Par Sandra Embollo
Le dirigeant houthi, Abdul-Malik al-Houthi, a directement menacé les États-Unis, qui ont décidé de créer une coalition internationale en mer Rouge pour y stopper les attaques des rebelles yéménites. Dans une allocution de plus d’une heure le 20 décembre, le chef de la milice yéménite en tenue traditionnelle, avec le janbiya (poignard local) à la ceinture, a adressé des avertissements à peine voilés à Washington.
Si les États-Unis venaient à cibler le territoire yéménite, «nous ne resterons pas les bras croisés», a-t-il averti, en menaçant de frapper les cuirassés américains. À ses yeux, cette coalition multinationale pilotée par les États-Unis est «un service exclusivement rendu à Israël et non à la navigation internationale». Abdul-Malik al-Houthi a de surcroît critiqué la position arabo-musulmane, qu’il a trouvée «faible et tiède». Les Houthis demandent aux Arabes de ne pas s’immiscer dans le conflit Même son de cloche de la part du porte-parole du mouvement, Yahya Saree. Dans un message publié sur la plateforme X (anciennement Twitter) le même jour, il a fait savoir aux Américains qu’ils feraient «face à quelque chose de plus dur» que ce qu’ils ont connu au Vietnam ou en Afghanistan s’ils intervenaient au Yémen et que les États-Unis devraient faire «face à un peuple tout entier et non à un groupe spécifique».
Le porte-parole des Houthis s’en est également pris aux pays arabes qui souhaitent intégrer officieusement cette coalition maritime en mer Rouge. «Nous demandons à tous les pays arabes de s’arrêter, de regarder et de laisser les Américains et les Israéliens entrer dans une guerre directe avec nous», a déclaré Yahya Saree, toujours sur X. «Nous demandons aux pays arabes de nous laisser en guerre directe avec les ennemis israéliens et américains, et s’ils veulent danser, qu’ils dansent, mais ne participent pas militairement ou financièrement à leurs côtés», a-t-il ajouté. Officiellement, seul Bahreïn fait partie de la coalition Prosperity Guardian, annoncée le 18 décembre par Lloyd Austin, le secrétaire à la Défense des États-Unis. Cette coalition maritime, comprenant également le Royaume-Uni, le Canada, la France, l’Italie, les Pays-Bas, la Norvège, les Seychelles et l’Espagne, vise à stopper les attaques houthies sur les cargos en mer Rouge. Dans la foulée de cette annonce du chef du Pentagone, les Houthis avaient déclaré à la presse américaine qu’ils continueraient leurs «opérations militaires» en mer Rouge. Depuis que les rebelles yéménites multiplient leurs opérations dans le golfe de Bab el-Mandeb, les grandes compagnies de transport ont fait savoir le 16 décembre qu’elles n’emprunteraient plus le canal de Suez «jusqu’à nouvel ordre».