Par Sasha Blanche, Avec Afp
Dina Boluarte, qui a remplacé en décembre Pedro Castillo, destitué par le Parlement, a comparu pendant près d’une heure et demie pour répondre à
«l’enquête sur les décès de citoyens survenus lors des mobilisations sociales de décembre 2022 et janvier 2023».
a indiqué le Parquet.
La présidence a indiqué sur Twitter, sans plus de détails, que Dina Boluarte «a fait des déclarations concernant les enquêtes»
La présidente de 60 ans est arrivée au Palais de justice souriante, lourdement escortée, selon des images partagées sur les réseaux sociaux par le Parquet. Aucun rassemblement de partisans ou d’opposant Dina Mme Boluarte «veut aider à la découverte de la vérité», avait déclaré son avocate Kelly Montenegro au journal El Comercio.
Une audition d’une heure a eu lieu mardi matin dans les bâtiments du Ministère public, à Lima. Les déclarations de la présidente Dina Boluarte ne sont pas connues pour le moment.
L’enquête vise à déterminer ses responsabilités concernant les morts et les blessés lors des manifestations de décembre et janvier. Les médias locaux et les organisations de droits de l’homme affirment que la plupart des manifestants tués l’ont été par des armes à feu de la police ou de l’armée.
Dina Boluarte n’est pas la seule visée par cette enquête. Le Premier ministre Alberto Otárola doit lui aussi répondre des chefs d’accusation de génocide, homicide et blessures graves. D’après ses déclarations à la justice la semaine dernière, ni Dina Boluarte ni aucun membre du gouvernement n’auraient donné l’ordre de tirer sur les manifestants. Il renvoie la responsabilité sur l’armée et la police nationale.
Quatre autres ex ou actuels ministres doivent également être entendus. D’après plusieurs experts, il est improbable que l’accusation de génocide débouche sur une condamnation. Pour les accusations d’homicides et de blessures graves, la peine encourue s’élève à 15, voire 20 ans de prison.
Le Pérou est empêtré dans une grave crise politique et sociale qui a éclaté le 7 décembre avec l’éviction et l’incarcération de l’ancien président de gauche, remplacé par sa vice-présidente. Pedro Castillo, 53 ans, est accusé d’avoir tenté un coup d’État en voulant dissoudre l’Assemblée qui s’apprêtait à le chasser du pouvoir. Dans une audience distincte, l’ex-président a comparu mardi après la demande du ministère public de prolonger sa détention provisoire de 18 à 36 mois.
Le Parquet souhaite ajouter les charges d’«organisation criminelle, collusion et trafic d’influence» à celle de «rébellion» et «conspiration» déjà retenues. «Je nie fermement et catégoriquement être responsable et faire partie d’un réseau criminel», a déclaré Pedro Castillo lors de l’audience virtuelle. «Le seul crime que j’ai commis a été de servir mon pays en tant que président de la République», a ajouté l’ancien chef de l’État, qui dit se sentir «kidnappé».
Sa chute après 17 mois à la tête du pays a déclenché de violents affrontements entre manifestants le soutenant et forces de l’ordre. Outre la démission de Dina Boluarte, les protestataires exigent la dissolution du Parlement et la tenue d’élections anticipées en 2023.