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Coup d’Etat au Gabon : « Le Sénégal pourrait tomber demain, puis la Côte d’Ivoire… »

Par panorama papers
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Par Joël Onana

La Côte-d’Ivoire et le Sénégal sont avertis – Vincent Crouzet, derrière une tenue de langue parfois malheureuse, restée figée, archaïque, colonialiste et arrogante, l’écrivain et surtout ancien agent du renseignement français en Afrique à la retraite, avance certaines vérités.
Désormais, plus aucun pays n’est à l’abri d’un putsch, surtout les États dont les dirigeants passent le clair de leurs temps à manipuler les lois, selon leurs humeurs du jour, pour s’octroyer des mandats anticonstitutionnels.

Coup d’Etat au Gabon : « Le Sénégal pourrait tomber demain, puis la Côte d’Ivoire… »

Pour Vincent Crouzet, ancien de la DGSE (La direction générale de la Sécurité extérieure), les derniers putschs pourraient entraîner un délitement de l’Etat extrêmement dangereux.

Des militaires putschistes ont annoncé mettre « fin au régime en place » au Gabon et avoir placé en résidence surveillée le président sortant Ali Bongo Ondimba, dont la réélection après 14 ans au pouvoir venait d’être annoncée dans la nuit.

Ancien collaborateur de la DGSE, spécialiste de l’Afrique, ex-conseiller auprès du Secrétaire d’État au Commerce extérieur, et auteur de romans d’espionnage, Vincent Crouzet analyse les récents putschs au Niger et au Gabon. Un délitement de l’Etat dans ses pays serait « extrêmement dangereux », avertit ce bon connaisseur du continent, qui redoute un effet de contagion dans d’autres pays. Interrogé par L’Express, Vincent Crouzet répond.

Après celui au Niger, le 26 juillet, le coup d’Etat en cours au Gabon, ce mercredi 30 août, ne semble pas avoir été anticipé. Y avait-il des signes avant-coureurs ?

On a observé des tensions pendant la période électorale. Ali Bongo était contesté. La mauvaise gouvernance donne prise à des critiques dures et au populisme. Mais il est inacceptable d’affirmer qu’une mauvaise gouvernance légitime un coup d’Etat.

Même si nombre de démocraties africaines sont imparfaites, il existe tout de même des exemples plutôt positifs, comme au Kenya, en Côte d’Ivoire ou au Sénégal. Il faut s’accrocher à ces signes d’espoir, parce que chaque fois que des militaires prennent le pouvoir par un putsch, des gens qui n’ont absolument aucune compétence pour gouverner, aucune compétence diplomatique pour négocier – comme on le voit au Niger – tirent le continent vers le bas.

En quoi ce coup d’Etat s’inscrit-il dans la logique des putschs récents au Mali, au Burkina Faso et au Niger ?

Les militaires gabonais ont malheureusement pris exemple de ce qui s’est passé au cours des dernières années en Guinée, au Mali, au Burkina Faso, et tout récemment au Niger. A partir du moment où personne n’a été capable de mettre un arrêt ferme et définitif à ces coups d’Etat, le risque s’est diffusé ailleurs. C’est un très mauvais signal envoyé. Et d’autres pays pourraient suivre.

En tant qu’ancienne puissance coloniale, nous sommes en permanence dans le repentir. Nous n’assumons pas le fait que pour rester une puissance d’envergure, nous devons conserver une influence politique, économique et militaire en Afrique, face notamment à la présence chinoise et russe sur le continent. Nos concurrents n’ont pas ces scrupules.

Nous perdons pied sur ce continent. Il faudrait avoir la volonté politique de renverser la tendance. Je suis très sceptique sur les racines du sentiment anti-français. Je crois qu’il est en partie véhiculé par les élites panafricaines et qu’il ne répond pas à quelque chose de réel, au sein des populations, en Afrique sahélienne.

L’ère Bongo, père et fils, pourrait se terminer, après 55 ans de règne…

Il est tout à fait normal que l’ère Bongo se termine un jour ou l’autre. Comme se terminera l’ère Déby au Tchad. Cela semble inéluctable, mais cela ne peut raisonnablement pas se terminer par un coup d’Etat. Après le Niger et le Gabon, si l’on rentre dans cette logique, le Sénégal pourrait tomber demain, puis la Côte d’Ivoire…

Même si on peut déplorer de la mauvaise gouvernance, le Niger et le Gabon sont de véritables États, qui, malgré tout, fonctionnent, et disposent d’élites politiques, de sociétés nationales. Un délitement de ces Etats serait extrêmement dangereux.

Quels sont les risques principaux ?

Cela laisserait la porte ouverte au djihadisme, mais aussi à toutes sortes de systèmes criminogènes, à des guerres civiles, mais aussi à des influences néfastes dans un contexte de rivalité globale avec la Russie.

Outre ses richesses pétrolières, le Gabon est un grand producteur de bois. Wagner a démarré une activité importante de ce type en République centrafricaine à travers la compagnie Bois Rouge qui lui apporte énormément de profits. Les ressources en bois du Gabon pourraient à leur tour faire l’objet d’une prédation russe.
Même si Wagner n’est, semble-t-il, pas derrière ces coups d’Etat, le renseignement militaire russe, très présent en Afrique, peut avoir joué un rôle. Les Russes sont, en tout cas, opportunistes et prêts à s’engouffrer dans tous les espaces vides.

Quels problèmes géopolitiques posent les coups au Niger et au Gabon ?

Le Niger se situe au cœur des routes sahariennes, et donc au cœur des grands enjeux politiques touaregs et djihadistes. Le Gabon fait la transition entre une partie de l’Afrique francophone, une partie de l’Afrique anglophone, et l’Afrique équatoriale. Il a toujours été un pays charnière. Outre ses ressources pétrolières, c’est un pays qui dispose de vraies élites intellectuelles et politiques. Mais le Niger est plus stratégique que le Gabon, dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, mais aussi, en raison de sa position entre le Maghreb et l’Afrique subsaharienne.

La raison numéro un de ces coups d’Etat, c’est la foire aux vanités et à la prévarication au sein des élites militaires, et le fait que nous ne sommes plus introduits dans les gardes présidentielles. Avant, la France disposait toujours de relais au cœur du palais, qui pouvaient fournir des informations et prévenir. Aujourd’hui, nous n’en avons plus, parce que nous avons peur d’être montrés du doigt. Mais cela va peut-être nous coûter cher.

Le problème, à présent, c’est qu’on ne peut pas gérer à la fois les crises au Mali, au Niger, au Gabon, et peut-être, demain, au Sénégal. Nous n’en avons plus les capacités en matière d’effectifs et de moyens dans le renseignement et les armées. D’autant que nous sommes toujours engagés dans les opérations anti-djihadistes en Syrie et en Irak.

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