world top news
Par Léopold DASSI NDJIDJOU
Le Secrétaire national à la communication du parti au pouvoir, Jacques Fame Ndongo, est présenté sur les réseaux sociaux comme celui qui a jeté le pavé dans la mare en s’offusquant sur la place publique de la liberté d’initiative prise par le directeur du cabinet du président de l’Assemblée nationale (Pan), Cavaye Yeguie Djibril. Même si par la suite, on a vu ce communiqué du ministre d’Etat estampillé « fake », sans que l’on sache ni pourquoi ni par qui.
Toujours est-il que dans ce communiqué attribué et portant la signature habituelle de Jacques Fame Ndongo, on lisait clairement que « le Rdpc tient à porter à la connaissance de l’opinion publique que cette initiative n’a, en aucun cas, été approuvée ni par les organes compétents du parti au niveau régional, ni par les hautes instances du comité central ». Dans ce recadrage clair et net du collaborateur du patron politique du Rdpc dans l’Extrême-Nord, la sortie rappelle que toute entreprise de mobilisation politique menée en son nom doit rigoureusement respecter les canaux institutionnels établis et faire l’objet d’une validation préalable par les cadres compétents du parti. En conséquence, « il est formellement demandé à Boukar Abdourahim de surseoir immédiatement à ladite initiative, qui ne relève nullement de sa compétence, et dont la poursuite contreviendrait aux principes fondamentaux du fonctionnement du Parti. » La messe est dite. Le même jour, le Pan monte au créneau suite à l’interdiction de Fame Ndongo et saisit non pas ce dernier, mais le Secrétaire général du comité central du Rdpc, Jean Nkueté. Il rassure ce dernier que contrairement à ce qu’affirme le communiqué signé Jacques Fame Ndongo, « les organisateurs de ce grand rassemblement ont obtenu notre approbation préalable ». Il poursuit en ajoutant que cette initiative qui devrait regrouper toutes les associations des jeunes en dehors des chapelles politiques, n’est pas un meeting du Rdpc même s’il en aurait été le principal bénéficiaire. Par ailleurs, le Pan nuance en indiquant que si le communiqué venant du comité central était authentique, les siens et lui n’auront d’autre choix que de se conformer à la décision ainsi prise malgré la justesse de cette noble cause qui est celle « d’appel à la candidature de notre champion à la présidentielle d’octobre 2025 ». On peut donc en déduire, que le communiqué de Jacque Fame Ndongo étant taxé « fake » le même jour du 11 avril, cela suppose que le boulevard est désormais ouvert pour que la mobilisation de ces 100.000 jeunes en faveur de Paul Biya se fasse le 10 mai 2025.
L’opposition sur les plates-bandes
Dans ce sillage et le même jour, un communiqué signé par Hamadou Bachirou, se présentant comme le porte-parole du collectif des filles et fils de l’Extrême-Nord contre le projet de mobilisation de 100 000 jeunes à Maroua, est vent debout contre une telle initiative. « Nous tenons à exprimer, avec tout le respect dû aux institutions, notre profonde désapprobation et refus face à l’initiative de mobilisation annoncée dans un communiqué daté du 10 avril 2025, appelant 100.000 jeunes à se déplacer pour Maroua à l’effet de manifester leurs soutiens à la candidature du président Paul Biya à l’élection présidentielle d’octobre 2025 », écrit-il avant d’enchaîner avec les raisons de cette désapprobation. Il indique à ce sujet que la jeunesse mérite mieux qu’une instrumentalisation politique car les jeunes ne sont pas des instruments de masse, ni des bétails électoraux que l’on agite à l’approche des élections. Ils aspirent à une vie digne, à des formations de qualité, à des emplois décents, à des soins de santé accessibles et à un environnement sécurisé. En deuxième lieu, il indique qu’il s’agit d’une initiative politiquement déplacée dans un contexte de détresse sociale marquée par des promesses non tenues. De ce fait, il précise que la région de l’Extrême-Nord est aujourd’hui l’une des plus éprouvées du pays. En troisième lieu, il souligne que ce type d’initiative n’aide pas le président Paul Biya qu’elle prétend soutenir et pour finir, il appelle à la conscience et à la responsabilité de la jeunesse. Il lui demande de ne pas se laisser instrumentaliser par cet appel, de refuser de jouer le rôle de figurants d’un théâtre politique qui ne tient pas compte de leurs réalités, entre autres. Sur les réseaux sociaux, on a vu également Mamadou Mota du Mrc, mobiliser une foule impressionnante dans la région, un peu comme un message aux initiateurs de la cérémonie du 10 mai ? Le temps fera la lumière sur tous les points d’ombre.
