Par Eric Boniface Tchouakeu
Selon le communiqué final sanctionnant la rencontre, ils ont notamment adopté la charte devant régir l’élection primaire ainsi qu’un guide de l’électeur. Pour l’instant, on n’en sait pas beaucoup sur cette initiative portée par des partis et leaders sans véritable épaisseur au sein de l’opposition, voire à l’intérieur de la classe politique au Cameroun. Il convient toutefois de relever que l’idée d’organiser des élections primaires pour désigner un candidat unique ou consensuel pour porter les couleurs de l’opposition à l’élection présidentielle au Cameroun qui se déroule en un seul tour, n’est pas nouvelle. Elle a été proposée sans succès peu avant la dernière présidentielle du 07 octobre 2018 par Cabral Libii, candidat arrivé officiellement en troisième position à ce scrutin.
La formule de l’organisation des primaires pour choisir un candidat de l’opposition pour affronter celui du parti au pouvoir, a germé du fait des échecs des tentatives de regroupements des partis et leaders de l’opposition avec le même but, enregistrés dans le passé.
Les critères qui avaient souvent été retenus pour aboutir au choix du « candidat unique » et qui n’incluaient pas des élections populaires, n’ont jamais réussi à mettre tous les prétendants d’accord. Mais au demeurant, hier comme aujourd’hui, l’idée d’organiser des primaires, ou d’imaginer un « candidat unique » de l’opposition face au candidat du pouvoir sortant à une élection présidentielle est illusoire au Cameroun.
Il est en effet clairement établi qu’il n’y a pas une, mais des oppositions dans le paysage politique. Il y a par exemple certains qui se battent pour obtenir l’alternance, alors que d’autres mènent leur combat pour parvenir à une autre alternative d’un point de vue systémique. Nous avons des acteurs et partis favorables à un état unitaire décentralisé, tandis que d’autres sont clairement pour un retour au fédéralisme s’agissant de la forme de l’état, pour ne citer que ces exemples. De même, ceux qui évoquent ou entretiennent l’utopie de la désignation d’un « candidat unique » des rangs de l’opposition à la présidentielle, sous-estime la grande capacité du pouvoir à infiltrer les rangs de cette opposition au Cameroun pour mettre en échec une telle tentative.
Il y a bien dans le pays, des partis et acteurs officiellement de l’opposition le jour, mais qui dans la nuit, appartiennent à la majorité. Enfin, il ne faut jamais perdre de vue le fait que tous les candidats à une présidentielle, élection la plus importante au Cameroun, n’y vont pas avec pour ambition de la remporter. Certains se présentent dans le but de profiter de l’exposition médiatique pour faire passer leurs messages, et d’autres pour se (re)faire une santé financière notamment grâce à l’argent du financement public de la campagne électorale, et ou à la suite de la conclusion de certains deals politiques hautement lucratifs.
Par ailleurs, l’opposition ou des acteurs de l’opposition n’ont pas forcément besoin d’être unis pour remporter une élection présidentielle.
Cela a failli de peu, être le cas notamment en 1992. De même ailleurs en Afrique, même si les candidats aux élections présidentielles sont nombreux, on observe que de plus en plus, deux candidats seulement, se partagent l’essentiel des suffrages exprimés. C’est notamment le cas au Nigéria, au Kenya ou encore au Gabon.