Accueil OpinionEconomie États-Unis: Vit-on la fin du règne du dollar 

États-Unis: Vit-on la fin du règne du dollar 

Après que l’Argentine a décidé fin avril de régler ses importations chinoises en yuan plutôt qu’en dollars, les BRICS ont annoncé lancer leur propre monnaie commune en août. Ces pays du "sud global" cherchent à remettre en cause l’hégémonie du dollar, mais est-il possible de s’en défaire ?

Par panorama papers
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Avec France culture

C’est une antienne ancienne, répétée en chœur par celles et ceux qui espèrent la fin d’une monnaie hégémonique depuis au moins 1971 : à de nombreuses reprises depuis cinquante ans, nous aurions pu assister à la disposition du dollar comme monnaie de référence.

Aujourd’hui Brésil, Argentine, Arabie Saoudite, Russie et Chine prônent, à des niveaux différents, un début de dédollarisation de l’économie mondiale et pourquoi pas la création, d’ici le mois d’août prochain, d’une monnaie hégémonique alternative au billet vert. Des économistes espèrent en même temps l’invention d’un système monétaire multipolaire qui n’obligerait pas les autres pays à guetter les décisions de la Réserve fédérale à Washington pour ajuster leurs budgets.

Mais si Pékin a commencé à rallier certains des pays du Sud à cette idée, la puissance d’une monnaie internationale ne se décrète pas, elle se constate et se fabrique sur le long terme.

Pour en débattre, Emmanuel Laurentin reçoit Orsola Costantini, économiste, chargée des affaires économiques à la Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le Développement ; Carlos Quenan, professeur d’économie à l’Institut des Hautes Etudes sur l’Amérique Latine – Sorbonne Nouvelle, vice-président de l’Institut des Amériques ; Mary-Françoise Renard, économiste spécialiste de la Chine, professeure à l’Université Clermont-Auvergne.

« Ce sont des discussions anciennes, qu’on présente de deux manières : soit on cherche le conflit et on parle de problème géopolitique d’hégémonie, ou bien on veut la coopération »

Pour Orsola Costantini, le question du dollar va au-delà d’une question de géopolitique, d’hégémonie d’un pays et d’une devise sur des autres : « elle est lié au fait que la gestion de la monnaie, des liquidités, joue un rôle important dans des objectifs économiques très concrets, pour la stabilité financière, le progrès de l’emploi, la redistribution… ». Depuis la fin de la Seconde guerre mondiale, « nous sommes dépendant de ce que fait la Réserve fédérale et les banques centrales des autres grands pays ». Selon elle, c’est un problème : « on manque de pluralisme dans le débat économique, les gouvernements ne sont pas au fait des possibilités de réfléchir autrement que comme le Fonds monétaire international ou la Banque mondiale ». Si ce système garantit la stabilité financière, « la finance est toujours plus déconnectée de l’emploi et des objectifs économiques auxquels nous tenons » explique-t-elle, « il faudrait un nouveau système international qui compense les asymétries en termes de commerce, d’industrialisation, pour les pays qui sont encore en voie de développement : il faut reconnecter le crédit avec l’investissement réel ».

« Les monnaies hégémoniques ont toujours été associées au commerce, aux réserves de changes et à l’utilisation dans les emprunts internationaux »

« Le dollar est dans une position dominante dans les transactions du commerce international et dans les réserves de change des pays » observe Carlos Quenan, « il y a une diminution progressive, mais son poids est toujours majeur […] et la hausse des taux de la Réserve fédérale a des effets sur tout le monde ». Le retour de la rhétorique de la dédollarisation s’explique par la montée en puissance de pays émergents selon lui, « soutenus dans leur approche par la Chine, qui pense vouloir un rôle croissant sur la scène internationale, notamment en participant à la création de structures financières internationales parallèles, comme la banque des BRICS ». Néanmoins, « dédollariser ne dépend pas de la volonté d’un, deux ou trois acteurs » précise-t-il, « un système financier multipolaire est l’affaire de décennies ».

« La question pour la Chine et les pays en développement, c’est : est-ce qu’on a une monnaie régionale, ou est ce qu’on veut domination du yuan ? Est-ce dans l’intérêt des pays émergents ? »

« La Chine annonce dans ses plans l’internationalisation de la monnaie, mais ne fait pas beaucoup de choses en interne pour y parvenir » ajoute Mary-Françoise Renard, « il est difficile d’imaginer un yuan comme monnaie internationale à court terme parce que le système financier chinois ne répond pas aux bonnes conditions ». Les Etats Unis, en revanche, « ont le système financier profond nécessaire, avec une gouvernance claire et transparente, sans discriminations entre nationaux et étrangers » selon elle, ce qui explique cette situation d’hégémonie du dollar. L’initiative des BRICS se donne tout de même pour objectif de présenter une alternative aux pays en développement : « ils veulent montrer aux pays d’Afrique qu’il y a une alternative aux anciennes puissances coloniales et aux Etats-Unis, et que, étant aussi pays du Sud, ils vont développer des relations plus favorables aux pays du Sud ».

Orsola Costantini économiste, chargée des affaires économiques à la Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le Développement.

Carlos Quenan Economiste, professeur à l’IHEAL (Institut des Hautes Etudes de l’Amérique Latine) – Université Paris III, vice-président de l’Institut des Amériques.

Mary-Françoise Renard Economiste, professeure à l’université Clermont-Auvergne, responsable de l’Institut de recherches sur l’économie de la Chine (IDREC).

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