Par Sandra Embollo
Les 12 jurés, qui avaient entamé leurs délibérations lundi matin au tribunal de Pontiac, dans le Michigan, ont rendu leur verdict mardi en début d’après-midi. Le prononcé de la peine de Jennifer Crumbley, 45 ans, mère d’Ethan Crumbley, a été fixé au 9 avril. Le père, James Crumbley, 47 ans, doit être jugé séparément en mars.
Les parents sont poursuivis pour homicide involontaire résultant d’un manquement à leur devoir légal de contrôler les actes de leur enfant, âgé de 15 ans au moment des faits. Ils encourent une peine maximale de 15 ans de prison.
Mme Crumbley a manqué à son « devoir de vigilance élémentaire », a affirmé vendredi au dernier jour d’audience la procureure du comté d’Oakland, Karen McDonald, estimant qu’une initiative de sa part aurait pu éviter la tuerie.
« Elle aurait pu fouiller son sac à dos, elle aurait pu demander à son fils où était le pistolet. Elle aurait pu mettre les munitions sous clé, elle aurait pu bloquer le pistolet. Elle aurait pu dire à l’école qu’ils venaient de lui offrir un pistolet. Elle aurait pu leur parler de la crise traversée précédemment par son fils et de son appel à l’aide ».
a-t-elle énuméré.
Mais l’avocate de la défense, Shannon Smith, avait invoqué le caractère « imprévisible » de la tragédie. « Tous les parents peuvent-ils être responsables de tout ce que font leurs enfants ? », a argué l’avocate, s’inquiétant d’une « procédure très dangereuse pour l’ensemble des parents et l’une des premières de ce type ».
« L’empêcher de faire du mal »
Jennifer Crumbley a témoigné la semaine dernière que son mari avait rapporté quelques jours avant la tuerie le pistolet Sig Sauer calibre 9 mm comme cadeau de Noël anticipé et qu’elle avait emmené son fils à un stand de tir le lendemain.
« En tant que parent vous passez votre vie à protéger votre enfant du danger. Vous n’imaginez jamais devoir l’empêcher de faire du mal à quelqu’un d’autre ».
a-t-elle dit.
Malgré une convocation des parents au lycée le jour du drame, les enseignants ayant découvert un dessin « alarmant » sur la table d’Ethan Crumbley et leur conseillant de le faire suivre psychologiquement, ils étaient repartis sans le ramener à la maison.
Face au nombre de morts par armes à feu impliquant des mineurs, la pression monte aux États-Unis pour punir les parents qui permettent, souvent par négligence, l’accès à ces armes. En décembre, la mère d’un élève de six ans qui avait grièvement blessé par balle sa professeure d’école a été condamnée à deux ans de prison pour négligence parentale par la justice de l’État de Virginie. Le mois précédent, le père d’un homme accusé d’avoir ouvert le feu en 2022 lors des célébrations de la fête nationale américaine près de Chicago, faisant sept morts, avait plaidé coupable pour comportement irresponsable pour l’avoir aidé à acheter l’arme utilisée lors de la tuerie.
Ethan Crumbley a été jugé comme un adulte et condamné en décembre à perpétuité sans possibilité de libération anticipée par un tribunal du comté d’Oakland. L’adolescent avait plaidé coupable en octobre 2022 d’avoir apporté à son lycée le pistolet avec 50 balles dans son sac à dos et d’avoir tiré sur les lycéens.
Il avait tué deux filles et deux garçons âgés de 14 à 17 ans et blessé six autres élèves et un enseignant.