Par Arlette Akoumou Nga
La situation est tellement difficile qu’elle rappelle à de nombreux habitants la crise qu’a connue Cuba lors de la chute de l’Union soviétique, en 1991 : l’île avait alors perdu son principal soutien économique et vécu de très graves pénuries.
Aujourd’hui, la récession n’est pas du tout aussi profonde qu’au début des années 1990. Mais d’après l’Ong indépendante Observatoire cubain des droits de l’homme, près de 9 habitants sur 10 vivent sous le seuil de pauvreté absolue.
L’inflation a atteint 30 % sur an, d’après les chiffres officiels. Les files d’attente pour obtenir quelques kilos de riz ou du café sont quotidiennes. Le gouvernement ne parvient pas à fournir les produits de base en théorie accessibles avec la carte de rationnement. Les prix ont explosé sur le marché parallèle.
La Havane a même demandé le mois dernier de l’aide au Programme alimentaire mondial (Pam) de l’Onu pour fournir du lait en poudre aux enfants. Une demande inédite pour le pays : si ce recours avait déjà eu lieu, cela était uniquement lors de catastrophes naturelles. Dans ce contexte déjà critique, une série de nouvelles mesures d’austérité est entrée en vigueur au début du mois : le prix de l’essence officiel a été multiplié par 5 et celui de l’électricité a augmenté de 25 %, alors que beaucoup d’habitants n’ont du courant que quelques heures par jour.
Le pouvoir reconnaît un « mécontentement »
Le président cubain Miguel Diaz-Canel a déclaré sur le réseau social X que « plusieurs personnes ont exprimé leur mécontentement concernant le service électrique et la distribution de nourriture ». Il a mis en garde contre « les ennemis de la Révolution » qui exploitent ce contexte « à des fins déstabilisatrices », fustigeant « des terroristes basés aux États-Unis, que nous avons dénoncés à plusieurs reprises, qui encouragent des actions pour déstabiliser le pays ».
L’ambassade des États-Unis à Cuba a appelé sur X le gouvernement cubain à « respecter les droits (…) des manifestants ». Le ministre cubain des Affaires étrangères, Bruno Rodriguez, a ensuite exhorté Washington à ne pas « s’ingérer dans les affaires intérieures du pays », sur le même réseau social.