Par Joël Onana
Les États-Unis attaquent sans retenue
Les composants électroniques sont d’une importance capitale dans la grande bataille technologique qui oppose les États-Unis à la Chine. Depuis déjà quelques mois, le gouvernement américain a empêché l’exportation de certaines technologies vers la Russie et la Chine. Dans le lot, on retrouve surtout des processeurs, des puces électroniques permettant de calculer un grand nombre de données simultanément, sachant que les dernières technologies développées par de grands fabricants sont ultraperformantes, surtout pour l’intelligence artificielle.
L’administration de Joe Biden, l’actuel président des États-Unis, a aussi cherché à interdire la fabrication d’outils électroniques de sociétés américaines manufacturées sur le territoire chinois. Pour mettre en place ce plan, les États-Unis ont commencé à taxer plus fortement les entreprises qui fabriquent des composants électroniques en Chine à partir de début 2023.
Nous allons également mettre en place des garde-fous pour garantir que ceux qui reçoivent les fonds pour la fabrication de composants électroniques ne compromettent pas la sécurité nationale. (…) Ils (les entreprises) n’ont pas le droit d’utiliser cet argent pour investir en Chine, ils ne peuvent pas développer des technologies de pointe en Chine, et ils ne peuvent pas les envoyer à l’étranger.
La secrétaire américaine du commerce, Gina Raimondo, affirme que les entreprises américaines qui fabriquent en Chine ne seraient pas autant pénalisées qu’elles le pensaient. Bien sûr, il faut aussi avouer que si ces entreprises fabriquent là-bas, c’est pour profiter de la main-d’œuvre à bas prix et les conditions de travail très difficiles en Chine.
La Chine se défend par l’attaque
Dans un récent communiqué, le gouvernement chinois affirme que le géant des technologies de puces, Micron, serait soumis à un contrôle afin de ne pas “compromettre la sécurité nationale”. Micron est une société américaine spécialisée dans les espaces de stockage, comme les disques durs, les SSD, etc.
L’autorité de régulation chinoise de l’espace cybernétique a annoncé dimanche que le principal fabricant américain de puces de mémoires présente de “graves risques pour la sécurité des réseaux”. Cela signifie que les produits de l’entreprise seront interdits dans les projets d’infrastructures clés de la deuxième économie mondiale. Il s’agit de la première mesure majeure de la Chine à l’encontre d’un fabricant américain de puces, alors que les tensions augmentent entre Pékin et Washington. Cette annonce est le dernier développement d’un différend de longue date concernant la technologie cruciale pour les économies du monde entier.
C’est ainsi que l’on retrouve la Chine jouer au même jeu que les USA en bloquant une de leur entreprise essentielle technologiquement. Micron est un géant et a besoin de la Chine. Sauf qu’avec cette annonce, Pékin prouve qu’ils ont aussi les moyens de faire mal aux États-Unis. Dans une déclaration, l’Administration chinoise de l’espace cybernétique (CAC) a déclaré :
L’examen a révélé que les produits de Micron présentent de graves risques pour la sécurité des réseaux, ce qui constitue un risque important pour la chaîne d’approvisionnement de l’infrastructure d’information critique de la Chine, affectant ainsi la sécurité nationale de la Chine”.
La CAC n’a pas précisé les risques qu’elle prétend avoir identifiés ni les produits de Micron concernés. D’ailleurs en réalité ce n’est pas vraiment le sujet. Micron le sait très bien, ils n’ont probablement pas fauté, pourtant ils n’iront pas à l’encontre de la décision. Car la Chine au final n’attend que ça. Avec une contestation et un refus de payer, c’est une bonne raison pour virer une entreprise de son pays.
C’est une guerre entre des États qui se joue par le biais d’entreprises. Que ce soit Huawei ou Micron, ils ne sont que les dommages collatéraux de ces multiples batailles. Sauf que cela commence à coûter cher aux deux pays…
