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Cameroun > Lutte contre les discours haineux: La gesticulation institutionnelle du gouvernement

Depuis une semaine, le gouvernement camerounais a lancé une croisade contre les discours haineux.

Par panorama papers
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Par Serge Aimé Bikoi

Le ministre de la Communication (Mincom), le ministre de l’Administration territoriale (Minat) et le président de la Commission pour la promotion du bilinguisme et du multiculturalisme (Cpbm) fustigent la montée en puissance des propos haineux et durcissent le ton, en envisageant des sanctions pénales contre les déviants coupables d’outrage à l’ethnie ou à la tribu. Le patron de l’Administration territoriale l’a, une fois encore, martelé le 22 mai 2023 dans une déclaration publique. À voir cette gesticulation institutionnelle, l’on se questionne sur la sincérité du gouvernement quant à l’atteinte de ce dessein.

Nul ne doute du sens, voire de la puissance de l’action conjointe engagée par le gouvernement camerounais dans l’optique de la lutte contre les discours haineux. Mais il y a un questionnement sur la sincérité de ce kaléidoscope à parvenir à la réalisation de cet objectif principal. En effet, il y a comme une imposture d’une autorité gouvernementale dans la prise des décisions liées au combat contre l’avalanche des discours ethnocommunautaristes. Plutôt que de voir une agitation, voire une gesticulation institutionnelle du patron de l’Administration territoriale, l’on aurait aimé voir, en première ligne, le ministre d’État ministre de la Justice, garde des sceaux diligenter et coordonner une action conjointe d’une telle trempe. En réalité, c’est le patron de la justice camerounaise qui est susceptible de faire peur aux masses populaires, en instruisant ses pairs magistrats des dix régions camerounaises de faire arrêter tout individu porteur ou diffuseur des propos ethnofascistes. C’est le magistrat chargé de faire appliquer la loi qui doit s’auto-saisir des cas patents des discours ethnocentristes répertoriés dans les mass et les techno médias. C’est le magistrat habilité à sanctionner les coupables d’outrage à la tribu ou à l’ethnie dans l’espace public. Tant que le patron de la justice n’est pas au devant de la scène, l’on a l’impression qu’il y a un déficit de volonté politique à lutter véritablement contre les discours tribalistes.

De plus, il y a, au Cameroun, un conglomérat d’organes consultatifs chargés de lutter, dans la même veine, contre les discours haineux. Mais ces épiphénomènes ne sont que des microcosmes interpellatifs n’ayant aucun pouvoir coercitif. C’est le cas de la Commission pour la promotion du bilinguisme et du multiculturalisme qui existe depuis 2017, mais dont on ne cerne pas, de manière substantielle, un certain impact positif sur sa fonctionnalité quotidienne. Il en est de même de la Commission nationale des droits de l’homme du Cameroun (Cndh), dont on observe, de temps à autre, des lettres d’observation critique à l’endroit des auteurs des propos haineux dans les débats publics. Le Conseil national de la communication (Cnc) est aussi, suivant ses attributions et missions, un organe consultatif n’ayant aucun pouvoir répressif. L’on s’interroge, parfois, sur l’inapplication des sanctions infligées par l’organe de régulation des médias aux patrons d’organes de presse ayant dérogé à l’éthique et à la déontologie professionnelle. Suspendu maintes fois temporairement pour une période de six mois, un promoteur d’une chaîne de télévision locale basée à Yaoundé a, régulièrement, nargué les patrons du Cnc, en refusant, délibérément, de respecter les décisions de sanction. Même le ministre de l’Administration territoriale (Minat) chargé de mettre à contribution l’autorité administrative compétente pour faire exécuter cette mesure de suspension temporaire dudit média garde toujours mutisme en pareille circonstance. L’on dirait qu’il existe une sorte de connivence entre ce promoteur de média et certains membres du gouvernement pour torpiller les actions du Cnc contraint à rester et à demeurer un “machin” sans pouvoir contraignant sur certains patrons d’entreprises de presse.

Au regard de cette absence de volonté politique à combattre les discours de haine, l’on ne cerne aucune sincérité des officiels gouvernementaux à œuvrer pour cette initiative, somme toute, louable. Les sorties publiques de ces derniers ne relèvent que de la gesticulation institutionnelle.

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