Par Hajer Elina
La préfecture de police de Paris vient d’interdire la marche contre le racisme, l’islamophobie et pour la protection des enfants, initiée par les mères et militantes antiracistes Amal Bentounsi (Urgence notre police assassine) et Yessa Belkhodja (Collectif de défense des jeunes du Mantois) et soutenue par des collectifs antiracistes, de lutte contre les crimes policiers, d’acteur·ices du mouvement social, des artistes et chercheur·ses.
Ce nouveau coup de force d’un exécutif en plein virage autoritaire et liberticide intervient juste après les pressions exercées sur l’université de Lille et ayant conduit à l’annulation d’une conférence de Jean-Luc Mélenchon et Rima Hassan sur la situation en Palestine qui devait s’y tenir. Le motif invoqué par les autorités est le même : prévenir les troubles à l’ordre public et la diffusion de propos antisémites.
La liberté d’expression, comme le droit de manifester, ont été gravement remis en question : manifestations interdites, répressions policières, pressions sur les lieux d’accueil des événements, campagnes de diffamation, poursuites judiciaires… Rien n’est épargné à celles et ceux qui s’engagent depuis plusieurs mois pour que cesse la guerre génocidaire menée par l’État d’Israël à Gaza. L’interdiction de la marche du 21 avril s’inscrit dans un contexte politique déjà saturé par les manœuvres autoritaires du gouvernement.
Pire, la préfecture de Police justifie l’interdiction d’une marche dénonçant le racisme, les violences policières et les conséquences de ces dernières sur les enfants par le prétendu souci de lutter contre l’antisémitisme. Le communiqué, signé par le préfet, affirme que “porter l’attention sur les enfants de Gaza est denature […] à porter en son sein des slogans antisémites”. Cette accusation relève d’un déni d’humanité insupportable porté sur les Palestinien·nes gazaoui·es, et notamment les enfants, dont le sort devrait être tu. En creux, on y lit également un regard raciste porté sur les Français·es de confession musulmane, qui seraient naturellement antisémites et forcément excessif·ves dans leur dénonciation des crimes de guerre israéliens.
Pourtant, les manifestations de solidarité avec le peuple palestinien n’ont pas été le théâtre de faits ou de propos antisémites. Le communiqué de la préfecture de police de Paris relève d’une instrumentalisation de la lutte contre l’antisémitisme aussi grossière que dangereuse pour l’ensemble du mouvement social, et notamment pour la lutte contre l’antisémitisme elle-même.
Le collectif Tsedek!, signataire de l’appel à la marche du 21 avril contre le racisme, l’islamophobie et pour la protection des enfants, dénonce son interdiction et l’instrumentalisation de la lutte contre l’antisémitisme à des fins autoritaires. Nous soutenons les organisatrices et mettrons toutes nos forces dans la lutte contre le tournant autoritaire, le racisme d’État et le colonialisme sous toutes ses formes et où qu’il soit.