Par Sandra Embollo
Une petite victoire pour les partisans du président Yoon: son premier ministre Han Duck-soo retourne immédiatement aux affaires après le verdict de la Cour constitutionnelle prononcé ce matin. « La procédure de destitution de Han a été rejetée à cinq votes contre un par les huit juges de la Cour », selon Yonhap. M. Han avait été suspendu par les députés en décembre, après un premier court intérim.
La Corée du Sud est plongée dans le chaos politique depuis le coup de force de son président en titre, Yoon Suk-yeol, dans la nuit du 3 au 4 décembre. L’ancien procureur vedette avait déclaré la loi martiale par surprise et envoyé l’armée au Parlement pour tenter de le réduire au silence. Mais un nombre suffisant de députés était parvenu à se réunir pour rapidement contrecarrer ses plans en votant à l’unanimité le retour au régime civil. Contraint par la Constitution, Yoon Suk-yeol avait dû obtempérer.
Les députés ont voté le 14 décembre une première motion de destitution contre le dirigeant, alors suspendu de ses fonctions. Puis le 27 contre son premier remplaçant, Han Duck-soo, accusé d’entraver les procédures contre le président. Han Duck-soo était également visé par cette procédure en raison de son refus de nommer les juges de la Cour constitutionnelle. L’intérim était, jusqu’à la décision de la Cour constitutionnelle lundi, assuré par le ministre des Finances Choi Sang-mok. Ce dernier a alors nommé les juges concernés. Ceux-ci considèrent bien que la démarche de Han Duck-soo s’agit d’une enfreinte à la loi, mais pas suffisamment grave pour justifier une destitution.
Verdict imminent pour Yoon Suk-yeol
Si la décision de la Cour vis-à-vis de Han Duck-soo conforte les partisans du président Yoon, le Premier ministre n’était pas directement impliqué dans la tentative d’imposer la loi martiale et les juges n’ont statué que sur un litige de procédure. Difficile donc de dire si le président Yoon Suk-yeol connaîtra lui aussi un jugement favorable.
Les experts prédisent toutefois un verdict de la Cour constitutionnelle dans les jours qui viennent, mais la date précise n’a pas été annoncée. Si les juges prononcent sa déposition définitive, une nouvelle élection présidentielle devra être organisée dans les 60 jours. Sinon, il sera rétabli dans ses fonctions.
Yoon Suk-yeol est par ailleurs jugé au pénal dans un procès parallèle pour « insurrection », après sa brève imposition de la loi martiale. Il avait été arrêté début janvier puis placé en détention, avant d’être remis en liberté le 8 mars pour vice de procédure. En Corée du Sud, l’insurrection est un crime passible de la prison à vie, voire de la peine de mort.