Par Boris Ngounou
Un an après l’assassinat du chef de chaîne d’Amplitude FM, l’ONG Reporter Sans Frontières publie un rapport sur les auditions jamais rendues publiques, de plusieurs membres du commando qui a torturé le journaliste. Le document publié ce 17 janvier 2024 ne fait cependant pas la lumière sur l’étendue des responsabilités et des implications.
Un an après l’assassinat de Martinez Zogo, l’ONG de défense des droits des hommes de médias, Reporter Sans Frontières (RSF), s’est procuré plusieurs éléments du dossier d’enquête. Certains des inculpés, notamment des membres de l’équipe de liaison clandestine de la DGRE, révèlent les détails sordides des actes de tortures, au cours de l’opération, qui selon eux, à consister à corriger, effrayer l’animateur et laisser en vie.
Et pourtant les sévices infligés seront d’un supplice tel que Martinez, se tordant de douleur, promettra à ses bourreaux d’arrêter la radio.
Le présentateur de l’émission Embouteillage a tout d’abord été roué de coups, avant d’être Fouetté avec un fil de courant ainsi qu’un gourdin. Et l’acte de torture ne s’est pas arrêté là. Le rapport d’autopsie fait état de l’usage d’un cutter, d’un taser et d’un bâton introduit dans l’anus de la victime. Les médecins légistes constatent près de 30 lésions et concluent dans leur rapport, daté du 10 février 2023, que le décès du journaliste, identifié par test ADN, est consécutif aux multiples violences subies.
Les auditions de confrontation consultées par RSF, permettent également d’établir la nature des liens entre Justin Danwe chef des opérations de la DGRE et l’homme d’affaire Jean-Pierre Amougou Belinga. Les deux personnalités se sont rencontrées trois fois, avant et après l’assassinat de Martinez. La première rencontre a eu lieu le 29 décembre 2022, soit deux semaines avant le forfait, au domicile de l’homme d’affaire. Et ce dernier aurait remis la somme de 2 millions de FCFA au Lieutenant-colonel afin qu’il fasse taire l’animateur radio. Les deux hommes se sont ensuite revus le 16 janvier 2023, veille de l’enlèvement du chef de chaîne, puis le 18 janvier 2023, pour faire le point de l’opération.
Nous sommes donc rendus à un an après les faits, mais le lieu du crime n’a toujours pas été formellement identifié, les résultats complets des réquisitions téléphoniques se font toujours attendre et la question de l’étendue des responsabilités reste entière. Deux juges ont déjà été dessaisis de l’affaire, dont le dernier, Sikati II Kamwouo, après avoir tenté de remettre en liberté deux des principaux suspects de l’affaire, à savoir Jean-Pierre Amougou Belinga et Léopold Maxime Eko Eko, l’ex patron de la DGRE.
Pour RSF, le nouveau juge va devoir redoubler d’efforts pour rassembler les pièces manquantes en résistant aux pressions multiples qui s’exercent sur ce dossier ultra-sensible compte tenu du statut des suspects.