Par Léopold DASSI NDJIDJOU
Le discours très attendu de l’économiste a porté sur l’avenir de l’industrialisation de l’Afrique au cours de la conférence de trois jours dont le thème portait sur «Africa Futures ». Selon le Dr Denis Foretia, qui est par ailleurs membre du groupe consultatif technique de l’Africa Policy Bridge Tank de l’Auda-Nepad, représentant le Nkafu Policy Institute, d’ici 2050 une personne sur quatre dans le monde sera africaine.
« En tant que continent, nous ajouterons plus de 800 millions de personnes à la population active mondiale et nous aurons la population la plus jeune et en même temps la plus nombreuse ».
a-t-il déclaré.
Pendant ce temps, la contribution de l’Afrique à l’industrie manufacturière mondiale ne représente que 1,9 %, ce qui la place au bas de l’échelle mondiale. Cette disparité est évidente dans le déséquilibre commercial, où les produits manufacturés constituent une part substantielle des importations, représentant 62 % des importations totales. Entre 2018 et 2020, les produits manufacturés ne représentaient que 18,5 % des exportations globales. Dans la foulée, il a indiqué que les industries en Afrique ne se développent pas à un rythme palpable pour créer le nombre d’emplois décents dont on a besoin sur le continent. Alors que notre population augmente chaque jour, la contribution du secteur industriel à la création d’emplois n’a pas changé du tout depuis trois décennies. La part de l’industrie manufacturière dans le produit intérieur brut (Pib) n’a cessé de diminuer depuis les années soixante et n’est plus que de 12 %.
En outre, l’instabilité politique et les conflits qui prévalent dans plusieurs pays africains ont également découragé les investisseurs d’engager leurs ressources sur le continent, entravant ainsi davantage les efforts d’industrialisation. Les pays africains ont également été critiqués pour leur dépendance excessive à l’exportation de matières premières et à l’importation de biens de consommation et de services, étouffant ainsi la croissance du secteur manufacturier et des industries.
« Le continent doit redéfinir la priorité du secteur industriel pour transformer nos économies. Nous devons améliorer l’environnement des affaires pour lutter contre l’informalité et augmenter la génération de revenus gouvernementaux ».
a déclaré le Dr Denis Foretia.
L’Agence de développement de l’Union africaine quant à elle note que le faible niveau d’industrialisation en Afrique peut être attribué à divers facteurs, notamment à des politiques défavorables telles que le remplacement des importations par l’État, l’ajustement structurel et les réformes du climat d’investissement mises en œuvre par de nombreux pays africains à la fin des années 80 et au début des années 90. Ces politiques ont entravé la croissance du secteur manufacturier, du secteur industriel et du développement industriel.
Politique d’urgence
Les initiatives de perfectionnement et de reconversion doivent être élargies pour accroître la participation au marché du travail et la productivité. La priorité doit être accordée à la diversification économique et au développement des chaînes de valeur régionales. Et plus important encore, le continent et ses États membres doivent surmonter le dilemme de mise en œuvre et améliorer l’exécution de la politique industrielle par les gouvernements.
« Les gouvernements doivent jouer un rôle actif et ciblé dans la création des structures d’incitation et des intrants nécessaires au décollage industriel. Si l’on ne met pas l’accent sur l’industrialisation, le dividende démographique risque de devenir une malédiction démographique ».
a martelé le Dr Foretia.
Il faut ajouter que la conférence a réuni les principaux groupes de réflexion africains, les commissaires et dirigeants de l’Union africaine, les représentants des huit communautés économiques régionales (Cer) de l’Union africaine, les partenaires de développement, les membres du corps diplomatique et les dirigeants de l’Auda-Nepad. Les autres institutions du Groupe consultatif sont l’Institut d’études de sécurité (Iss – Afrique du Sud), l’Institut sud-africain des affaires internationales (Saila), le Centre africain pour la transformation économique (Acet – Ghana), le Consortium de recherche économique en Afrique (Cre – Kenya), la Science Technology Innovation Policy Research Organisation (Stipro – Tanzanie) et le Policy Centre for the New South (Pcns – Maroc).