Par Félix C. Ebolé Bola
Leader du Parti camerounais pour la réconciliation nationale (Pcrn, opposition), Cabral Libii évoque «l’un des scandales financiers les plus spectaculaires du Cameroun de ces 10 dernières années». Le pays n’en a manifestement pas fini avec les démons de la Coupe d’Afrique des nations (Can) de football, dont l’organisation lui a échappé en 2019 pour cause de retards criards dans la réalisation des infrastructures, et qu’il a fini par accueillir en janvier-février 2022. Et cette fois encore, c’est la réalisation majeure de ladite compétition, à savoir le complexe sportif d’Olembe à Yaoundé, ayant accueilli – entre autres le match d’ouverture et la finale de la plus grande fête sportive du continent, qui est de nouveau sur la sellette.
Le 3 janvier 2023 le ministre des Sports et de l’Éducation physique (Minsep), Narcisse Mouelle Kombi, informe par voie de courrier le secrétaire général des services du Premier ministre, Séraphin Magloire Fouda, de ce que le constructeur canadien Magil a pris «une décision de résiliation unilatérale» du contrat le liant à l’Etat du Cameroun, et ce de manière anticipée depuis décembre.
Non content d’avoir multiplié des subterfuges pour ralentir artificiellement le rythme des travaux dont le taux d’exécution d’un mois à l’autre n’a jamais dépassé 1,3%, après avoir gonflé artificiellement les prestations à travers le ralentissement des travaux, leur arrêt pur et simple, des surfacturations, des doubles fracturations ou encore la rémunération exponentielle du personnel expatrié, cette société a réussi à se faire payer 42 milliards de francs en deux ans de travaux et consommés dont 38 milliards du prêt-garanti et 4 milliards du prêt-relais gouvernemental.
Et il «n’a achevé aucune composante du complexe d’Olembé laissée par l’italien Piccini. Ces montants cumulés représentent 76% du budget total du projet, sachant que les autres composantes de la phase 2, prévues par Piccini et bien que revues, sont restées au stade de maquettes».
Si le Minsep suggère que l’État réclame la restitution immédiate d’une partie de l’avance de démarrage, ainsi que celle du prêt-garanti de 4 milliards de francs, faute de quoi Magil devrait être poursuivi pour atteinte à la fortune publique, il n’explique pas comment le repreneur des travaux du complexe a pu se faire payer de multiples décomptes, alors que tout indiquait que le travail ne suivait pas sur le terrain.
Narcisse Mouelle Kombi n’explique pas, non plus, comment il a pu berner l’opinion avec des déclarations les plus optimistes, chaque fois qu’il avait fait un tour sur le chantier.
«Les différents travaux se poursuivent sereinement grâce aux moyens financiers mobilisés. Je peux réaffirmer que le stade sera achevé et réceptionné pour la Can le 30 novembre 2021»,
se pourléchait-il le 14 octobre 2021.
Ou encore, le 13 février 2022 :
«Je voudrais rassurer l’opinion publique sur la continuité des travaux d’achèvement, conformément à la haute volonté du président de la République qui a dépêché, il y a quelques jours, une mission d’évaluation interministérielle sur le site, sous la conduite du ministre d’État, secrétaire général à la présidence de la République.»
Au fil des manquements et rebondissements, votre site a régulièrement rendu compte de l’état des lieux et les événements lui donnent aujourd’hui raison. Nous re-proposons à nos aimables lecteurs quelques-uns de ces morceaux d’un scandale n’ayant sans doute pas encore révélé toutes ses facettes.
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