Par Mon’Esse
Le prix du kilogramme de cacao a, le 17 mars lors d’une vente groupée dans la ville camerounaise de Batouri (Est), atteint la barre inédite de 5100 francs, continuant d’entretenir le rêve d’aisance financière chez des producteurs jusqu’ici connus pour enrichir les exportateurs. Dans une tribune intitulée « Cacao : la fin du famla ?», publiée jeudi dans le quotidien à capitaux privés Le Jour, le président du comité communication de l’Association nationale des producteurs du Cameroun (Anpcc), Monda Bakoa, note qu’on est ainsi passé d’un prix moyen de 750 francs en 2017 à 1300 francs/kg en décembre 2022.
Le même, se fondant sur les statistiques de l’Office national cacao café (Oncc), signale que les prix des fèves livrées au port de Douala, en ce début d’avril, oscillent entre un minimum de 4100 et un maximum de 5200 fraancs/kg, le kilogramme de cacao se négociant actuellement autour de 4000 francs/kg dans les bassins de production.
Les tendances actuelles, selon les spécialistes, proviennent des perturbations climatiques en Côte-d’Ivoire et au Ghana, premiers et seconds exportateurs mondiaux, avec une chute de la production estimée à 30% et un déficit de 11%, prévu pour la campagne 2023/2024 par l’Organisation internationale du cacao (Oic). Cette situation profite donc au Cameroun, 4ème exportateur de cacao du continent où, néanmoins, beaucoup doutent que le phénomène essentiellement spéculatif et instable puisse résister dans la durée. Pour certains en effet, il apparaît illusoire d’espérer maintenir la tendance actuelle sur le court terme, les prix étant susceptibles de repartir à la baisse d’ici deux ans, pour se stabiliser autour de 2000-2500 francs/kg.
Autre facteur d’inquiétude, souligné par le journaliste et spécialiste Lambert Fotso, l’usage qui sera fait de la manne cacaoyère au Cameroun, un pays où les grands bassins de production ont en commun la faiblesse, voire l’inexistence des systèmes d’épargne-crédit. Comme par le passé, craint-il l’afflux subit de cash entraînera vers les villages tous types de rapaces : prostituées, coxeurs, commerçant véreux, voleurs, courtiers d’établissements de microfinance douteux, etc., avec en face des cacaoculteurs devenus subitement millionnaires, pour la plupart sans éducation financière.