Par Léopold DASSI NDJIDJOU
Cette rencontre au sommet entre les patrons de Défense entre les deux pays fait suite à celle tenue par la veille par les experts et les chefs d’Etat-major des deux pays. Au nombre des résolutions prises au terme des travaux, figure en bonne place
« la formalisation d’un cadre de collaboration et d’échange d’informations entre les Autorités à la frontière des deux pays; ils se sont engagés à mener à bien le processus de renforcement de partenariat de Défense et de sécurité entre les deux pays ; à lutter davantage contre les menaces sécuritaires dans les zones transfrontalières, et à mieux encadrer le retour volontaire dans leur pays, des colonies des peuplements tchadiens irréguliers en territoire camerounais ».
Pour rendre tout ce qui précède possible, les deux ministres sont convenus de la mise en place d’un groupe de travail mixte pour favoriser la résolution globale des problèmes transfrontaliers et donc la mission sera : d’examiner rapidement à N’Djamena une date à convenir d’accord-parties, le projet d’Accord proposé pour la Partie tchadienne en vue de l’établissement d’un Accord conjoint au plan sécuritaire ainsi que le projet de Mou à présenter par la Partie camerounaise ; de mettre en place un mécanisme permanent d’échanges d’informations ; de renforcer les contacts entre les autorités locales le long de la frontière pour que les problèmes liés à la sécurité, aux différents trafics et à la fraude douanière, puissent être maîtrisés.
S’agissant de la frontière entre les deux Etats, ils ont suggéré la poursuite et l’achèvement des travaux de sa démarcation et la relance de la Grande Commission Mixte Tchad-Cameroun. Les chefs de délégation ont consigné leurs recommandations dans un rapport conjoint. Par ailleurs, il y a lieu d’indiquer que les deux ministres ont salué la collaboration fructueuse entre les Forces de Défense et de sécurité du Cameroun et du Tchad. Ils ont bien évidemment pris connaissance des résultats des travaux des chefs d’Etat-major des Armées.
Les défis communs
« Nos deux Etats font face à de nombreux défis communs : insécurité transfrontalière, terrorisme, transhumance armée interétatique, trafics illicites divers, circulation de bandes armées et d’armes de tous calibres, sans oublier d’autres menaces venant d’au-delà de nos territoires et qui sont le fait d’acteurs de divers ordres et aux visages mutants et sournois »,
a lâché à cet effet le Mindef dans son mot de bienvenue à l’ouverture des travaux. Avec une frontière commune d’environ 1100 km, ces défis multiformes et communs,
« mettent en danger nos populations et qui grèvent considérablement les efforts de développement de nos gouvernements ».
Cette réalité géographique impose la sagesse d’agir en étroite coopération et de mutualiser les efforts pour atteindre les objectifs fixés par les deux chefs d’Etat.
De ce point de vue, Joseph Beti Assomo s’est réjoui de la coopération déjà existante. En effet, depuis environ une décennie, le Cameroun et le Tchad sont engagés dans la lutte contre le groupe terroriste Boko Haram dans le cadre de la Force multinationale mixte de la Commission du bassin du Lac Tchad dont le Poste de commandement se trouve justement à N’Djamena et qui accueille en permanence des militaires camerounais. Il a aussi rappelé dans la même veine l’accord bilatéral Logone 2015 qui a été un bel exemple de coopération et de synergie d’action.

Dans le domaine de la formation, le Cameroun accueille chaque année en toute fraternité d’armes des stagiaires tchadiens dans ses Ecoles de formation et notamment à l’Ecole supérieure internationale de Guerre, à l’Ecole d’Etat-major, à l’Ecole internationale des Forces de sécurité, à l’Ecole militaire interarmées, entre autres. La coopération entre les deux pays est ancienne. Dans les années 70 déjà, a reconnu Joseph Beti Assomo,
« à l’occasion de la guerre du Biafra, pour des raisons stratégiques et avec l’accord de l’Etat du Cameroun, le Tchad avait installé des détachements militaires sur les îles de Birnigoni et de Ndarbaya, situées autour du Lac Tchad dans le département du Logone et Chari, Région de l’Extrême-Nord. Il s’agissait de permettre à nos frères du Tchad de se prémunir contre les menaces et les risques liés aux flux des combattants et des groupes armés nigérians. A la fin du conflit au Nigéria, ces bases avaient été démantelées ».
Les travaux se sont déroulés à huis clos, la primeur des résolutions et propositions étant naturellement réservée aux deux chefs d’Etat, Paul Biya et Mahamat Idriss Deby.