Par Sandra Embollo
Les Vénézuéliens ont présenté des preuves irréfutables de leur désir d’une alternative à la présidence de Nicolás Maduro qui a duré dix ans et en crise, en envahissant dimanche les centres de vote installés pour les élections primaires organisées par l’opposition du pays et en montrant un soutien écrasant à María, critique de longue date du gouvernement. Corina Machado. Machado s’est déclarée gagnante tôt lundi après que la Commission primaire nationale indépendante, qui a organisé la primaire, ait publié des résultats préliminaires la montrant en tête avec plus de 90 % de soutien. Les alliés de Maduro, qui avaient ridiculisé et minimisé la primaire, sont restés visiblement silencieux tout au long du jour du scrutin, mais quelques heures après que leur ennemi a revendiqué la victoire, la télévision d’État a présenté le scrutin comme une « farce électorale ». Mais cette évaluation est loin de la réalité.
Les Vénézuéliens, dans leur pays et ailleurs, se sont rassemblés dans les centres de vote, ont bravé les conditions météorologiques et ont attendu des heures pour pouvoir voter. Ils ont téléchargé des applications pour contourner la censure sur Internet et se sont entraidés pour trouver leur centre de vote. Ils portaient des parapluies, des tabourets pliants et du café pour faciliter l’attente et des drapeaux pour ajouter une touche patriotique à l’événement. Dans les quartiers de la capitale, Caracas, y compris dans certaines zones à faible revenu autrefois considérées comme des bastions du parti au pouvoir, les électeurs sont restés dans la file malgré une tempête de pluie qui les a laissés trempés. Ils s’appuyaient contre les bâtiments ou se tenaient sous des chapiteaux pour tenter d’éviter la pluie.
La Commission nationale primaire, qui a organisé les primaires, a imputé à la censure sur Internet le fait de n’avoir pu publier qu’un seul ensemble de premiers résultats longtemps après la fermeture des bureaux de vote. Les organisateurs ont déclaré que sur les 601 110 premiers bulletins dépouillés, environ 93 % ont choisi Machado, qui s’était présenté comme l’un des favoris. Les organisateurs n’ont donné aucune indication sur le nombre total de personnes ayant voté. Ils devaient publier des résultats supplémentaires lundi après-midi. “Aujourd’hui, des forces très puissantes se sont déchaînées”, a déclaré Machado à ses partisans rassemblés devant son siège de campagne dans la capitale, Caracas. “Aujourd’hui, nous avons montré ce dont nous étions capables face à tous les obstacles, face à toutes les dérives.” La tenue de la première primaire présidentielle au Venezuela depuis 2012 a nécessité la collaboration d’une opposition profondément divisée. Les Vénézuéliens, à leur tour, se sont présentés dans les centres de vote à l’intérieur et à l’extérieur de leur pays pour que cela compte, faisant la queue avec enthousiasme pendant des heures malgré le soleil brûlant et les pluies torrentielles.
Machado, partisan des politiques économiques de libre marché, est un critique de longue date du Parti socialiste unifié du Venezuela au pouvoir. Elle a maintenu un profil quelque peu bas pendant des années, mais a dominé la campagne primaire en se connectant avec les mêmes électeurs qu’elle avait constamment exhortés à boycotter les élections précédentes. L’élection présidentielle devrait être prévue pour le second semestre 2024. Maduro cherche à prolonger sa présidence jusqu’en 2030, ce qui dépasserait la période pendant laquelle Hugo Chávez, son mentor, a gouverné et établi sa politique socialiste autoproclamée. Maduro et une faction d’opposition soutenue par le gouvernement américain ont convenu la semaine dernière de travailler ensemble sur les conditions de base de la course à la présidentielle. Cela a incité le gouvernement à libérer six prisonniers politiques et l’administration Biden à lever les principales sanctions économiques.
Dans le cadre de cet accord, l’administration de Maduro et l’opposition sont censées « reconnaître et respecter le droit de chaque acteur politique de sélectionner » librement un candidat à la présidentielle. Si les organisateurs déclarent Machado vainqueur de la primaire, l’attention se portera alors sur Maduro pour voir si le gouvernement annule son interdiction de briguer des fonctions publiques. En juin, le gouvernement a rendu une décision administrative interdisant à Machado de se présenter, alléguant des fraudes et des violations fiscales et l’accusant de rechercher les sanctions économiques que les États-Unis ont imposées au Venezuela au cours de la dernière décennie.
Les États-Unis, retenant la menace de nouvelles sanctions, ont donné au Venezuela jusqu’à la fin novembre pour établir un processus permettant de réintégrer rapidement tous les candidats. “Les gens savent que nous n’avons aucune garantie que le vainqueur de cette élection pourra accéder à l’élection présidentielle, mais nous continuons d’essayer”, a déclaré María de los Ángeles León, 31 ans, coordinatrice du bureau de vote de Mexico.
