Par Arlette Akoumou Nga
Selon un article publié le 11 novembre sur iRozhlas, site de la radio publique tchèque, les poursuites pénales à l’encontre de ceux exprimant un soutien envers l’opération militaire russe en Ukraine se sont «à nouveau multipliées». Depuis février 2022, «des centaines de plaintes» ont été traitées selon un porte-parole de la police. Le nombre d’affaires pénales ouvertes pour soutien public à la Russie s’élève à 384 et, toujours selon cette source, déjà 99 personnes auraient été inculpées. Dès le 26 février 2022, 48 heures après le début de l’offensive russe en Ukraine, le procureur général tchèque indiquait qu’il était pénalement répréhensible de donner «publiquement (y compris lors de manifestations, sur Internet ou sur les réseaux sociaux) son approbation des attaques de la Fédération de Russie contre l’Ukraine, les accepter ou de les soutenir ».
A cela s’ajoutait le «soutien» ou «l’éloge des principaux représentants de la Fédération de Russie». Accusé de «nier, remettre en question, approuver et justifier un génocide», un jeune manifestant arborant un sigle «Z» ainsi qu’un logo de la société militaire privée Wagner sur sa veste lors d’une manifestation antigouvernementale en mars à Prague ainsi été condamné à six mois de prison avec sursis, écopant d’une amende d’environs 500 euros (12 000 couronnes) et d’une interdiction de se rendre dans la capitale tchèque durant un an. Même son de cloche pour une enseignante qui avait déclaré à ses élèves que des «groupes nazis ukrainiens» tuaient des Russes dans le Donbass depuis 2014.
Licenciée par son établissement, elle s’est retrouvée dans le collimateur de la justice avant toutefois d’être acquittée fin juin. Les Russes devraient être «beaucoup plus surveillés», estime le président tchèque Depuis le début du conflit en Ukraine, les autorités tchèques ont pris fait et cause pour Kiev. Lors d’une interview mi-juin accordée à Radio Free Europe / Radio Liberty, média financé par le Congrès des Etats-Unis, le président tchèque avait estimé qu’à l’aune de ce conflit les Russes résidant dans les pays occidentaux devaient faire l’objet de mesures de sécurité «plus strictes qu’en temps normal» et être «surveillés bien plus que par le passé». Le chef de l’État tchèque Petr Pavel, ancien chef d’état-major de l’armée tchèque (2012-2015) et président du comité militaire de l’Otan (2015-2018), avait noté qu’aux Etats-Unis les Américains d’origine japonaise avaient fait l’objet d’«un régime de surveillance strict également» durant la Seconde guerre mondiale. Une allusion aux 110 000 américains d’origine nippone qui, par mesure de précaution, furent incarcérés dans des camps à partir de 1942 sur ordre de Roosevelt.