Accueil PolitiqueAfrique Cameroun | Présidence du Sénat: Casse-tête au sommet en cas de l’indisponibilité de Niat Njifenji

Cameroun | Présidence du Sénat: Casse-tête au sommet en cas de l’indisponibilité de Niat Njifenji

L’absence du président de la Chambre haute du parlement camerounais lors de l’ouverture de la session de plein droit du 5 mars dernier ravive toutes les interrogations sur la disponibilité de celui qui entre dans la nonantième année de vie. L’éventualité d’un pari risqué.

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Par Léopold DASSI NDJIDJOU

Envisager de trouver un remplaçant à l’actuel président du Sénat, si son retrait était acté, ne devrait pas être une chose aisée pour le grand manitou de la politique nationale. Il s’agit d’une gageure, d’une équation incertaine à mille inconnues, aussi déroutantes et déprimantes, les unes que les autres. C’est à donner de la migraine, rien qu’à y penser ! Cette situation est perceptible sur deux angles. La géopolitique interne et l’insaisissable portrait-robot en vue du casting pour dénicher le deuxième président du Sénat camerounais, au cas où. Au niveau de l’angle géopolitique, il y a lieu d’indiquer que la nomination ou l’élection d’un responsable à la tête d’une institution politique obéit au premier chef à son aire géographique d’appartenance, à sa communauté d’origine bien située sur la carte du Cameroun.

C’est le premier prérequis pour une éventuelle accession à un poste de responsabilité au pays de Paul Biya. A la lumière de cette géopolitique interne, celui qui tient l’échiquier politique national a voulu depuis 2013 qu’un fils de la région de l’Ouest soit le tout premier président de la Chambre haute du Parlement. En décidant donc contre toute attente que le natif du Ndé soit au perchoir de cette institution, le président de la République avait pris tout le monde de court. Il y avait Peter Mafany Musongue et le sultan Ibrahim Mbombo Njoya qui au sein du Rdpc avaient les faveurs des pronostics et étaient par conséquent en compétition. La surprise fut générale pour deux raisons : d’abord les militants sénateurs du Rdpc étaient dans le brouillard à l’idée qu’au perchoir, il y ait un ressortissant de la région de l’Ouest réputée frondeuse au régime. Ceci supposait l’adoubement de celui qui allait désormais assurer l’intérim en cas de vacances constatée au sommet de l’État. Ensuite, Niat Njifenji qui avait déjà pris sa retraite politique, après avoir été nommé sénateur, était le temps d’un battement de paupières, bombardé au deuxième rang protocolaire de l’État. Il s’agissait vraisemblablement du deuxième grand chambardement de la technique de rééquilibrage au niveau des institutions de l’État, une sorte de révolution copernicienne du sens de la distribution des cartes au sein des institutions politiques.

En 2013, l’avènement de Marcel Niat Njifenji avait relégué le président de l’Assemblée nationale au troisième rang protocolaire de l’Etat et le dépouillait en même temps de ses droits constitutionnels d’assurer l’intérim en cas d’empêchement du président de la République. La première révolution de dévolution du pouvoir au sein des institutions quant à elle avait eu lieu en 1992. Paul Biya avait décidé de retirer la présidence de l’Assemblée nationale, deuxième institution de l’Etat d’alors, aux fils des régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Ils tenaient cette institution depuis le régime d’Ahmadou Ahidjo. Subséquemment, Paul Biya confia la Primature, la direction du gouvernement de la République à un ressortissant des régions anglophones. Il en a toujours été ainsi de 1992 jusqu’à nos jours. Le septentrion du pays, formé des trois régions de l’Extrême-Nord, du Nord et de l’Adamaoua, recevait pendant ce temps l’Assemblée nationale, avec l’arrivée de Cavaye Yeguie Djibril au perchoir. Ayang Luc, un autre fils du septentrion, toujours de l’Extrême-Nord comme le Président de l’Assemblée nationale, préside aux destinées du Conseil économique et social depuis 1984.

Est-ce superflu de rappeler qu’un autre fils de la forêt, couvrant les régions du Sud, du Centre et de l’Est, est le président du Conseil constitutionnel ? Clément Atangana vient de l’aire géographique de Paul Biya. Ce narratif a le sens d’éclairer la lanterne sur les prérequis qui déterminent les décisions présidentielles sur la dévolution du pouvoir à la tête des institutions. La géographie, le lieu de ressort de tout acteur politique est de ce fait crucial dans les nominations de Paul Biya. S’il est acté qu’on restera dans cette dynamique, il va sans dire qu’en cas de l’incapacité de Marcel Niat Njifendi, Paul Biya trouvera l’oiseau rare à l’Ouest à moins d’opérer une troisième révolution en confiant par exemple le Sénat aux régions anglophones et la Primature à l’Ouest. Il s’agit tout juste d’un cas de figure.

Portrait-robot introuvable d’un remplaçant à Marcel Niat Njifenji

Au regard de la pratique coutumière politique de Paul Biya, le Président du Sénat qui de jure est son dauphin constitutionnel en cas de couac, n’est pas choisi au hasard. Paul Biya a confié la présidence à un sénateur nommé, certainement parce que non seulement il lui fait confiance mais aussi et surtout parce qu’il doit tenir à ce que ce dernier lui soit redevable. Niat Njifenji avait été nommé alors qu’il était pratiquement en retraite politique. C’est donc de la seule volonté du chef de l’Etat qu’il se retrouve au perchoir. En plus, on constate que les deux hommes se connaissent depuis de longues dates à travers les arcanes du pouvoir sous le précédent régime. À titre de rappel, l’actuel président du Sénat a été vice-Premier ministre de Paul Biya. A côté de ceci, Paul Biya est né alors que Niat Njifenji l’est en 1934. Autant dire des amis d’âge. Si donc Paul Biya devait opter pour le remplacement de ce dernier , la tâche ne lui sera pas facile. Il reste en lice à l’Ouest 2 sénateurs nommés : Seydou Mbombo Njoya du Noun et Emmanuel Chatue du Nkoung-Khi. Le premier est le fils du sultan et sénateur Mbombo Njoya qui de son vivant avait tant espéré occuper le poste, en vain. Paul Biya pourrait-il confier au fils ce qu’il avait refusé au père qui par ailleurs était son ami?

Là est toute la question. Il peut par ailleurs faire les affaires selon le casting qui sied au chef de l’Etat parce que politiquement dans son fief, il est fragilisé. L’Union démocratique du Cameroun (Udc) tient le Noun de main de maître depuis des lustres. Cette faiblesse fait de lui un candidat sérieux au poste. Ce qui pourrait nuire à ses chances est son âge. Âgé de 63 ans dans le contexte camerounais, il est très jeune. « Le vieux » pourrait se méfier de lui, juste pour cela. Quant à Emmanuel Chatue, l’autre sénateur nommé de Bandjoun, il a ceci de particulier qu’il est un self made man et cela lui a réussi. Il est donc entreprenant et doit être ambitieux. Le travail bien fait va toujours avec l’ambition. Le patron de Canal 2 international, âgé de 59 ans est tout aussi perçu comme un jeune auprès de la vieille garde. Politiquement, il n’est aux avant-postes que très récemment et son fief est menacé par le Mouvement pour Renaissance du Cameroun (Mrc) qui pourrait rafler la mise sous sa barbe aux prochaines élections. Cette situation n’entame pour autant rien à ses chances d’arriver au perchoir. En dehors de ces deux Sénateurs nommés, il est possible que par calcul politique, Paul Biya jette son dévolu sur le Fo’o des Baham, sénateur élu de la région de l’Ouest. Dans cette hypothèse, l’objectif serait que sa majesté Pokam Téguia Max 2 fasse ombrage au leader du Mrc, lui aussi originaire de la même localité. Une façon espiègle de neutraliser les forces de l’adversaire.

Ce n’est pas impossible. Mais, qu’adviendrait-il s’il devait assumer l’intérim ? Là est une autre grosse interrogation à multiples réponses. Comme on le voit, le trio envisagé ici, est loin de remplir le cahier de charge politique tenu sereinement dans le sérail par Niat Njifenji depuis 2013, depuis 11 ans. C’est dire combien le remplacer ou envisager de le faire, pourrait être un casse-tête chinois, une difficulté pour le président Biya qui en poussant un seul pion pourrait signifier sans le vouloir, le détraquage de tout l’échiquier. Dans un tel contexte, il est très facile de perdre le contrôle de l’appareillage, l’effet domino ayant pris le dessus, dans une dimension inespérée. Cette session de plein droit au Sénat, va livrer toutes les appréhensions supposées ou réelles du régime de Paul Biya. Les munitions ne manquent pas, mais laquelle ? Heureusement pour lui qu’il est possible d’opérer une troisième révolution comme en 1992 et 2013. Le Sénat reviendrait par exemple à un natif de la zone anglophone du pays dans le sens bien compris d’une volonté d’y éteindre le feu. Il ne s’agit là que des vues de l’esprit, des hypothèses au cas où.

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