Par Éric Boniface Tchouakeu
Alors Premier Ministre du pays depuis 1975, il a en effet prêté serment pour la première fois le 06 novembre 1982 comme Chef de l’Etat, succédant suivant le schéma constitutionnel de l’époque au premier Président de la République, Ahmadou Ahidjo, qui avait annoncé sa démission deux jours plus tôt, précisément le 04 Novembre.Depuis lors l’homme qui a placé sa gouvernance sous le signe de la rigueur et de la moralisation de la vie publique définie dans sa politique du Renouveau, dirige le Cameroun. Le régime de Paul Biya a survécu à une tentative de coup d’état militaire le 06 avril 1984, au vent d’Est au début des années 90 qui avait entraîné de vives tensions sociopolitiques et provoqué le retour au multipartisme au Cameroun, tout comme aux émeutes sociopolitiques de février 2008 et les tensions post-électorales de 2018.
En dépit de nombreuses difficultés économiques et d’autres crises socio sanitaires, auxquelles son pouvoir a été, ou est encore confronté, Paul Biya a officiellement remporté toutes les sept élections présidentielles, dont cinq avec des concurrents, qui ont été organisées depuis son arrivée à la tête de l’Etat.Bien qu’aujourd’hui âgé de 90 ans, ses partisans l’appellent à briguer un énième mandat à la tête du Cameroun lors de la prochaine élection présidentielle, théoriquement prévue en 2025.C’était encore notamment le cas le 01er Novembre 2023 au cours de la visite du Secrétaire Général du Comité Central du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais, parti dont il est par ailleurs le Président National, à Bafoussam dans la région de l’Ouest.
«Conformément à nos us et coutumes, on n’épilogue pas sur la succession du chef de son vivant », a notamment lancé le patron par intérim de la Délégation permanente Régionale du Comité Central du RDPC de l’Ouest, Emmanuel Nzete, avant d’ajouter que « les textes de base de notre parti sont clairs », une allusion à une disposition des statuts du RDPC qui fait du Président National , le candidat naturel de la formation politique à l’élection présidentielle.Ces propos résument les pensées de la plupart des proches collaborateurs, barons et militants de la formation politique de Paul Biya, concernant l’avenir politique de ce dernier.Lui-même n’a jamais sans ambiguïté, annoncé qu’il allait volontairement quitter le pouvoir un jour et se contente d’en faire une simple éventualité lorsque le sujet est évoqué, comme en juillet 2022 au cours d’une conférence de presse lors de la visite du Président Français Emmanuel Macron au Cameroun.Il convient également de relever que l’actuel Président Camerounais n’a jamais formellement désigné quelqu’un d’autre pour prendre sa relève un jour dans son camp, car selon lui, se choisir un dauphin n’est pas concevable dans une démocratie.
Conséquence, bien que de nombreux analystes de la scène politique camerounaise font état des batailles féroces en coulisse pour sa succession, en évoquant notamment le déclenchement de la nuit des longs couteaux, tous les ambitieux du sérail se gardent jusqu’à ce jour de lorgner publiquement le fauteuil présidentiel de Paul Biya.Il apparaît donc de ce fait comme le plus grand atout, l’unique figure politique capable de faire consensus dans le camp présidentiel, ainsi que l’adversaire le plus redouté par les opposants dans l’actuel système électoral, relativement à la présidentielle de 2025.
C’est pourquoi même s’il est physiquement diminué par le poids de l’âge, Paul Biya sera probablement le candidat de son parti à la prochaine présidentielle.En Afrique, on a déjà vu des Chefs d’Etat sortant physiquement diminué se présenter et remporter des élections auxquelles ils se sont présentés comme Ali Bongo Ondimba au Gabon, ou encore Abdelaziz Bouteflika en Algérie.
