Par Sandra Embollo, Avec The Guardien
L’ancien attaquant de Barcelone, président de la Fédération camerounaise de football (Fecafoot) depuis décembre 2021, a été accusé d’avoir aidé à truquer des matches de deuxième division camerounaise en juillet après un enregistrement de lui parlant à une personne présumée être Valentine Nkwain, le président de Victoria United et connu sous le nom de « Bobdidy », a été rendu public. Selon Camfoot, Eto’o aurait promis de promouvoir le club à partir de la deuxième division en manipulant les matches – une affirmation démentie par l’ancien attaquant et par Nkwain, qui a déclaré que ce n’était pas sa voix sur l’enregistrement.
La police a confirmé dans une lettre, vue par notre confrères le Guardian, qu’elle avait ouvert une enquête pour « abus d’autorité et corruption » présumés. Ils auraient interrogé plusieurs témoins clés impliqués dans l’affaire. L’enquête portera également sur des accusations plus larges de corruption au sein de la Fecafoot pendant le mandat d’Eto’o, qui pourraient impliquer jusqu’à 40 personnes. Dans l’enregistrement, Eto’o aurait informé Nkwain qu'”il y a des choses que nous pouvons faire” concernant un match dans lequel Victoria a été battue 1-0 en décembre de l’année dernière “mais il faut être très discret, mon frère”. “Ne vous inquiétez pas, nous vous donnerons vos trois points et nous suspendrons l’arbitre”, aurait-il déclaré. « Opopo [le surnom de Victoria] doit monter en première division. C’est notre objectif. C’est notre fédération. Victoria United va monter. Victoria a été promue en avril.
Eto’o a déclaré au journal italien Gazzetta dello Sport en juin qu’il avait “parlé à un ami, quelqu’un qui investit dans le football et veut faire de son club l’un des meilleurs du Cameroun”. Il a déclaré : “Je l’ai juste rassuré en lui disant que j’aurais fait tout mon possible pour éviter toute erreur d’arbitrage à son encontre.” Cette nouvelle intervient après qu’un groupe de responsables du football camerounais a appelé la Fifa à prendre des mesures contre Eto’o après une série d’incidents publics, notamment une « altercation violente » avec un journaliste algérien lors de la Coupe du monde au Qatar l’année dernière. Le groupe – qui comprend Pierre Semengue, président de la Ligue de football professionnel du Cameroun – a écrit une lettre conjointe adressée au président de la Fifa, Gianni Infantino, et au président de la Confédération africaine de football (Caf), Patrice Motsepe, s’interrogeant sur la manière dont l’ancien attaquant a été autorisé à continuer « à s’imposer illégalement à la présidence de la Fecafoot ».
Une enquête sur « certains comportements inappropriés présumés » d’Eto’o a été ouverte par la Caf début août, mais aucune mesure n’a été prise. “Pas un mot de la Fifa”, peut-on lire dans la lettre, “malgré les nombreuses plaintes et relances des acteurs du football camerounais. Comment la Fifa peut-elle continuer à garder le silence face à tant de scandales qui compromettent la confiance du public dans l’éthique sportive et la sincérité des matches ?
La lettre critiquait également Infantino après que lui et Eto’o aient été photographiés ensemble au début du mois en France pour discuter du
«développement du football. La triste réalité… c’est que l’Afrique reste une sorte d’enclave où l’on peut prendre des libertés avec l’éthique et l’exemplarité que les dirigeants sportifs devraient incarner »,
indique la lettre.
“Pouvez-vous imaginer la Fifa et l’Uefa garder le silence lorsque le président d’une fédération européenne de football est soupçonné de matchs truqués, avec des enregistrements audio à l’appui ?”
