Par Mon’Esse
Quelques heures après la tenue, dans la métropole économique du Cameroun, Douala, d’une session du conseil d’administration ayant désigné Harouna Bako et Haoua Daoussa Deby aux postes de directeur général et directeur général adjoint de cette compagnie, en charge de la gestion de la partie camerounaise (plus de 900km) du pipeline partant des champs pétroliers de Doba, le président de la transition du Tchad, Mahamat Idriss Deby Itno, a indiqué qu’il s’agissait de «la dernière étape de la nationalisation des actifs de l’ex-Esso, décidée en mars 2023».
A cette occasion, le président tchadien a exprimé sa profonde gratitude à son aîné camerounais, le président Paul Biya, «qui, dans la pure tradition des liens historiques qui unissent le Cameroun et le Tchad, a confirmé l’inaltérable amitié qu’il a pour le Tchad».
Le général Mahamat Idriss Deby Itno a également félicité l’équipe des ministères en charge du Pétrole, des Finances ainsi que le conseiller au pétrole conduite par son ministre d’Etat, secrétaire général à la présidence, Gali Ngothé Gatta, qui à ses côtés a tout fait pour que tout cela soit possible, en coordination avec son collègue du Cameroun, Ferdinand Ngoh Ngoh.
«Je voudrais surtout encourager la nouvelle équipe dirigeante de Cotco, qui a toute ma confiance et celle du président Biya, a-t-il ajouté. Ainsi le processus de nationalisation arrive à son terme. Souverainement. Merci beaucoup aux camerounais et aux tchadiens pour avoir su garder la fraternité qu’ils ont eue les uns pour les autres.»
Cette nationalisation signifie que 31% des actions de Cotco, alors détenues par le Malaisien Petronas à travers la Société des hydrocarbures du Tchad (SHT), sont passées sous contrôle tchadien qui en détient désormais 53,77% des parts, leur gestion étant par ailleurs confiée à Tchad Petroleum Company (TPC), nouvellement créée.
Il y a lieu de souligner que la session extraordinaire du conseil d’administration de la Cotco, tenue à Douala, était placée sous haute protection policière : la veille, Nicolas de Blanpré, qui n’a jamais admis sa révocation par N’Djamena, avait diffusé un message électronique à l’intention de ses collaborateurs, qu’il priait «de travailler à leurs domiciles, pour ceux qui le peuvent», les bureaux de l’entreprise devant être fermés les 3 et 4 juillet.
Plus grave encore, en fin juin dernier le secrétaire général de la présidente de la République du Cameroun, Ferdinand Ngoh Ngoh, a alerté le secrétaire d’État auprès du ministère camerounais des Mines, de l’Industrie et du Développement technologique, lui demandant de prendre les mesures qui s’imposent, les responsables désignés de Cotco par Savannah ayant menacé voici peu de fermer – de saboter, c’est plus parlant – l’oléoduc.
Ainsi, des actes de sécurisation ont été pris par les autorités camerounaises, «au regard des conséquences graves qui résulteraient de la fermeture du pipeline Tchad-Cameroun et du péril qu’une telle action ferait peser sur la société Cotco».
La bataille d’intérêts, autour du pipeline Tchad-Cameroun, avait conduit au rappel en consultation dans son pays, le 20 avril, de l’ambassadeur Djidda Moussa Outhman qui n’a regagné Yaoundé que le 6 juin.