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Cameroun > Clément Assimba: « André Onana a manqué d’humilité dans la gestion de sa crise avec Rigobert Song Bahanag ».

Par panorama papers
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Entretien mené à Douala par Guy Ndinga

Il revient sur son parcours atypique d’entraineur des gardiens de buts en sélection et nous parle de l’initiative personnelle qui consiste à former les portiers de nos clubs ainsi que certains de leurs encadreurs.

En ce moment, un jeune gardien camerounais, André Onana, fait des merveilles en Champions League européenne ainsi que dans le championnat d’Italie avec son club l’Inter de Milan. Vous rend-t-il fier ?
Il ne fait pas ma fierté à moi tout seul, mais celle de son pays tout entier voire de toute l’Afrique. Mais je pense que la décision de prendre sa retraite internationale si jeune a été prise sous le coup de la colère. Donc, pas très réfléchie. Je pense qu’il a manqué d’humilité dans la gestion de sa crise avec le sélectionneur Rigobert Song Bahanag et la Fédération.

Comprenez-vous que les fans de foot au Cameroun réclament son retour en sélection après qu’il ait claqué la porte suite à sa mise à l’écart du groupe ?
J’ai toujours considéré André comme le capitaine naturel de cette sélection. Peu importe s’il l’est officiellement ou pas. Onana est de la classe de ces messieurs qui devraient plutôt protéger ses lieutenants et non les exposer ou les lâcher en pleine compétition et pas la moindre. Il s’agit ici de la Coupe du Monde ! Des situations pareilles ne devraient plus se répéter. Cette sélection est un label respectable ! De ce fait, j’espère pour André, qu’il reviendra à de meilleurs sentiments. Je sais de lui qu’il est un petit très sage, très bien élevé et qu’il retrouvera sa sélection au plus tôt. Si j’avais un conseil à lui donner ce serait tout simplement qu’il écoute son cœur. Quand il est parti, il a fait des posts sur les réseaux sociaux pour encourager ses frères. Ses mots m’ont prouvé qu’il tient à cette sélection.

Quelle attitude le sélectionneur Rigibert Song Bahanag doit-il adopter face à lui ?
Il s’est déjà prononcé à plusieurs reprises sur la question. Il a notamment laissé entendre que le joueur sait ce qui lui reste à faire pour rejoindre sa sélection. Le sélectionneur géré cette affaire depuis le début comme un père de famille, comme un grand frère, comme un patron. Dès le départ, il resté clair et constant dans la solution à apporter à cette situation. Il n’a jamais dit que le petit a été écarté ou qu’on lui a interdit de rentrer en sélection.

Au terme de la saison passée, la gardienne de but Annette Ngo Ndom aujourd’hui retraitée a été récompensée. Vous n’êtes pas resté indifférent à ce sacre. Parlez-nous de votre contribution à l’éclosion de ce talent.
Effectivement Annette a connu une carrière très brillante. Elle est l’une des ambassadrices de notre football féminin. Je pense sa nomination chez les U-17 féminines est une reconnaissance de sa valeur. J’en suis très fier. Je suis d’autant plus fier d’elle que je suis de ceux-là qui ont contribué, comme vous le dites, à l’éclosion de ce grand talent. Pour la petite histoire, je suis nommé comme entraineur des gardiennes de buts des Lionnes Indomptables en 2014. Et là, je retrouve une Annette Ngo Ndom qui avait déjà le profil requis et un talent impressionnant. Il n’ y avait plus qu’à développer toutes ses qualités. Elle s’était vraiment résolue à accepter le plan de progression que j’avais mis sur pied. Et les résultats ne se sont pas fait attendre. Elle a été élue trois fois meilleure gardienne d’Afrique (en 2014, 2015 et 2016). Il était donc tout à fait normal que le président de la Fécafoot, dans sa logique de restructuration du football féminin pense à cette icône. Je ne peux que lui souhaiter une bonne nouvelle carrière. Tous mes voeux sont qu’elle soit aussi brillante que lorsqu’elle était en activité. Je vais vous raconter une anecdote qui concerne Annette Ngo Ndom. C’était en 2015. Nous sommes en pleine préparation des Jeux Africains de Brazzaville, au Congo. Il était question que toutes les filles passent au test de grossesse. C’était un test obligatoire avant la participation de toutes les athlètes engagées aux Jeux. On va découvrir qu’Annette Ngo Ndom est enceinte de trois mois et donc ne peut pas participer à la compétition. Mais en fait, le souci n’était pas son absence à ces Jeux, mais le staff des Lionnes à l’époque était plutôt inquiet pour sa probable participation à la Can féminine qui devait se disputer au Cameroun en 2016. La compétition étant imminente, il était question de trouver des voies et moyens pour remplacer Annette Ngo Ndom. Alors, le sélectionneur de l’époque Enow Ngachu a tenu une discussion avec moi sur la situation de la joueuse. Je lui ai dit ce que je pensais et il m’a demandé de prendre mes responsabilités. C’est alors que je me suis rapproché d’Annette Ngo Ndom. Nous avons discuté et nous sommes tombés d’accord sur le fait qu’il fallait qu’elle allaite l’enfant jusqu’à trois mois après sa naissance. C’était dommage, mais c’était le prix à payer. J’ai rendu compte de notre discussion au sélectionneur Enow Ngachu. Et très méticuleux et rigoureux qu’il était –il l’est toujours- il m’a dit : « c’est à toi de jouer. Prends tes responsabilités si tu penses que c’est possible ». Annette a été appelée. Après la naissance de l’enfant, on lui a accordé les visites pendant les week-ends lors de la préparation que nous effectuions alors à Akono. Au finish, elle a été nommée meilleure gardienne de la compétition, mais aussi meilleure gardienne d’Afrique !
En dehors du staff de la sélection féminine A, vous avez exercé ailleurs.

Aujourd’hui, vous vous retrouvez chez les A’. Sauf si je me trompe, vous êtes devenu le plus ancien des gardiens en poste en sélection nationale de football du Cameroun.

Comment expliquez-vous cette longévité dans un environ où l’on change d’entraineurs comme de vêtements ?
Je peux effectivement dire que j’ai roulé ma bosse. J’ai exercé comme entraîneur des gardiennes chez les Lionnes Juniors en 2012. Après je suis passée chez les Lionnes Seniors en 2014 los de la Can féminine en Namibie. Puis, on est passés par la Coupe du Monde en 2015 au Canada, les Jeux Africains la même année au Congo-Brazzaville, la Can féminine chez nous en 2016, la Coupe du Monde militaire la même année en France en 2016, puis la Can féminine en 2018 au Ghana et le tournoi Cosafa la même année en Afrique du Sud. Je pars donc de cette sélection féminine pour rejoindre en 2019 la sélection des Lions A’ qui dispute le Championnat d’Afrique des Nations (Chan) en 2021 ici au Cameroun.

Tout récemment en 2022, le nouveau président de la Fécafoot Samuel Eto’o Fils m’a refait confiance à ce poste pour conduire les gardiens à la récente édition du Chan disputée en Algérie. Sinon, je ne peux pas parler de longévité. C’est une question de confiance que les décideurs mettent sur moi. Nous savons tous que quand un travail est bien fait, il est question que vous soyez reconnu pour vos actions.

Quelle est l’importance ou l’utilité d’un entraineur des gardiens de buts dans une sélection, surtout au Cameroun ?
C’est une très belle question. C’est une question qui revient toujours. Vous savez, l’entraineur est souvent considéré comme un coach à part. Mais, à mon avis, il n’est pas à part non plus. C’est vrai qu’il y a ce travail dissocié, spécifique, ce travail individualisé qui est très important. Parce que chaque gardien a ses besoins, ses spécificités, son profil. Mais il ne faut pas non plus oublier qu’il y a un travail associé. Le gardien doit être le plus souvent associé au collectif. Il doit vivre avec le collectif, se préparer avec lui. Plus précisément lors des matches d’entrainement et même sur les aspects stratégiques pour préparer les matches. il faut tout simplement trouver le juste, le bon équilibre pour être avec eux pour cette partie spécifique, mais être également avec eux lorsqu’ils sont sollicités par l’entraineur sélectionneur pour les phases de jeu collectif et les entraînements collectifs.

Le Cameroun n’est pas un cas à part de ce fait. Le plus important pour l’entraineur des gardiens, c’est de reconnaitre sa place au sein d’une sélection. Pour ce qui me concerne, je sais que ma mission principale et prioritaire, consiste à préparer les gardiens de but et de faire en sorte que ces gardiens soient prêts le jour-j. De par ma position et ma fonction, je me dois de donner un avis, un regard le plus expert possible sur la forme des gardiens de but. Et in fine, les décisions qui sont prises reviennent au sélectionneur. C’est lui décideur final. Et le reste, moi en premier, nous nous rangeons et restons solidaires à la décision prise et aux choix qu’il a faits.

Si l’on vous demandait de parler de ce que vous avez apportés aux joueurs qui vous ont été confiés que diriez-vous ? De laquelle de vos actions dans la tanière êtes-vous particulièrement fier ?
Mon parcours est plus ou moins satisfaisant au regard des performances et de la progression individuelle des gardiens qui ont été à ma charge dans ces différentes sélections. Concernant mes meilleurs souvenirs, je retiens cette réception que nous a offert le couple présidentiel au lendemain de la finale de la Can 2016.

Très souvent, ce grand événement se tient après un sacre des sélections nationales. Mais, exceptionnellement, il s’est tenue après cette défaite concédée contre le Nigeria en finale. Le président de la République et son épouse qui nous ont accompagnés et soutenus durant toute la compétition ont tenu à encourager la sélection senior dames de football pour son admirable parcours lors de cette compétition. Les moments les moins bons sont récents. C’est cette élimination contre le Niger au Chan Algérie 2023. Elle m’est vraiment restée en travers de la gorge. ça a été une déception pour tout le staff. Nous étions bien préparés, la fédération avait mis tout en œuvre. Le stage de préparation s’était bien passé. Mais le foot a ses réalités. Les gars ont tout donné au premier match mais lors du second, le Niger a été plus réaliste. On a été éliminés au premier tour. Ce n’est que partie remise.

Comment évolue votre initiative qui consiste à former les gardiens de but ?
Elle évolue plutôt bien. Les clubs ont adhéré et elle s’est d’ailleurs poursuivie ce début de saison avec la participation d’une dizaine de gardiens de but de nos clubs de deuxième division régionale. Je compte d’ailleurs, dans les prochains jours, poursuivre par une rencontre avec les entraineurs de gardiens de but bénévoles qui ne sont pas formés pour la plupart.

Vous avez été joueur dans les années 1980-1990. Aujourd’hui encadreur, vous vous montrez critique envers les dirigeants d’hier et d’aujourd’hui…
Nos anciens présidents de club n’avaient aucun projet, aucune structure. La preuve sur le plan structurel aucun des présidents n’a pu doter son équipe d’un terrain d’entraînement. Aujourd’hui, nos clubs huppés Canon et Union pour ne citer que les deux là ne possèdent rien. Union de Douala plusieurs fois champions du Cameroun 2 fois champions d’Afrique Canon de Yaoundé 7 fois champion du Cameroun, plusieurs fois champions d’Afrique. Aucun des ces clubs n’a un terrain d’entraînement. N’en parlons pas des autres.

Dans les années 1970-1980 le mètre carré de terrain coûtait combien dans les quartiers Makepe, Bonamoussadi à Douala, Odza, Mendong à Yaoundé.

Canon a vendu Thomas Nkono, Jacques Songo’o, Alioum Boukar, Omam Biyick, Marc Vivien Foé, Grégoire Mbida, Théophile Abega, Emmanuel Kunde, Mfede Louis Paul et j’en oublie certainement… Où est passé l’argent de tous ces transferts ? Union a transféré plus d’une dizaine de joueurs. Où est passé cet argent ?

Même ne serait-ce qu’un bus pour les déplacements n’a pas été acheté. Aujourd’hui, nous avons plein d’aventuriers comme présidents de clubs dans le football. Ils viennent pour se faire de l’argent. Ils n’ont pour seul projet que le placement des joueurs et quand ceux-ci sont vendus, ils ne rendent des comptes à personne. Il leur suffit aujourd’hui de s’acquitter uniquement des frais d’affiliation pour attendre les subventions de la fédération et de l’Etat pour gérer leurs équipes. Ils organisent même des grèves pour ces subventions là. Les promoteurs des centres de formation sont dans les mêmes projets de vente de joueurs qui n’ont même pas atteint l’âge de la majorité. Avec ça comment voulez-vous que le football prospère ?
Ne revient-il-pas à la Fécafoot de remettre un peu d’ordre dans l’organisation du foot local ?
C’est bien d’accuser et de jeter les pierres sur qui on veut, mais la réalité est autre. Sur le plan technique quels résultats attendre d’un joueur de foot qui s’entraîne moins de deux heures par jour ? Qui s’entraîne toute la semaine sur du sable pour un match qui se jouera sur du gazon… Aujourd’hui, nous avons 6 équipes qui se partagent les mêmes terrains d’entraînement à Douala ( Camrail, Centre d’accueil, Essec , etc…) Chacune à un espace de 2 heures. Conséquence pas d’entraînement spécifique… Faudra revoir les conditions de participation aux différents championnats même s’il faille qu’on joue avec 10 clubs. Pourvu que ces derniers soient capables de payer ne serait-ce que les salaires des joueurs. La Suisse a un championnats professionnel de 10 ou 12 clubs et ça marche !

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