Par Sandra Embollo
Un escalier incurvé, quant à lui, faisait signe à des royaumes toujours plus élevés au-dessus de l’agitation de Manhattan. Cette semaine, la société new-yorkaise s’y est réunie une fois de plus pour une occasion bien plus sombre : le rituel de deuil juif de shiva, à la suite du suicide tragique de Lee par balle le 23 février. Le pionnier du rachat de capital-investissement avait 78 ans et laissait derrière lui sa femme 27 ans, cinq enfants, deux petits-enfants et de nombreuses questions sans réponse.
Alors que la famille est en deuil et que Wall Street rumine sur l’héritage de Lee, certaines des implications de son décès ont déjà commencé à rayonner dans le monde des musées et le marché de l’art. Administrateur de musée de longue date, Lee a rassemblé un trésor d’art rempli de peintures de Mark Rothko, Roy Lichtenstein, Jackson Pollock et Francis Bacon. Une peinture monumentale bleu et rouge de 1964 d’Ellsworth Kelly qui est accrochée dans le salon est un cadeau promis au Whitney Museum of American Art, au conseil d’administration duquel Lee a siégé pendant 29 ans. Certaines photographies décorant la maison font partie d’un cadeau promis au Metropolitan Museum of Art, qui a rendu hommage à l’œil du couple pour le médium avec une exposition publique en 2020, “Photography’s Last Century: The Ann Tenenbaum and Thomas H. Lee Collection”.
Lee a commencé à acheter de l’art d’après-guerre et contemporain dans les années 1990, une décennie importante dans sa vie professionnelle et personnelle. En 1992, sa société basée à Boston, Thomas H. Lee Partners, a acquis Snapple pour environ 135 millions de dollars, l’a rendu public, puis l’a revendu à Quaker Oats deux ans plus tard pour 1,7 milliard de dollars. (Le brillant retournement de Lee s’est avéré être un flop géant pour Quaker Oats, qui a revendu la société de boissons pour seulement 300 millions de dollars moins de trois ans plus tard, inspirant des titres comme « Quaker-Snapple : 1,4 milliard de dollars sont tombés à l’eau »). Armé d’environ 927 millions de dollars provenant de cette vente, Lee a sauté dans le monde de l’art en tant que collectionneur et philanthrope. En 1994, il rejoint le conseil d’administration du Whitney, où il jouera un rôle important, siégeant au comité exécutif ainsi qu’aux comités supervisant le département de peinture et de sculpture modernes et les nominations au conseil. Au bâtiment Breuer, l’ancienne maison des Whitney, Lee a commémoré des galeries au deuxième étage en l’honneur de ses parents Mildred et Herbert Lee. “Il a apporté l’attitude d’un homme d’affaires et d’un entrepreneur à un secteur qui, comme vous le savez bien, est beaucoup moins axé sur cela que sur le moment présent”, a déclaré Maxwell Anderson, le directeur de Whitney de 1998 à 2003, notant que, comme président du comité de nomination, Lee était “essentiel pour tracer l’avenir de l’institution en recrutant de nouveaux talents, un soutien et des idées”.
“J’ai le cœur brisé par la perte de Tom Lee, un administrateur honoraire bien-aimé et un partisan résolu et généreux du Whitney Museum”, a déclaré Adam D. Weinberg, directeur du Whitney depuis 2003. “Un administrateur depuis près de trois décennies, Tom incarnait la passion, le dévouement et la vision qui font avancer notre mission. Son courage, sa ténacité, sa générosité et son sens de l’humour nous l’ont tous fait aimer. Il laisse une marque indélébile sur le Whitney et sur nos cœurs. C’était un très cher ami, et il me manquera terriblement.
