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Cameroun > Voyage de Paul Biya en Russie: L’audace d’un positionnement qui agace l’Occident

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Par Léopold DASSI NDJIDJOU

De toute évidence l’opinion publique des pays occidentaux voit dans le voyage du chef de l’Etat camerounais une sorte de glissement vers l’Est et même, dans une logique de grossissement des faits aux fins d’accuser, une confirmation du positionnement du pays en faveur de Vladimir Poutine. Bien sûr que si 17 chefs d’Etat africains sont du voyage, le dernier que beaucoup d’Occidentaux attendaient en Russie était certainement Paul Biya, réputé absentéiste aux grandes rencontres internationales.

Cette fixation sur le Cameroun et son chef revêt ses lettres de noblesse dans un monde bipolaire qui se recompose au bruit des obus comme c’est le cas présentement en Ukraine. Dès lors et logiquement, tous les pays africains traditionnellement réputés non alignés, souffrent le chaud et le froid dans quelques initiatives prises avec la Russie dans le but de protéger au mieux leurs intérêts. Pour preuve, il n’y a que 17 Etats représentés au sommet et cela indique l’ampleur de toutes les pressions sur les chefs d’Etat africains pour les dissuader d’honorer au rendez-vous de Saint-Pétersbourg. La dernière en date est venue de l’Afrique du Sud où le président Cyril Ramaphosa s’est vu contraint d’interdire à son allié Vladimir poutine dans le cadre des Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) de fouler son sol en août prochain.

Alors qu’il avait été invité à ce sommet des 5 pays, ce revirement trahit toute la pression sur le leader sud-africain. En contraste, on se souvient qu’alors qu’un mandat d’arrêt international était pendant contre le président soudanais Omar el Béchir au début de la dernière décennie, ce dernier s’était rendu dans plus d’une quinzaine de pays africains dont plusieurs sont membres de la Cour pénale internationale (Cpi). On peut citer entre autres, le Tchad, le Malawi, le Kenya, Djibouti, la Rdc, l’Ouganda, le Nigeria et l’Afrique du Sud. En se déplaçant en Russie, où près d’une vingtaine de ses pairs africains ont répondu favorablement à l’invitation de Poutine, le cas président camerounais défraie la chronique pour quatre faits majeurs.

Accord militaire avec la Russie

Le premier est la signature de l’Accord de coopération militaire entre le Cameroun et la Russie le 12 avril 2022 à Moscou alors que la guerre en Ukraine battait son plein. Les Occidentaux en ont fait une montagne même si à Yaoundé on n’a pas cessé de souligner qu’il s’agissait d’un renouvellement. Toujours est-il que la présence russe en Rca, pays voisin du Cameroun, enflamme toutes les suspicions en Occident et particulièrement à Paris, au sujet d’une éventuelle connexion entre le Kremlin et Yaoundé. Cette situation est d’autant quasi électrique quand on sait que ce 27 juillet, la destitution de Mohamed Bazoum, le président nigérien par l’armée de son pays, n’est pas venue arranger les choses : elle sonne un peu comme la fin de la présence française au Occidentale au Sahel car Niamey était à juste titre, le dernier rempart. Après le Mali et le Burkina Faso avec des juntes alliées systématiquement au Kremlin, la chute de Bazoum est un sévère revers pour Paris. Le Cameroun de toute évidence donne des sueurs aux adversaires de Poutine, car personne ne sait exactement le contenu des échanges entre les deux hommes en privé. Si la délégation accompagnant Paul Biya est conséquente avec plusieurs départements ministériels, il n’a pas échappé que le Mindef faisait partie de cette équipe, ce qui subodore que les affaires de Défense et de sécurité, étaient au menu des échanges.

La Russie sur pied de guerre avec les Occidentaux

Un autre point qui montre que le voyage de Paul Biya agace l’Occident, est la ritournelle mise en garde contre la Russie par Emmanuel Macron lors de son dernier voyage à Yaoundé au mois de juillet de l’année dernière. A Yaoundé comme à Cotonou, il a mis en garde les capitales africaines contre le « nouveau type de guerre mondiale hybride » que mène Moscou, qui « a décidé que l’information, l’énergie et l’alimentation étaient des instruments militaires mis au service » de la guerre en Ukraine. « La Russie est l’une des dernières puissances impériales coloniales », déclarait-il in extenso. Sur le continent, combien l’ont entendu de cette oreille ? Les chefs d’Etat africains en se rendant à  Saint-Pétersbourg se sont jetés selon l’Elysée dans les bras d’une puissance impériale. Ce faisant, on aurait souhaité que les chefs d’Etat, en bottant en touche les sollicitations de la France, le fasse dans l’intérêt supérieur de leur Etat, de leur peuple. Qu’importe, c’est un signal à tout au moins que l’Afrique bouge et s’affranchit au jour le jour des pesanteurs nées de la colonisation. Le président burkinabé n’est pas passé par quatre chemins devant ses pairs, pour demander aux uns et autres d’arrêter de danser comme des marionnettes dont les puissances impérialistes tirent sur les ficelles. Un discours tranché et à la limite clivant, mais qui exprime toute la hargne de la nouvelle génération des leaders africains de s’affranchir des tutelles stratégiques.

Les zigzags de Yaoundé

Pour terminer, il va sans dire que les Occidentaux ne voient pas d’un bon œil les zigzags de Yaoundé qui au sein des institutions onusiennes, prend de plus des libertés dans des situations critiques où toute sa docilité est souhaitée et attendue. Au début de la guerre en Ukraine, précisément le 2 mars de l’année dernière, au vote de la résolution de l’Onu sur l’Ukraine qui exigeait que « la Russie cesse immédiatement de recourir à la force contre l’Ukraine », le Cameroun de Paul Biya n’était même pas à l’hémicycle au moment où beaucoup de pays africains s’abstenait de prendre position. Ce jour-là, en plus du Cameroun, le Maroc et 17 pays africains s’étaient abstenus. Pour terminer, Paul Biya se rend à ce deuxième sommet avec l’intention bien entendue d’effacer le retentissement de son absence au premier sommet Russie-Afrique qui se tenait du 22 au 25 octobre 2019 à Sotchi. Et pour cause, le ministre français des Affaires Etrangères Jean-Yves Le Drian était venu subitement au Cameroun alors que le programme de voyage du chef de l’Etat camerounais était connu. Cette fois-ci, rentré fraîchement de voyage en Europe, il s’est aussitôt envolé pour la Russie. Prenant tout le monde de court, même ses propres citoyens. C’est cela aussi afficher du cran dans son positionnement dans le concert des Nations, au gré des contingences du monde. Il n’existe pas un axe absolu ou éternel du mal sur la scène internationale.

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