonel Justin Danwe, On n’entre pas dans un dossier par effraction. La Dgre(Direction générale de la recherche extérieure) n’est pas partie au procès. “Treize agents de la Dgre étant impliqués dans le dossier, ce sont les préposés de l’État. À ce moment-là, l’État peut être cité comme civilement responsable. L’avocat n’est pas un représentant de l’État du Cameroun, mais plutôt un conseil. l’État est une personne morale. Si l’État est civilement responsable, le statut de l’avocat change. Ne nous donnez pas l’impression que nous ne bataillons pas à armes légales ! Ce préjudice doit être direct et actuel”, explique Me J. Mbuny.
Soutenir donc que l’État est partie civile dans ce dossier consiste à développer l’argument suivant lequel le macrocosme veut se débiner de ses responsabilités. Me Charles Tchoungang, avocat de Jean-Pierre Amougou Belinga, patron du groupe L’anecdote, y voit même l’intégration de l’État par embuscade dans ce procès. Faux! Rétorque l’avocat de la partie civile, Me Claude Assira Engoute. “Je maintiens le souci de vérité et de la transparence qui est recherché par les acteurs. Il y a des responsabilités qui, de mon point de vue, doivent être examinées. Et l’État a toujours indiqué que même si ses agents ont pu être éventuellement mêlés, il ne peut pas surveiller à chaque seconde chacun de ses agents. En tout cas, des personnes qui sont accusées pour le moment jouissent encore de la présomption d’innocence. Comme partie civile, l’État est, ici, à l’offensive et estime qu’il a un certain nombre de choses à faire valoir. En revanche, comme civilement responsable, c’est l’inverse. L’on estime que là, Il doit subir les demandes de ses victimes et de ses ayant-droits”.
Le président du tribunal est donc interpellé pour vider ce contentieux juridique avant d’entrer dans le fond du dossier. Me Calvin Djob, avocat de la partie civile, souhaite que cette juridiction compétente sorte du dilatoire et des aspects périphériques qui retardent le déroulement du procès. Affaire à suivre donc le 6 mai 2024 pour la présentation des listes des témoins de la défense et de la partie civile et pour l’ouverture des débats.