Par Joël Onana
Selon le calendrier que vient de publier Michel Dzombala, le vice-gouverneur de la Beac, ces opérations visent à prélever au total 150 milliards de Fcfa dans les coffres-forts des banques (à raison de 50 milliards de Fcfa par opération), dans le cadre de la politique monétaire restrictive mise en œuvre par la banque centrale depuis 2022 pour combattre l’inflation.
Les opérations que se prépare à lancer la Beac sont assorties de taux d’intérêt de 3,5% pour les bons de 28 jours de maturité, et 2,5% pour les titres de 14 jours de maturité. Pour participer aux différentes opérations qui visent à ponctionner la liquidité des banques, les établissements de crédit doivent s’assurer de ne pas solliciter de facilité auprès de la banque centrale durant toute la durée de la maturité des valeurs émises. De même que lesdits titres ne sont pas admis aux opérations de refinancement de la Beac, apprend-on officiellement.
Après la hausse des taux directeurs, la suspension des opérations d’injection de liquidité et l’intensification des opérations hebdomadaires de ponction de la liquidité bancaire, les bons Beac sont la nouvelle arme de la banque centrale pour essayer d’assécher les banques et restreindre l’accès au crédit, dans l’optique de pouvoir réduire la part de l’inflation d’origine monétaire (20%). La Beac a été autorisée à opérationnaliser ce nouvel instrument au sortir du Comité de politique monétaire (CPM) du 12 décembre 2023, après le constat de la persistance des tensions inflationnistes, malgré le durcissement de la politique monétaire.
« Nous allons demander à la communauté des banques qui ont de l’argent à remettre à la banque centrale de nous proposer des taux, suivant les montants de liquidité que nous voulons retirer du système. Chaque banque va faire son enchère, et au final nous allons obtenir un taux et retrancher la liquidité excédentaire qui existe dans ces banques. (…) il est question pour la Beac d’accélérer la résorption de l’excès de liquidité bancaire sur le très court terme, et mieux monitorer son évolution », avait expliqué le désormais ancien gouverneur de la Beac, Abbas Mahamat Tolli, au cours de la conférence de presse qui avait ponctué le CPM du 12 décembre 2023.
Se conformant à l’autorisation du CPM, la Beac a lancé la toute première émission de bons le 9 février 2024, pour un montant de 50 milliards de Fcfa et un taux d’intérêt de 3,5%. Mais, l’opération sera déclarée infructueuse. Visiblement pas du tout échaudée par le sort de cette première opération, la Beac revoit ses ambitions à la hausse, en tentant cette fois-ci de délester les banques d’une enveloppe de 150 milliards de Fcfa en deux semaines. Ce qui témoigne de l’existence d’un surplus de liquidité bancaire dans la zone Cemac, qui est susceptible de continuer à entretenir l’inflation. Surtout dans un contexte d’augmentation des prix des carburants à la pompe dans des pays tels que le Cameroun et le Tchad.