Par Serge Aimé Bikoi
Parmi les objectifs fixés par la première phase du bootcam du Programme “Women in power initiatives (Wpi), un programme national de formation et de renforcement des capacités des femmes en matière de politique, de leadership et de gouvernance, figurent des éléments ci-dessous :
Renforcer la démocratie au Cameroun en aidant les femmes à assumer leur leadership et à jouir pleinement de leurs droits politiques et civiques.
Augmenter l’engagement des femmes à se présenter à des fonctions électives, à se positionner à des fonctions nominatives et à s’impliquer dans la vie publique au Cameroun.
Offrir une formation et un renforcement des capacités en matière de politique, de leadership et de gouvernance aux femmes.
Capaciter les lauréates sur les modules tels que le co-développement, le leadership politique, le féminisme, la communication efficace, le sens politique, ainsi que la gestion des ressources.
Au cours de cet atelier de formation de trois jours, 25 femmes ont été retenues à l’issue d’un appel à candidatures lancé en avril 2024. Parmi cette vingtaine de femmes, figurent les femmes politiques de manière globale et, de manière singulière, les femmes candidates à la prochaine élection présidentielle de 2025 et celles qui sont à l’assaut des postes politiques dans les municipalités, au parlement, dans le gouvernement, etc. et, a fortiori, celles qui sont à la quête des positions de pouvoir et d’autorité dans les strates décisionnelles.
Chantale Kambiwa, directrice exécutive de Servitas-Cameroon, travaille, à long terme, à l’augmentation du taux de participation des femmes à tous les niveaux en tant que candidates, en tant qu’électrices et en tant que personnes participant aux opérations électorales. Pour ce faire, il est judicieux de les sensibiliser, de les éduquer et de les former à la maîtrise des objectifs, des enjeux et des phases du processus électoral.
“La femme est un être à part qui ne s’engage pas dans ce qu’elle ne connaît pas. Il est important aujourd’hui de clarifier les étapes des élections et le processus électoral. Il s’agit de dire à la femme comment être candidate, comment se comporter lorsque l’on est candidate, comment présenter son programme. Il s’agit aussi de leur montrer quelles sont les lois qui régissent le processus électoral”,
indique C. Kambiwa.
La directrice exécutive de Servitas-Cameroon envisage de sortir les femmes du carcan de l’ignorance, de l’indolence et de la passivité parce que, explique-t-elle, en substance,
“les élections représentent quelque chose de délicat et de sensible. La femme, compte tenu de sa position dans la société, rassemble beaucoup de gens. Elle va convaincre ses enfants, son époux et elle veut voir son intérêt dans les programmes”.
Donc, impliquer les femmes va faire en sorte que les candidates vérifient si les programmes tiennent compte de leurs aspirations, de leurs desiderata et de leurs préoccupations.
Certaines femmes cadres des administrations publiques camerounaises ne sont pas restées indifférentes à cette session de formation. Françoise Bekono, sous-directrice de la promotion des droits sociaux de la femme au ministère de la Promotion de la femme et de la famille (Minproff), estime que le Cameroun aura plus de femmes lors des échéances électorales de 2025. Des femmes politiques se sont exprimées. Pour Odette Juimo, conseillère municipale à la commune d’arrondissement de Yaoundé IIIème,
“s’il est vrai que la compétence n’a pas de sexe, les femmes revendiquent, au-delà du cadre juridique établi, les mêmes opportunités que les hommes. Nous avons droit à tout, nous avons droit à l’éducation, nous avons droit à la participation politique”.
Au demeurant, des femmes ayant participé à cet atelier de formation sont conscientes des obstacles qui jalonnent leur environnement, notamment des obstacles culturels, des stéréotypes sexistes, des discriminations politiques et des pesanteurs matrimoniales. À cause de cet état de choses, il y a une faible représentativité des femmes dans les municipalités, dans les chambres haute et basse du parlement, ainsi que dans le gouvernement. Selon l’Institut national de la statistique (Ins), les femmes et filles représentent 52% de la population totale camerounaise, mais elles occupent 8% des postes décisionnels. D’autres données illustrent, dans la même veine, que l’on note 8% de femmes maires et adjoints aux mairies et 33,5% des membres du parlement sont des femmes. Aucune femme n’est gouverneur de région au Cameroun.
Après la première phase du bootcam du programme “Women in power initiatives” achevée le 31 mai 2024, une session de formation à distance suivra. Question de renforcer et de compléter le cycle de formation entamé à Yaoundé.
