Accueil PolitiqueAfrique Sénégal > Ousmane Sonko: La tension monte avant le procès pour diffamation de l’opposant

Sénégal > Ousmane Sonko: La tension monte avant le procès pour diffamation de l’opposant

Des heurts entre manifestants et forces de l’ordre ont eu lieu dans plusieurs banlieues de la capitale et en province, mercredi, à la veille de l’audience. Le leader de l’opposition dénonce « un complot » du président Macky Sall.

Par panorama papers
0 commentaire 6,9K vues

Par Sandra Embollo

Du pouvoir du président Macky Sall ou de l’opposant Ousmane Sonko, on ne sait qui avait le plus de craintes ces dernières heures à Dakar. Alors que doit s’ouvrir le procès du second, jeudi 16 mars dans la matinée, les deux camps étaient à cran. Chacun se prépare à débuter un face-à-face décisif en vue de la présidentielle prévue dans moins d’un an, le 25 février 2024.

Jusque tard dans la soirée de mercredi, les déflagrations des grenades de désencerclement et des tirs de gaz lacrymogènes ont résonné Cité Keur Gorgui, le quartier de Dakar où vit Ousmane Sonko. Des heurts entre manifestants et forces de l’ordre ont eu lieu dans plusieurs banlieues de la capitale comme Keur Massar et en province, dont la ville sainte de Touba. La coalition de la majorité présidentielle Benno Bokk Yaakar a accusé l’opposition d’être « irresponsable » et de chercher à « déstabiliser les institutions ».

Les forces de l’ordre étaient décidées à empêcher tout rassemblement des sympathisants de d’Ousmane Sonko, qui a fait de la mobilisation de la rue sa principale arme. Dès le début de la journée de mercredi, c’est autour du domicile de l’opposant que se cristallisaient les tensions, alors que des policiers lourdement équipés s’étaient déployés dès la matinée, empêchant quiconque d’entrer ou de sortir.

Pas question pour les forces de l’ordre de permettre une nouvelle démonstration de force. La veille, Ousmane Sonko était encore parvenu à réunir des dizaines de milliers de militants, qui, malgré l’attente, l’avaient accueilli comme une « idole » lorsqu’il était monté sur la scène d’un« giga meeting »de l’opposition aux Parcelles-Assainies, l’un des quartiers les plus peuplées de la capitale sénégalaise. Devant une foule largement composée de jeunes urbains, qui constituent sa base électorale, il avait mis en garde les magistrats « instrumentalisés par Macky Sall » les invitant à « respecter la loi du peuple » et à ne pas participer à une stratégie qu’il qualifie de tentative de « liquidation politique “.

Ce 16 mars, le candidat à la présidentielle de 2024 joue son avenir politique. Il est attendu devant le tribunal correctionnel de Dakar dans un procès pour diffamation intenté par Mame Mbaye Niang, le ministre du tourisme, qu’il a accusé de détournement de fonds.

L’audience s’est ouverte une première fois il y a un mois avant d’être reportée. Déjà, Dakar avait été le théâtre d’une forte mobilisation et d’une vive tension. L’opposant avait été ramené chez lui par des policiers qui avaient brisé la vitre de sa voiture, une scène diffusée en direct sur les réseaux sociaux.

Une autre affaire pèse sur Ousmane Sonko, par ailleurs maire de Ziguinchor, la grande ville de Casamance. Celui-ci est accusé de « viols et menaces de mort » par Adji Sarr, l’employée du salon de massage Sweet Beauty qu’il avait l’habitude de fréquenter pour ses maux de dos. S’il est condamné à plus de trois mois d’emprisonnement ferme ou à plus de six mois avec sursis dans l’un de ces dossiers, le code électoral prévoit l’inéligibilité. Ousmane Sonko sera alors définitivement écarté de la course à la présidentielle.

Loin de l’avoir handicapé, ces multiples affaires judiciaires ont fait du principal opposant au camp du chef de l’Etat un martyr aux yeux de ses partisans. 

« C’est un complot, une affaire strictement politique, instrumentalisée par le pouvoir de Macky Sall dans le dessein exclusif d’écarter un candidat qui, de loin, semble être un des mieux placés pour remporter la prochaine élection présidentielle ».

a déclaré M. Sonko lui-même.

Il a pour argument la mise hors-jeu par le passé d’anciens adversaires du président Macky Sall. Karim Wade, le fils de l’ancien président Abdoulaye Wade, a été disqualifié après avoir été condamné, en 2015, à six ans de prison ferme pour enrichissement illicite. Khalifa Sall (aucun lien de parenté avec le président) a été condamné à cinq ans de prison en 2018 pour détournements de fonds lorsqu’il était maire de Dakar et son incarcération a mis fin à ses rêves de candidature à la présidentielle de 2019.

« Ousmane Sonko ne doit pas être la troisième victime de Macky Sall », a martelé M. Sonko lors du meeting du 14 mars. « Je suis candidat et mon “frère” Khalifa Sall, que Macky Sall a empêché d’être candidat en 2019, sera candidat lui aussi parce que nous ne permettrons plus à Macky Sall de choisir les candidats à l’élection présidentielle »

a-t-il averti.

Il souhaite imposer « la candidature de tous les leaders de l’opposition ».

Quasiment inconnu du grand public il y a sept ans, cet ancien inspecteur des impôts a eu la trajectoire d’une comète politique depuis sa radiation de la fonction publique en 2016. Le décret présidentiel reprochait alors à l’ex-brillant élève sorti major de l’Ecole nationale d’administration sénégalaise d’avoir manqué à « l’obligation de discrétion professionnelle » en ayant créé le premier syndicat au sein de son institution.

Cette signature de Macky Sall s’est révélée être un accélérateur de carrière politique. D’abord élu député, le président des Patriotes du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef) arrive troisième lors de la présidentielle de 2019. Il poursuit son ascension en prenant la mairie de Ziguinchor lors des municipales de janvier 2022. Même s’il n’occupe aucun poste de direction officielle au sein de la coalition Yewwi Askan Wi, il s’impose alors comme le leader de l’opposition.

Avec son verbe direct et son idéologie souverainiste, Ousmane Sonko détonne et séduit dans un paysage politique qui a du mal à se renouveler. Il revendique son panafricanisme et son patriotisme. Il prône une sortie progressive du franc Cfa et tourne le dos aux Occidentaux, France en tête, suscitant l’inquiétude de certaines chancelleries. « Cette opposition n’espère trouver son salut que dans l’invective, les injures, la fuite en avant et la manipulation », dénonçait ces derniers jours la coalition présidentielle.

Macky Sall suspecté de vouloir briguer un troisième mandat

Une rupture de style et de fond qui déstabilisent au sommet de l’Etat sénégalais mais aussi au sein d’une opposition habituée à un plus grand classicisme.

Subscribe
Notify of
guest

0 Comments
Inline Feedbacks
View all comments

à Lire Aussi

About Us / QUI SOMMES NOUS

As its name suggests, Panorama papers is a general information site which covers most of the world’s news in broad terms. We also have a YouTube channel where you will find great interviews and other current videos. Panorama papers is a PANORAMA GROUP LLC product. We work with our own means (without sponsors), to provide you with free and credible information.

US CONTACT

  1. 13384 Marrywood Court, Milton, Georgia 30004, United States of America;
  2. Email:  info@panoramapapers.com
  3. Tel.: +17707561762, +17035012817 
  4. Africa Office BP. 35435 Yaoundé-Bastos, Cameroon (+237) 699460010

SILICON VALLEY 237 APPELEZ VITE

© Copyright 2022 – PANORAMA GROUP LLC  All rights reserved. Deasigned by Adama Fofere Namen

0
Cliquez pour commenterx
()
x