Par René Mbarga
Ils sont militaires, policiers, administrateurs, diplomates ou hommes d’affaires. Ces éminences grises du palais gravitent autour de Paul Biya depuis trois décennies ; voire beaucoup moins pour certains d’entre eux. Même s’ils n’occupent pas toujours des positions stratégiques au sein de l’appareil d’Etat, ces gens de l’ombre sont réputés avoir l’oreille du prince.
Jean- Claude Ayem Mauger : Le conseiller
Visé récemment par une enquête de Jeune Afrique ; l’économiste Ayem Mauger gravite depuis bientôt deux décennies autour du Président Biya. D’abord chargé de mission au secrétariat général de la présidence ensuite, comme conseiller technique, cet homme du sérail. Rédacteur de courtes notes – souvent une seule page – qui ravissent Paul Biya, pilote l’économie du pays, des dossiers d’infrastructures aux orientations stratégiques, avait relevé notre confrère parisien.
Ferdinand Ngoh Ngoh : Le Missi dominici
Annoncé plusieurs fois sur le départ, le natif de Minta trône toujours au secrétariat général de la Présidence de la république plus de 11 ans, après sa nomination. Cité dans moult scandales financiers tels que la Can gate et le Covid gate ; l’ancien SG du ministère des relations extérieures est réputé avoir le soutien indéfectible de la first lady et la confiance du Président dont il est toujours dépositaire d’une délégation de signatures.
Raymond Beko’a Abondo : L’ange-gardien
Il avait été nommé commandant de la garde présidentielle, en période de crise. Quelques années plus tard, Raymond Beko’a Abondo a totalement réussi sa mission principale en rassérénant la violente tempête qui ébranlait la maison GP.
Né le 8 mars 1972 à Batouri, c’est en 1999 que ce fantassin chevronné avait pourtant rejoint cette unité d’élite où il a fait l’essentiel de sa carrière. Pièce maîtresse, véritable gardien du temple ; « le colonel » comme l’appelle affectueusement ses hommes est un élément essentiel du dispositif sécuritaire de l’homme du 06 novembre 1982.
Ivo Desancio Yennwo : L’ombre
Il suit Paul Biya comme son ombre, depuis le coup d’Etat avorté du 06 Avril 1984. Bien que natif de Nkar localité située dans la région du Nord-ouest, le directeur de la sécurité présidentielle (Dsp) est l’unique non fang-béti à occuper une place de choix ; dans le dispositif sécuritaire du Président. Surnommé le gilet pare-balles du Chef, ce général de division est l’un des rares dans l’entourage du demi-dieu d’Etoudi à n’avoir jamais connu de disgrâce.
Paul Atanga Nji : l’as de cœur
Malgré sa nomination comme Ministre de l’administration territoriale le 02 Mars 2018, le Président de la République l’a maintenu au poste de secrétaire permanent du conseil national de la sécurité du Cameroun. Féru du renseignement prévisionnel, le successeur de René Emmanuel Sadi avait au lendemain de sa prise de fonction, enjoint aux autorités administratives (Sous-préfets, préfets, gouverneurs) de lui faire tenir journellement, par le biais des notes, la situation qui prévaut dans leurs circonscriptions de commandement respectives. Actif et pro actif, la parfaite tenue du double scrutin législatif et municipal sanctionné par la désignation des nouveaux maires de villes, et le renouvellement des mandats de nos députés peuvent être mises à son crédit.
En nommant ce natif de Bamenda né en 1960, à la tête de la territoriale, Paul Biya voulait incontestablement rompre avec l’attitude diplomatique de son prédécesseur. Réputé être un fervent Biyaiste et un incorrigible va-t’en guerre, il avait il y a deux ou trois ans de cela ; opposé une fin-de-non-recevoir à Maurice Kamto qui était venu à sa rencontre, dans ses services à Yaoundé. Bien que cité dans le scandale du Covid-19 ; toutes les rumeurs portant sur son éventuel limogeage du gouvernement seraient anecdotiques, renseigne un exégète.
Emmanuel Amougou : Le pilote
Ce général de brigade aérienne Emmanuel Amougou, confirmé à la tête de l’état-major particulier du président de la République où il assurait l’intérim mars 2011, est commandant de bord et instructeur pilote sur des aéronefs de type Buffalo, C 130 et Gulfstream III (GIII). Avec environ 5000 heures de vol totalise environ 5000 heures de vol, cet officier général qui est par ailleurs pilote de transport, issu du Cours spécial de l’Ecole de l’air (Csea) de Salon-de-Provence en France, promotion 1975 « Capitaine Didier Duthoit », fut major Afrique Caraïbes Pacifique (Acp) à l’entrée dans cette Ecole qui comptait six Camerounais, il a pour promotionnaires encore en activité, le général de brigade aérienne Jean Calvin Momba, actuel chef d’état—major de l’armée de l’air.
Oswald Baboke : Le trait-d ’union
Entre Paul et Chantal Biya, il y a Oswald Baboke. Au début de l’idylle entre les deux favorisés, ce diplomate de formation est réputé avoir pesé de tout son poids, pour la survie du couple. Directeur du cabinet civil adjoint ; il a manœuvré afin que l’opposant Jean de dieu Momo puisse intégrer le gouvernement d’après présidentielles.
Joseph Fouda : L’oreille
Après avoir suivi Paul Biya pendant au moins une décennie comme aide-de-camp ; le contre-amiral Joseph Fouda est devenu son conseiller spécial. Dans son ouvrage « Le Secrétaire général de la présidence de la République du Cameroun – Entre mythes, textes et réalités », l’ancien Sgpr Jean-Marie Atangana Mebara relève qu’il sert d’interface entre les ministres et Paul Biya : « De manière générale, le président de la République reçoit en audience son Secrétaire général chaque jour, quand il est à Yaoundé. Tout commence par un appel de l’aide-de-camp… pour vous dire que le président vous attend déjà. En l’appelant mardi 18 Août, pour savoir s’il y avait quelque chose de nouveau, elle m’apprit que l’aide-de-camp du président de la République avait déjà appelé plusieurs fois dans la matinée pour me parler. Et il avait fini par révéler à mon assistance qu’il veut me voir… Tout de suite après, je téléphonai au colonel Fouda, alors aide-de-camp. Je lui expliquai que j’étais en congé au village…Je me retrouvai dans le « bureau » de l’aide-de-camp qui, debout à côté de la grande porte déjà ouverte me fit signe d’entrer. Je trouvai le président debout derrière sa table de travail. Il me tendit la main en me gratifiant d’un chaleureux « Bonjour Monsieur le Ministre ».
Samuel Mvondo Ayolo : Le ventre
Il est de Sangmélima comme son prédécesseur, Martin Belinga Eboutou. Diplomate formé sur le tas ; Samuel Mvondo Ayolo est fils du presbytérien Moïse Ayolo. Né en 1957, il a eu pour camarade de lycée un certain Alain Edgar Mebe Ngo’o ; avant de s’envoler pour la France. Après des études de Sciences politiques à l’ Université Jean Moulin de Lyon et à La Sorbonne qu’il quitte nanti d’un Dea en sciences politiques ; il a intégré la fonction publique camerounaise dans le cadre du fameux recrutement des 1500. Homme de confiance, bien que cité dans plusieurs affaires scabreuses telles que l’achat dans les conditions douteuses de son domicile actuel, sis derrière l’ambassade de la Chine au quartier Bastos ; ce bulu pur-sang est annoncé au ministère des relations extérieures.
Léopold Maxime Eko Eko : le maître espion
Commissaire divisionnaire placé à la tête de la principale agence de renseignements la (Dgre) depuis le 31 mois d’août 2010.
L’époux du juge militaire, colonel Abega Mbezoa est un expert en intelligence économique (IE), titulaire d’un doctorat en sciences de l’information et de la communication, obtenu à l’université de Paris-Est, Marne -la-Vallée (France). Cité dans la disparition de l’opposant Guérandi Mbara ; ce natif du Nyong – et- Mfoumou est un habitué du palais.
Martin Mbarga Nguele: La sentinelle
C’est son bulletin de renseignement qui avait permis à Paul Biya de ravir la vedette, aux autres prétendants à la fonction présidentielle…. L’ancien directeur des renseignements généraux sous Ahmadou Ahidjo ; naquit le 1er juillet 1932 à Mengueme Bane, petit village situé dans l’arrondissement de Nkolmetet, département du Nyong et So’o, région du Centre , Il a débuté sa carrière professionnelle à l’âge de 19 ans, en qualité d’Inspecteur de Police à Douala et y fut successivement Commissaire du 1er Arrondissement, en 1951 et Commissaire du 2ème de 1961 à 1963. En 1964, il est nommé Commissaire Spécial de la ville de Yaoundé, poste qu’il occupa jusqu’en 1966. Il fut ensuite nommé Chef de la Brigade Provinciale de la Police Judiciaire du Centre-Sud. En 1967, il devint Commissaire Central de Yaoundé, cumulativement avec ses fonctions de Chef de service Provincial de la Sûreté Nationale du Centre. De 1976 à 1982, il fut Directeur des Renseignements généraux. Par la suite, il est nommé Chargé d’Etudes à la Délégation Générale à la Sûreté Nationale. Il devint Délégué Général à la Sûreté Nationale en août 1983, sous Paul Biya. Il quittera ce poste en 1984, après le coup d’Etat avorté du 6 Avril 1984 pour aller assumer les fonctions d’Ambassadeur du Cameroun en république du Zaïre. Après avoir passé 19 ans comme Ambassadeur du Cameroun au Brésil, il fut muté en Espagne le 11 mars 2010.
