Par Mon’Esse
Plusieurs leaders politiques camerounais, en particulier ceux de l’opposition, mettent désormais en doute la notion d’unité nationale intervenue au terme du référendum du 20 mai 1972.
Evoquant un «chaos généralisé de fin de règne», le président du Parti camerounais pour la réconciliation nationale (Pcrn), Cabral Libii, constate que, jamais, dans la marche du Cameroun vers l’unité,
qui mijote une succession anti-démocratique,
Il convient de noter que sa formation, qui siège au Parlement, a été exclue du défilé par le ministre de l’Administration territoriale (Minat), Paul Atanga Nji, le gouvernement semble avoir pris fait et cause pour une faction dirigée par Robert Kona.
Secrétaire national à la communication du Mouvement africain pour la nouvelle indépendance et la démocratie (Manidem), Ghonda Nounga estime que le président
«Biya et ses sbires conçoivent (…) l’unité nationale comme l’assemblage des ethnies de notre peuple»,
chaque Camerounais étant d’abord et avant tout le membre d’une ethnie.
Pour lui, il s’agit là du prolongement d’une conception intrinsèque à l’idéologie coloniale, selon laquelle les Nègres d’Afrique vivent en tribus cloisonnées et hostiles les unes aux autres.
Pour le leader du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (Mrc), Maurice Kamto, la célébration de la fête nationale d’un pays est d’abord la commémoration d’un événement crucial, voire fondateur de cette nation, autour duquel on veut entretenir une mémoire commune.
Evoquant la guerre sécessionniste, qui bat son plein depuis fin 2016 dans les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, il pense que cette célébration
«n’est qu’une coquille vide si la mémoire commune est brouillée par un conflit armé qui éloigne une partie de la nation du sentiment de la commune appartenance, ou si l’on en exclut des pans de citoyens par impulsion politicienne puérile.»
La Fête nationale du Cameroun, insiste M. Kamto, s’appelle la Fête de l’unité et ne saurait, de ce fait, être une fête de la division.
Connu pour être un partisan du pouvoir, Mathias Eric Owona Nguini, par ailleurs vice-recteur à l’université de Yaoundé I, pense pour sa part que
« l’unité nationale se vit mieux dans un contexte stabilisé, apaisé, plutôt que dans un contexte où il y a un certain nombre de tensions, notamment celles qui peuvent prendre la forme de la violence armée».
On rappelle que les 52 ans de cette célébration sont placées sous le thème : « Armée et nation : ensemble pour un Cameroun uni, pacifique et prospère».