Par Mon’Esse
Le nombre absolu de Camerounais vivant dans la pauvreté est en hausse, un citoyen sur quatre vivant en dessous du seuil de pauvreté international de 2,15 dollars par jour, selon le dernier Baromètre économique de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) publié par la Banque mondiale (Bm). Dans ce pays où le taux d’incidence de la pauvreté devrait avoir diminué de seulement 0,6 point de pourcentage entre 2020 et 2023, les inégalités restent également fortes et de grandes disparités de niveau de vie apparaissent entre les régions, et entre les milieux urbain et rural.
Alors que le pourcentage de personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté international devrait légèrement diminuer pour passer de 24,2% en 2023 à 23,6% en 2025, le nombre absolu de Camerounais vivant en dessous du seuil de pauvreté devrait augmenter en conséquence de la croissance démographique, indique le document. À en croire l’institution financière, les perspectives économiques du pays devraient rester modérément favorables sur le moyen terme, mais elles sont soumises à des risques nettement baissiers. Dans la plus grande économie de la Cemac, représentant plus de 40% du produit intérieur brut PIB de la région et plus de 60% des réserves de change régionales, la situation budgétaire s’est améliorée depuis début 2023 grâce à la hausse des recettes pétrolières et à la réduction des subventions aux carburants et autres dépenses.
La Bm note que les recettes fiscales non pétrolières ont légèrement augmenté au cours du premier semestre 2023, mais que les subventions aux carburants impayées de 2022, d’un montant de 330 milliards Xaf (1,1% du PIB), ont été reportées au budget 2023, toute chose qui porte le montant des dépenses totales en subventions aux carburants à l’équivalent de 1,5% du PIB en 2023, contre 3% un an auparavant. S’agissant de l’endettement, le Baromètre constate que les pressions se sont intensifiées, appelant à des politiques budgétaires prudentes et à une meilleure gestion de la dette.
«Le modèle de développement actuel, tiré par le secteur public, semble s’essouffler et n’est pas en mesure de répondre à l’ambition du Cameroun de devenir un pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure d’ici 2030, au vu de la persistance de défis en termes d’indicateurs de gouvernance, d’amélioration du capital humain et de l’environnement des affaires, alors que la menace du changement climatique gagne en ampleur.»
De même, le secteur financier du pays exhibe certaines vulnérabilités, du fait de la persistance des prêts non performants (13% des créances brutes) et de sa forte exposition à la dette souveraine (35% de l’actif), les indicateurs de solidité financière s’étant néanmoins légèrement améliorés en 2022. Le ratio de la dette publique sur le PIB devrait baisser jusqu’à environ 40% d’ici 2025, les risques auxquels ces perspectives sont exposées comprenant un plus grand resserrement des restrictions financières aux niveaux mondial et régional, les impacts négatifs de la guerre en Ukraine sur les marchés des matières premières et financiers, ainsi que la crise sécuritaire persistante dans les régions du Nord-Ouest, du Sud-Ouest et de l’Extrême-Nord. Les perspectives économiques du Cameroun sont, selon la Bm, modérément favorables sur le moyen terme, mais restent fragiles, la croissance du Pib réel devant atteindre 4,3% en moyenne sur la période 2024-2026, sous-tendue par une activité soutenue dans les secteurs secondaire et tertiaire.