Par Eric Boniface Tchouakeu
Emmanuel Macron a aussi indiqué que les troupes françaises, environ 1500 soldats déployés au Niger officiellement pour aider à lutter contre le terrorisme dans le sahel, devront quitter le pays d’ici la fin d’année, conséquence de la fin de la coopération militaire entre la France et le Niger acté par Paris.
La France après avoir refusé de s’exécuter, a donc fini par céder aux demandes formulées par la junte militaire qui a pris le pouvoir le 26 juillet 2023 à Niamey, en renversant le Président Mohamed Bazoum, élu en avril 2021. C’est en effet depuis plusieurs semaines que le nouveau régime du Général Abdourahamane Tchiani a déclaré l’Ambassadeur de France persona non grata, et réclamé le départ des troupes françaises stationnées du Niger, considérées par les nouvelles autorités, comme des forces impérialistes et néo-colonialistes.
D’ailleurs, le Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie, réagissant à la dernière décision de Paris a notamment déclaré célébrer une « nouvelle étape vers la souveraineté du Niger. »Il convient de relever qu’il était impossible pour la France de ne pas capituler, ou perdre au moins temporairement le bras de fer diplomatique qu’elle avait décidé d’engager avec la junte nigérienne à la suite du coup d’Etat du 26 juillet. Son Ambassadeur au Niger et plusieurs membres de son personnel diplomatique vivaient depuis en quasi « résidence surveillée » dans les locaux de l’Ambassade, car ne pouvant plus se mouvoir même seulement à Niamey la capitale.Cette situation était quasi similaire pour les soldats français sur place, cantonnés dans leur base et qui ne pouvaient plus mener la moindre opération militaire sur terrain.Ces troupes faisaient aussi face à l’hostilité de plus en plus grandissante des populations nigériennes qui ont manifesté à plusieurs reprises pour réclamer leur départ.
Les autorités nigériennes ont aussi signifié à l’Agence pour la Sécurité de la Navigation Aérienne en Afrique (Asecna), le 23 septembre 2023 la restriction de son ciel, précisement l’interdiction de son espace aérien aux « appareils français et ceux affrétés par la France, y compris la flotte d’Air France. »Par ailleurs, Niamey a également interdit son espace aérien aux vols militaires opérationnels et vols spéciaux, sauf autorisation exceptionnelles des autorités.Il y a aussi le quasi abandon par la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), de l’option militaire, un temps brandi, pour chasser les putschistes du pouvoir à Niamey.On ne pourrait également ne pas mentionner la position américaine. Les Etats-Unis qui ont environ 1000 soldats déployés au Niger, ont de manière pragmatique, pris acte des changements intervenus il y a deux mois au sommet de l’Etat à Niamey.
En plus des Etats-Unis, plusieurs autres puissances et pays du monde, sous l’influence de l’opinion publique africaine animée par un sentiment anti français, travaillent déjà sans problème avec les nouvelles autorités nigériennes. Devant une telle réalité,
Paris a donc logiquement choisi de mettre fin au calvaire de certains de ses ressortissants constitués « otages », plutôt que de les maintenir « captifs » au Niger.C’est un choix qui signe au moins en partie et dans le court terme, la défaite politique et diplomatique de la France au Niger et consacre la victoire du nouveau régime, du peuple nigérien et tous les combattants du néo-colonialisme français en Afrique.