Par Mon’Esse
La résiliation du contrat de partenariat public-privé (PPP) conclu avec le groupement français Fayat (Razel Bec) et Egis (Egis Projects) pour la construction et l’exploitation de 14 péages automatiques, décidée par le gouvernement camerounais, pourrait conduire à de nombreux problèmes susceptibles d’affecter le pouvoir de Yaoundé, selon des spécialistes.
C’est une décision malheureuse, car semblant unilatérale, non fondée et relever finalement du fait du prince, mentionne le patron d’un bureau d’études et de conseils en bâtiment et travaux publics Samuel Billong.
Pour lui, dont le cabinet a mené des études approfondies sur ce contrat, la communication du ministre des Travaux publics, Emmanuel Nganou Djoumessi auxdits partenaires, met le gouvernement et l’Etat en difficultés, cette décision étant «aussi malheureuse parce qu’il est trop tard».
Dans tous les cas, déclare M. Billon dans les colonnes du confrère local EcoMatin, le gouvernement devrait apporter des éclaircissements sur cette mutation contractuelle en prenant des mesures pour prévenir une éventuelle demande d’indemnisation intégrale de l’entité créée Tollcam.
Dénonçant «un vrai tour de prestidigitation» pour faire passer une vaste tentative de détournement, le fondateur du cabinet 3F&B, convaincu que «le projet a été largement surfacturé de 6 à 7 fois», a déposé une plainte en bonne et due forme auprès de la Commission nationale anti-corruption (Conac).
«On ne peut pas dire que le Cameroun a été floué. C’est en conscience que les Camerounais, ministres et hauts fonctionnaires impliqués dans ce projet, ont agi en complicité avec des opérateurs privés. Ils ne devraient plus être là pour permettre aux autorités judiciaires de mener sereinement les investigations sur cette tentative de détournement des fonds publics d’autant plus que ce serait dramatique, pour l’image du pays, de laisser penser que l’Etat a abusé d’un opérateur privé en annulant unilatéralement son contrat PPP. C’est ce que laisse penser malheureusement la correspondance du ministre des Travaux publics.»
Dans le cadre de cette prestation, Proparco, une filiale de l’Agence française de développement (AFD) et l’Agence multilatérale de garantie des investissements (Miga), membre du groupe de la Banque mondiale, s’étaient jadis retirés du projet, objet d’un contrat de PPP signé le 18 mai 2020 entre l’Etat du Cameroun et Tollcam Partenariat SAS, qui s’étant engagé à investir 34,752 milliards de francs Cfa dans l’affaire.
Derrière le fameux Tollcam, jusque-là inconnu dans les milieux d’affaires du pays, se cachent l’entreprise Razel-Bec et, surtout, Egis international, la maison mère d’Egis-Cameroun. Le pot aux roses sera révélé par un opérateur sud-africain, Intertoll Africa Limited, localement représenté par Smart Tech, qui était arrivé en 2ème position dans les résultats de l’appel d’offres.
En face, l’Etat, à travers le Mintp Nganou Djoumessi et pour des raisons demeurées inconnues à ce jour, venait pourtant, pour le même objet, de débourser plus de 2,150 milliards de francs Cfa en faveur d’Egis-Cameroun. D’où le conflit d’intérêts dénoncé par Smart Tech.
À en croire d’autres spécialistes de la chose, le Cameroun ne dispose pas encore d’outils permettant, par exemple de relier une boîte postale à chaque plaque d’immatriculation, facilitant ainsi les procédures de paiement volontaire ou de contrainte.
Or, à quelques jours du début du fonctionnement des premiers postes, ce sont des individus qui s’affairent autour des postes censés fonctionner sans personnels physiques.