Par Eric Boniface Tchouakeu
L’ex star du football a notamment déclaré que son parti politique, Congress for Democratic Change, le Congrès pour le Changement Démocratique (Cdc), a perdu l’élection, mais que le Libéria a gagné. « C’est le temps de l’élégance dans la défaite » a aussi déclaré « Mister George », non sans ajouter qu’il a parlé au Président élu, Joseph Boakai pour le féliciter pour sa victoire.
Le Président Weah, 57 ans, a ainsi concédé sa défaite sans attendre la fin du dépouillement des résultats de tous les bureaux de vote, mais après avoir constaté qu’il ne pouvait plus combler son retard d’environ 20.000 voix, accusé sur son adversaire après le dépouillement de 99,98% de bureaux de vote.
Selon les chiffres publiés par la Commission électorale indépendante sur la base de cette proportion, les 65% d’électeurs qui se sont effectivement déplacés sur les 2,4 millions de Libériens qui étaient attendus aux urnes, ont porté leur choix à 50,64 % sur l’ancien Vice-Président d’Ellen Johnson Sirleaf de 2006 à 2018, Joseph Boakai âgé de 78 ans, contre 49,36 % de suffrages pour George Weah.
Dans un tel contexte, le Président sortant battu est à féliciter pour son acte de fair play démocratique.
En effet, avec des résultats aussi serrés, où chaque voix est susceptible de compter et d’avoir toute son influence, George Weah aurait bien pu, comme Président sortant, c’est-à-dire, celui qui détient encore tous les leviers du pouvoir, les contester, au risque de provoquer une crise post-électorale aux conséquences probablement meurtrières.
Mais il ne l’a pas fait et a très vite reconnu sa défaite, parce qu’étant conscient que la campagne pour cette élection avait déjà été émaillée par des violences qui ont fait plusieurs morts dans son pays, qui a connu la guerre civile et une épidémie dévastatrice d’Ebola dans un passé pas lointain.
Il n’a pas non plus cherché à faire modifier les résultats sortis des urnes par la Commission électorale qui a travaillé en toute indépendance.
Dans de nombreux pays Africains, on a observé le contraire se produire, afin de permettre aux Présidents sortant de poursuivre leur séjour à la tête de leurs pays contre vents et marrées : ce qui a provoqué des coups d’Etat militaires comme récemment au Gabon.
George Weah , était aussi Président dans une sous-région d’Afrique de l’Ouest dans laquelle on enregistre plusieurs régimes autocratiques parvenus au pouvoir ces dernières années par l ‘entremise des coups de force, notamment au Mali, en Guinée, au Burkina Faso et au Niger.
En ramant à contre-courant dans cet environnement sous régional, anti-démocratique, « Mister George » qui est déjà entré dans l’histoire comme le premier footballeur Africain à avoir en 1995 remporté le Ballon d’Or du magazine France Football et le titre de Joueur de l’année FIFA, rentre aussi dans l’histoire de la construction de la démocratie dans son pays, et en Afrique.
Bien que figurant au rang des pays parmi les plus pauvres du monde , le Libéria a cependant aujourd’hui des leçons de démocratie à donner à plusieurs pays en Afrique notamment en termes d’élaboration des règles du jeu électoral, de conduite du processus et d’acceptation des résultats des élections.
