Par Sandra Embollo
En plein accroissement des tensions entre la Russie et la France, Emmanuel Macron a appelé ce vendredi à la libération sans délai du Français Laurent Vinatier, arrêté jeudi à Moscou et placé en détention provisoire. Ce collaborateur d’une ONG suisse est accusé par le Kremlin de collecter des renseignements sur l’armée russe.
“Les éléments de propagande qui ont été donnés sur lui ne correspondent pas à la réalité”, a réagi le président français. “Et donc nous appelons à la clarification de tous les éléments par la Russie et à sa libération la plus rapide”, a-t-il ajouté lors d’une conférence de presse avec son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky. Laurent Vinatier n’est “en aucun cas (…) quelqu’un qui travaillait, qui travaille pour la France”, avait déjà assuré la veille le président français. “Il mérite toutes les protections”, a-t-il ajouté ce vendredi.
“L’ambassade de France à Moscou et les services du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères à Paris sont pleinement mobilisés pour apporter leur assistance à notre compatriote”, a souligné de son côté Christophe Lemoine, porte-parole adjoint du ministère des Affaires étrangères.
Agent de l’étranger
Le tribunal Zamoskvoretski de Moscou a ordonné vendredi, à la demande des enquêteurs, le placement en détention de Laurent Vinatier, 47 ans, au moins jusqu’au 5 août, en vue d’un éventuel procès. Lors de l’audience, le seul chef d’accusation cité contre lui a été de ne pas s’être enregistré comme “agent de l’étranger”, délit passible de cinq ans de prison. Cette législation est utilisée par les autorités russes pour réprimer ou surveiller leurs détracteurs.
Durant l’audience, M. Vinatier, en jeans et chemise noire dans la cage réservée aux accusés, a présenté en français, traduit par une interprète “ses excuses pour ne pas s’être enregistré”. “D’autant plus que dans tout mon travail, j’ai toujours essayé (…) de présenter, soutenir, expliquer l’intérêt de la Russie”, a-t-il ajouté. Son avocat Alexeï Sinitsyne a souligné que son client “ne savait pas” qu’il était obligé de s’enregistrer sous ce label. Il a demandé, en vain, le placement de M. Vinatier – marié et père de quatre enfants – en résidence surveillée à Moscou, chez son épouse.
Le Comité d’enquête, puissant organe russe, avait affirmé jeudi que M. Laurent Vinatier recueillait des informations sur les activités militaires russes qui, “si elles sont obtenues par des sources étrangères, pourraient être utilisées contre la sécurité de l’État” russe. Ce qui pourrait conduire à d’autres poursuites.
Son employeur, l’Ong suisse Centre pour le dialogue humanitaire (HD), une organisation de gestion de conflit, a dit vendredi faire “tout son possible pour aider” M. Vinatier, qui “vit en Suisse et voyage régulièrement pour son travail”.