Par Serge Aimé Bikoi
Dès l’entame de sa mandature, l’opinion publique était déjà divisée entre ceux qui clamaient qu’il n’est pas un bon manager et d’autres qui soutenaient que l’ancien capitaine des lions indomptables est compétent, qu’il fera l’affaire et qu’il satisfera les attentes des uns et des autres. Après plus d’un an et demi à la tête de l’instance faîtière du football camerounais, le nom de Samuel Eto’o Fils continue de résonner dans l’espace public. Occasion opportune, pour la rédaction centrale de Panorama papers, de savoir pourquoi son identité dérange tant.
Le nom de Samuel Eto’o Fils est, d’emblée, porteur de notoriété dans l’Agora. C’est non sans pertinence que ses faits et gestes, ses attitudes et pratiques, ses discours et actes sont, régulièrement et méticuleusement, passés au scanner. Du fait de son aura, Samuel Eto’o Fils était, selon certaines grilles de lecture et conjectures, l’homme destiné à tout apporter pour le rayonnement du football camerounais. Tout part de ses sorties publiques jugées fracassantes au départ sans que l’on escompte, au bout du compte, des résultats probants. La sortie peu glorieuse au premier tour de la coupe du monde au Qatar 2022 des lions indomptables sonne comme un déclic d’un retour des crises et des contre-performances, où le Maroc et le Sénégal, sans tambours ni trompettes, ont hissé haut l’honneur du continent noir. Le président de la Fecafoot avait, pourtant, annoncé que le Cameroun jouera sept matches, mais au finish, les rois de la forêt n’ont livré qu’une fourchette de matches et sont, in fine, rentrés la queue entre les jambes.
La Can Total Énergies 2021 au Cameroun apparaît comme le meilleur résultat sportif avec une troisième place chèrement acquise. C’était alors les lions indomptables version Conceicao, qui seront démantelés quelque temps après pour installer l’équipe de Rigobert Song Bahanag, l’actuel sélectionneur manager. La suite on la connaît : dix matches disputés ; trois victoires ; quatre défaites et trois nuls. Avec une élimination, au premier tour, de la coupe du monde.
Bien d’autres compétitions internationales auxquelles le Cameroun devaient participer cette année 2023 se sont soldées par des échecs. L’équipe nationale des moins de 23 ans s’est inclinée devant les Panthères du Gabon zéro but contre un à Franceville. À cette défaite, s’ajoute l’élimination, en phase de groupe, du Championnat national d’Afrique des nations (Chan), lequel se jouait en Algérie en début d’année après un faux pas face au Niger zéro but contre un. Sans oublier les lionnes privées de coupe du monde. Aussi y a-t-il le cas des U17 sortis au premier tour en Algérie et la mauvaise passe des U20 devant la République centrafricaine.
Au-delà des résultats sportifs médiocres, le nom de S. Eto’o Fils dérange aussi lorsque les analystes de sport jettent un regard sur l’ossature de fonctionnement interne. Les démissions en cascades des membres du comité exécutif de la Fédération camerounaise de football (Fecafoot) enregistrés ces derniers temps sont illustratifs des dissensions internes. Le récent cas en date est celui du 4ème vice-président, Henri Njalla Quan, qui accuse S. Eto’o Fils de trahison et appelle la Fifa(Fédération internationale de football association), la Confédération africaine de football (Caf) et le gouvernement camerounais à sortir de leur réserve pour sauver le football camerounais. Pour ce dernier, “le président de la Fecafoot est la boîte à cerveau derrière tous les problèmes qu’il rencontre aujourd’hui”.
Au fil des jours, des administrateurs élus il y a moins de deux ans quittent le navire et expriment, tous, leur courroux à l’égard des méthodes de gouvernance de l’actuel dirigeant de l’instance faîtière du football camerounais. Après Guibai Gatama, Safia Kwemo et Joseph Feutcheu, c’est au tour de H. Njalla Quan Junior d’afficher, depuis le 29 juin 2023, sa litanie de récriminations. Le dénominateur commun de ces démissions se résume, en toile de fond, aux formes de compromissions que les uns et les autres ont faites avec S. Eto’o Fils. Dès que les intérêts des démissionnaires sont galvaudés et mis sous le boisseau, c’est le basculement dans l’arène du chantage, de la délation et de la révélation de toutes formes d’indiscrétions, dont certaines sont curieuses. Ce type de dénonciations participe à conclure à la thèse suivant laquelle Eto’o Fils a été mal élu. Les langues se délient donc, la tour de Tsinga s’ébranle, l’opinion publique se rend finalement compte du jeu des secrets noués entre l’ancien capitaine des lions indomptables et ses anciens soutiens. Eto’o Fils va-t-il tenir, jusqu’à la fin de sa mandature? D’autres membres du comité exécutif quitteront-ils, eux aussi, le bateau Fecafoot ? Vers quel dessein s’orienteront l’avenir et le devenir du président de la Fecafoot ? Bien malin pourrait répondre à ce questionnement.
