Par Arlette Akoumou Nga
Rodrigue Mboumba Bissawou a déclaré qu’internet était un « terrain fertile pour les appels au désordre et à la violence ». Pour stopper ces « dérives », il a annoncé la coupure donc d’Internet sur tout le territoire et jusqu’à nouvel ordre. Quant au couvre-feu, il débutera demain soir à 19h et jusqu’à 6h du matin.
L’opposition a aussitôt réagi. François Ondo Edou a dénoncé des « mesures qui foulent au pied les principes démocratiques ». Le porte-parole de la coalition Alternance 2023 parle de décisions « d’un autre âge » prises par « un pouvoir qui ne veut pas voir la démocratie se développer ».
Retards, manque de matériel électoral…
Ces annonces surviennent après une journée émaillée de problèmes d’organisation. De nombreux bureaux à Libreville et différentes localités du pays ont ouvert avec un retard parfois très important. Absence d’agents électoraux, absence de matériel, de nombreux bureaux sont restés fermés de longues heures, entraînant de files d’attente, incompréhension et agacement chez les électeurs. Certains centres n’ont pas pu ouvrir avant même l’après-midi, et quand le vote a enfin pu commencer, du matériel comme des enveloppes est venu à manquer. Les opérations ont dû être suspendues en certains endroits.
En l’absence d’observateurs internationaux, sans journaliste accrédités, l’organisation de la société civile a déployé un millier de citoyens pour compiler les résultats et signaler les problèmes. Le président de George Mpaga a déploré « le chaos », « le cafouillage », « le manque de préparation » de cette journée qui selon lui « risquent de porter atteinte à l’intégrité » du scrutin.
Accusations de fraudes
Alternance 2023 a critiqué l’organisation, notamment le fait que les bulletins des alliés d’Albert Ondo Ossa, qui avaient pourtant retiré leurs candidatures, étaient bien proposés aux électeurs. La coalition a affirmé que les bulletins de son champion n’étaient également pas disponibles en certains endroits. Albert Ondo Ossa qui a déclaré être « informé des fraudes d’Ali Bongo et de ses partisans. Je n’en ai rien à cirer ! Je ne céderai à aucune pression d’où qu’elles viennent », a déclaré l’ancien ministre après avoir voté dans l’après-midi. Le candidat d’Alternance 2023 estime qu’il a gagné et qu’il attend désormais que le président gabonais reconnaisse sa défaite. « C’est le moment pour Ali Bongo de partir. »
Dans une déclaration lue par son secrétaire général adjoint, Joe Divassa, le Parti démocratique gabonais invite « les acteurs politiques à se garder des déclarations incendiaires susceptibles de créer des actes de violence et de trouble à l’ordre public ».