Par Léopold DASSI NDJIDJOU
L’ouvrage est structuré sur onze chapitres et examine sans complaisance la pénurie d’eau dans un pays aux potentialités hydrographiques énormes. Paradoxalement, la deuxième potentialité hydrologique en Afrique subsaharienne après la Rdc, a soif. “Douala sans eau, Extrême-Nord sans eau… C’est effrayant”, assène l’auteur avant de souligner que les. maladies hydriques sont très répandues. Tenez! En 2023, dans la commune de Guider, le manque d’eau potable a été à l’origine de 256 cas d’hospitalisation et de 14 décès enregistrés dans les formations sanitaires. Les enfants de moins de 5 ans représentaient 65.23% des hospitalisations. Parmi les autres problèmes, ajoute l’enseignant-auteur,
on peut citer l’absence de fosses d’épuration protégées. Il lève l’équivoque du titre de son ouvrage en précisant que le précieux liquide n’est pas nécessairement “fini” au Cameroun mais sa gestion actuelle est confrontée à des défis importants qui nécessitent des interventions urgentes et coordonnées.
En adoptant des stratégies intégrées et durables, et en mettant en place des politiques efficaces, le Cameroun peut non seulement surmonter les défis présents, mais aussi assurer une gestion durable et équitable de ses ressources en eau pour les générations futures. Le premier chapitre de ce live qui est publié cette année par Generis porté sur la géographie des ressources hydriques au Cameroun (climat du Cameroun, ouverture terrestre et statistiques de l’eau); le deuxième chapitre est consacré à l’évolution de la disponibilité de l’eau au Cameroun (le difficile accès à l’eau potable, des trajets longs et périlleux, et le développement des maladies hydriques); le troisième quant à fait l’inventaire des principales ressources du réseau hydrographique ( la répartition régionale des ressources en eau, les facteurs naturels influençant la disponibilité des ressources en eau). Au chapitre quatrième, Abdoulay Mfewou traite de l’évolution historique de la disponibilité l’eau au Cameroun. Il s’ensuit tour à tour, la question de l’accès à l’eau potable, les défis de la gestion de l’eau au Cameroun, les pressions anthropiques sur les ressources en eau, vulnérabilité et résilience des populations face à l a pénurie d’eau au Cameroun, vers une gestion durable des ressources en eau au Cameroun, les solutions politiques et institutionnelles, et les perspectives pour l’avenir de l’eau au Cameroun. .
Résumé de “L’eau est finie au Cameroun ?”
Le Cameroun est un pays de 30 millions d’habitants, riche en ressources hydriques, mais fait face à une série de défis croissants concernant la gestion de l’eau. Le présent livre examine en profondeur la question de savoir si l’eau est finie au Cameroun, en analysant la disponibilité des ressources, les impacts des changements. environnementaux, et les enjeux liés à l’accès et à la gouvernance de l’eau. Le Cameroun possède un réseau hydrographique diversifié, comprenant des rivières, des lacs et des nappes phréatiques. Avec 250 000 abonnés en milieu urbain, le taux d’accès par branchement individuel ou partagé n’est que de 26% au Cameroun, contre 78% au Sénégal ou 62% en Côte-d’Ivoire. Au Cameroun, l’accès à l’eau potable reste limité, le taux moyen d’accès à l’eau potable est de 77% en milieu urbain et de 45% en milieu rural. C’est un véritable paradoxe, étant donné que le pays dispose d’immenses ressources en eau qui demeurent largement sous exploitées. La répartition de ces ressources est inégale à travers le pays. Le lien insuffisant entre l’électricité et le système de pompage. Les régions comme l’Extrême-Nord souffrent de pénuries sévères, tandis que d’autres zones bénéficient de ressources plus abondantes. Les facteurs naturels tels que le climat, la géologie, et la topographie influencent fortement cette répartition. Les changements climatiques entraînent des modifications dans les régimes de précipitations, augmentant la fréquence des sécheresses et des événements climatiques extrêmes. La croissance démographique de 2,6% de variation annuelle et l’urbanisation rapide augmentent la demande en eau, exacerbant les problèmes d’approvisionnement. La déforestation et la dégradation des bassins versants contribuent également à la raréfaction des ressources en eau. L’accès à l’eau potable est inégal au Cameroun, avec des disparités marquées entre les zones urbaines et rurales. Les infrastructures d’approvisionnement en eau sont souvent insuffisantes, ce qui entraîne des conséquences sanitaires importantes pour les populations, notamment des maladies liées à l’eau. La gestion des ressources en eau est affectée par des politiques publiques souvent incomplètes et par des défis institutionnels. Les réformes politiques et le renforcement des capacités institutionnelles sont nécessaires pour améliorer la coordination entre les différents acteurs et mettre en place des cadres réglementaires efficaces. Les activités humaines telles que l’agriculture, l’exploitation minière, et l’industrie ont des impacts significatifs sur la qualité et la quantité de l’eau. La pollution des cours d’eau et les conflits autour des ressources en eau sont des problèmes majeurs qui nécessitent des interventions pour promouvoir des pratiques durables et réduire les pressions anthropiques. Les populations les plus vulnérables, telles que celles de l’Extrême-Nord et de Douala, développent des stratégies d’adaptation pour faire face à la pénurie d’eau.
Les impacts socio-économiques et environnementaux de cette pénurie soulignent l’importance de renforcer la résilience des communautés. Le Cameroun peut surmonter ces défis en adoptant des approches techniques et technologiques innovantes, en réformant les politiques de gestion de l’eau, et en engageant les parties prenantes dans des efforts concertés. La mise en place de solutions durables et l’amélioration de la gouvernance sont cruciales pour assurer une gestion équitable et efficace des ressources en eau. Bien que l’eau ne soit pas nécessairement “finie” au Cameroun, des efforts considérables sont nécessaires pour améliorer la gestion des ressources en eau, garantir l’accès équitable à l’eau potable, et répondre aux défis liés aux changements climatiques et aux pressions anthropiques. La voie vers une gestion durable de l’eau repose sur l’innovation, la réforme institutionnelle, et une coopération renforcée entre les différents acteurs. Yaoundé et ses environs avec 300 000 m3/j d’eau potable qui s’inscrivent dans une politique des Grandes opportunités.
Sur l’auteur
Abdoulay Mfewou est professeur en dynamique comparée des sociétés en développement de l’université de Paris cité (Cessma), Hdr. post-doctorat en dynamique des populations à l’institut de démographique (Idup) de la Sorbonne Paris 1. Il est par ailleurs Ingénieur agronome et enseignant à l’université de Dschang au Cameroun.
Migrations, dynamiques agricoles et problèmes fonciers dans le Nord Cameroun; Démocratie en Afrique? Yes we can?;; Ville sans lumière Dschang -Cameroun, Nouvelle monnaie et développement sont les ouvrages publiés par Abdoulay Mfeuwou.