Par Julie Peh
Tout a commencé comme une journée ordinaire à l’école publique primaire de Mazebouag. Comme à l’accoutumée, un instituteur a envoyé des élèves chercher de l’eau à une source proche. C’est lors de cette corvée que le drame s’est noué. Un élève de CP, dans son élan, a trébuché sur une pierre et a dévalé la colline, terminant sa course dans les marécages en contrebas. Malgré l’intervention rapide d’un enseignant qui a plongé pour le secourir, l’enfant, bien qu’encore vivant, était en piteux état.
C’est alors qu’est arrivé le père de l’élève, un certain Yekini, prévenu de l’accident. Mais au lieu de se joindre aux efforts pour sauver son fils, il a sombré dans une rage folle et destructrice. Armé d’un bâton, il s’est mis à frapper aveuglément toutes les personnes présentes. Le directeur de l’école, arrivé sur ces entrefaites, a été la cible principale de sa fureur. Yekini lui a asséné trois violents coups de machette, au poignet et à la tête, le blessant grièvement. Une scène d’une violence inouïe, qui a semé la panique parmi les élèves et les enseignants. Malheureusement, malgré les efforts des secours, le jeune élève n’a pas survécu à ses blessures. Il a rendu l’âme dans ce chaos indescriptible, sous les yeux impuissants de ses camarades et de ses enseignants. Quant au directeur, grièvement blessé, il a été évacué d’urgence à l’hôpital d’Esseng où il lutte actuellement pour sa vie, plongé dans un coma profond. Une tragédie qui laisse toute une école, toute une communauté, sous le choc et dans le deuil.
Mais la folie meurtrière de Yekini ne s’est pas arrêtée là. Hurlant qu’il allait brûler cette école qui lui avait pris son fils, il est passé des paroles aux actes avec une détermination effrayante. En quelques minutes, une salle de classe a été entièrement réduite en cendres, une autre partiellement endommagée, et le bloc administratif n’a pas été épargné par les flammes. Un déchaînement de violence aveugle qui a détruit en un instant des années d’efforts et d’investissement dans l’éducation des enfants de cette localité.
Face à cette situation d’une gravité exceptionnelle, les autorités locales ont rapidement réagi. Le sous-préfet de l’arrondissement de Mboanz, Monsieur Bamyo Guy Pascal, le maire de la commune d’Angossas, Madame Segland Flore, et le commandant de brigade d’Angossas se sont rendus sur place. Ils ont pu rencontrer Yekini, l’auteur de ce déchaînement de violence, qui, loin de fuir, semblait déjà rongé par le remords. Un homme brisé, qui devra répondre de ses actes devant la justice, mais qui est aussi un père meurtri par la perte de son enfant.