Par Sandra Embollo
Sur le pont international Santa Fe, où les drapeaux mexicain et américain marquent la frontière entre les villes de Ciudad Juarez (Mexique) et d’El Paso (Etats-Unis, Texas), des migrants en file, dossier à la main, attendent d’être reçus par les autorités étatsuniennes, lundi 15 mai. Ils ont obtenu ce rendez-vous si convoité sur l’application mobile CBP One, le système mis en place par les Etats-Unis pour centraliser les demandes d’asile. A la sortie du pont, côté américain, Maria Fazio saute de joie et appelle immédiatement sa mère au Guatemala : « Maman, j’y suis, tout va bien. » A 22 ans, elle s’est lancée seule dans la traversée du Mexique, avec pour objectif les Etats-Unis, et vient d’atteindre son but.
Elle est donc entrée légalement sur le territoire américain, mais, pour y rester, elle devra présenter un passeport et le nom d’une personne qui se porte garante. Maria ne possède aucun des deux documents, et sa demande d’asile sera probablement rejetée. Mais elle n’y pense pas pour l’instant et cherche plutôt une place au refuge situé dans une rue voisine, où l’on perçoit déjà un brouhaha en espagnol.
Les locaux de l’église du Sacré-Cœur qui accueillent les migrants sont de nouveau pleins. Quelque 200 personnes, en majorité de jeunes Vénézuéliens, sont assises sur un muret ; des familles se sont installées plus loin, par terre, sur les cartons et les couvertures que vient de distribuer la Croix-Rouge américaine. Des toilettes chimiques barrent la rue et les plus jeunes jouent au ballon. « Elle est bien bonne, cette partie, après tout ça ! », dit en riant le Colombien Eduardo Viloris. « Ce qui les attend, c’est l’expulsion »