Par Arlette Akoumou Nga
Les feux de forêt ont forcé les autorités à placer les Territoires du Nord-Ouest (TNO) en état d’urgence.La situation est particulièrement critique vendredi à Yellowknife, la capitale des Territoires du Nord-Ouest (TNO), où 20 000 personnes sont forcées de quitter leur domicile.
Les autorités ne dénombraient pas moins de 230 feux actifs jeudi, et 13,5 millions d’hectares brûlés. Au plus grave de la crise, soit le 19 juillet, le pays déplorait plus de 800 incendies actifs sur son territoire.
Le total des hectares brûlés établit non seulement un record absolu de superficie incendiée, mais double presque le précédent record, alors qu’en 1989, 7,3 millions d’hectares avaient été décimés, rapporte le Centre interservices des feux de forêt du Canada (CIFFC).
Une saison inhabituelle
Bien que les feux de forêt ne soient pas inhabituels au Canada entre les mois de mai et d’octobre, la situation actuelle est inédite pour plusieurs raisons, rapporte BFMTV.
Outre l’ampleur des feux, une porte-parole du CIFFC, Jennifer Kamau, a expliqué au New York Times que cette année les feux ont commencé «tôt et à de multiples endroits en même temps», ce qui constitue un défi supplémentaire pour les quelque 2000 pompiers luttant contre les incendies. La superficie des feux augmente elle aussi de façon inquiétante. Le CIFFC indique par exemple que dans les années 1980, les feux couvraient en moyenne 112 hectares, alors qu’entre 2013 et 2022, ils couvrent plutôt 509 hectares.
Les causes possibles des feux
Le professeur en ressources environnementales et forestières Robert Scheller à l’université publique de Caroline du Nord a indiqué à College of Natural Resources News que le «Canada a connu une chaleur et une sécheresse inhabituelles au printemps, permettant aux combustibles qui nourrissent les feux de forêt de sécher plus vite et plus tôt qu’observé auparavant.»
Outre le fait que plusieurs records de températures ont été établis au Canada ces dernières semaines, le gouvernement a indiqué que 59% du territoire était confronté à une sécheresse dite inhabituelle, ou de modérée à exceptionnelle.
Le météorologiste de Weather Network a par ailleurs mentionné à Reuters que l’hiver canadien avait été particulièrement avare de neige. Les chutes de neige ont en effet été bien plus faibles que les années antérieures, notamment dans l’est du pays.
À Halifax, en Nouvelle-Écosse, les précipitations ont elles-mêmes été de moindre envergure entre mars et mai, a encore pointé le météorologue.
Les conséquences du jet stream
À ces divers facteurs s’ajoute, selon Edward Struzik, professeur à l’Institut pour la politique environnementale et énergétique à l’université de la Reine au Canada, une autre variable d’importance, soit le jet stream.
Ce courant d’air rapide situé en altitude a évolué ces dernières années de manière à engendrer davantage de «dômes de chaleur, ce qui prépare le terrain pour des incendies.» Les mutations du jet stream engendrent ainsi des températures plus élevées couplées à des épisodes de sécheresses plus fréquents que par le passé.